A contre-courant de la tendance hexagonale, l’Eure-et-Loir a connu en 2023 des attaques de jaunisse sur près des deux tiers de ses exploitations betteravières. Les agriculteurs vont pouvoir solliciter un dispositif d’indemnisation à partir du 18 mars.
Lors la crise sanitaire de 2020, la région Centre-Val de Loire avait été la plus touchée par les attaques du virus de la jaunisse. La maladie véhiculée par les pucerons avait réduit à néant 50% des plantations principalement situées dans le Loir-et-Cher et en Eure-et-Loir.
Quatre ans après le déclenchement d’un plan de sauvetage de la filière, le bassin sucrier de Beauce est toujours sujet aux infestations, bien plus qu’ailleurs en France selon le ministère de l'Agriculture, où seules 1 à 3 % des surfaces ont été endommagées en 2023.
Pourtant, en Centre-Val de Loire comme dans les autres grandes régions betteravières (Hauts-de-France, Ile-de-France, Normandie, Grand Est), des actions sont menées pour prévenir de la jaunisse : la surveillance des cultures tôt dans la saison, l’arrachage systématique des plants malades couplé à des traitements phytosanitaires (alternatifs aux néonécotinoides, ils sont interdits depuis 2022)… En Eure-et-Loir, "ces actions n’ont pas agi comme attendues, sans que l’on en comprenne les raisons pour le moment" commente Henri Havard, délégué interministériel pour la filière Sucre.
Nouvelles indemnisations prévues
Pour soutenir les betteraviers qui ont perdu tout ou partie de leur récolte 2023, le ministère de l’Agriculture a acté le principe de nouvelles indemnisations (à hauteur de 41 € la tonne environ) auxquelles les agriculteurs pourront prétendre à compter du 18 mars. "Son versement est prévu à l’été au plus tard" précise M.Havard.
"Après la nouvelle interdiction d’utiliser des néonécotinoides en 2023, le ministère s’était engagé à financer les pertes des exploitations. Dont acte." réagit Alexandre Pelé, Président de la Fédération des planteurs de betteraves du Centre-val de Loire.
Eradication de la jaunisse : les expérimentations se poursuivent
Parallèlement au sauvetage de la filière, des recherches sont menées depuis trois ans autour de solutions alternatives aux produits phytosanitaires : l’installation de plantes repoussoirs ou captives des pucerons dans les champs de betteraves, la mise en place de colonies de coccinelles, prédatrices des pucerons… La toute dernière innovation, portée par une start-up, consiste à épandre des granulés odorants fabriqués à base de phéromones, véritables répulsifs qui perturbent le comportement de l’insecte.
"Ces alternatives font leur preuve sous serre, mais en plein champ leur taux d’efficacité se situe entre 25 et 50%, en fonction des territoires." précise M.Pelé, représentant de la filière au Comité national de la Recherche et de l’Innovation.
"La vraie piste d’avenir réside dans la création d’une nouvelle variété résistante". confesse M.Pelé. Mais le temps de la recherche génétique est long et il faudra attendre sans doute encore plusieurs saisons avant de découvrir cette "nouvelle "betterave. Alors que le temps presse, le changement climatique rend les hivers plus doux, une douceur favorable au développement du puceron, avide de lsève de betterave.