C’est un concours national original, auquel la région Centre-Val de Loire s’associe depuis maintenant trois ans. Il permet de valoriser des métiers, et surtout de les faire découvrir aux jeunes, en leur permettant de les filmer dans une vidéo de 3 minutes, encadrés par des animateurs et des enseignants.
"Je filme le métier qui me plaît". Le titre résume à lui seul l’ambition de ce projet, lancé il y a une quinzaine d’années maintenant par Anne et Éric Fournier, fondateurs d'Euro France Médias, sous le haut patronage du ministère de l’Education Nationale, de la jeunesse et des Sports, du ministère de l’Enseignement Supérieur, de la recherche et de l’Innovation et du ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion.
Son but ? Faire découvrir des métiers par le biais d’une vidéo de 3 minutes filmée par des jeunes eux-mêmes, scolaires ou en insertion, encadrés par des enseignants ou des animateurs, pour mettre en scène un métier qui les intéresse. Le concours se clôture par une remise des prix, qui aura lieu en mai 2022 au Grand Rex à Paris, par un jury composé de nombreuses célébrités et présidé par Dany Boon.
Une expérience unique qui permet aux jeunes de découvrir leurs talents et compétences
C’est un véritable travail de création auquel les jeunes se trouvent confrontés. Il faut imaginer un scénario, réaliser une enquête, tourner les images, enregistrer le son et choisir le montage. Autant d’étapes réalisées par les jeunes.
Ce qui leur permet de découvrir chez eux des ressources insoupçonnées, des talents cachés, et des compétences nouvelles. Sans oublier les éventuelles récompenses, puisque le concours comporte, rien qu’au niveau régional trois catégories : le métier le mieux représenté, la meilleure réalisation, sans oublier le prix spécial du public.
Chaque année, sept équipes de jeunes de la région engagées dans le concours sont ainsi déclarés lauréats régionaux.
La région Centre-Val de Loire engagée dans ce projet
Depuis trois ans, la Région participe à cette opération afin de valoriser les métiers tout en aidant les jeunes dans leur orientation. Jean-Patrick Gille, Vice-Président à la formation et à l’orientation, nous explique pourquoi. "Ça s’inscrit dans la démarche d’orientation, vous savez que la région a maintenant la responsabilité de l’information sur les orientations scolaires et tous publics".
L’enjeu, au-delà des forums et des salons que nous organisons, c’est de faire découvrir les métiers au travers les gestes et les témoignages de ceux qui les pratiquent.
Jean-Patrick Gille
Une démarche qui commence à faire des émules auprès des établissements qui accueillent des jeunes. L’an dernier, 250 participants ont été jusqu’au bout du projet et ont présenté leurs vidéos, réalisées sous la responsabilité d’enseignants ou d’animateurs de leur établissement.
Matthieu Vallée qui supervise ce projet à la région nous explique que "cette année, une trentaine d’établissements vont concourir au moins. L’an passé une quarantaine avait déclaré leur intention, mais au final, à cause du Covid, nous n’avons eu qu’une vingtaine de films achevés, tous les projets n’ont pas pu être menés à bien".
Dès la clôture des inscriptions qui intervient le 17 janvier 2022, les équipe ont jusqu’à fin mars pour mener à bien leur œuvre. Ensuite, le jury régional visionnera tous les films. Si tout se passe comme l’espère Matthieu Vallée, la remise des récompenses devrait se faire pour la première fois dans l’hémicycle du Conseil régional le 20 mai prochain. "On va essayer de faire un événement de cette remise des prix, bien sûr en tenant compte de l’évolution de l’épidémie à cette date".
La Région s’est distinguée pour l’édition 2021 en décrochant deux prix nationaux
Le BTP CFA du Loir-et-Cher à Blois s’est lancé pour la première fois dans l’aventure. Avec brio puisque les deux équipes engagées ont raflé les deux premières places nationales, remportant le Clap d’Or et d’Argent, après avoir également remporté des récompenses régionales.
C’est une enseignante de PSE (Prévention Santé Environnement) Anaïs Gunther, qui a supervisé les deux groupes, l’un d’apprentis en ferronnerie, l’autre en charpente. Tout le monde s’est lancé dans l’aventure sans aucune expérience, mais avec succès. Aujourd’hui, Anaïs nous confie que cette période a été enrichissante pour tous.
D’autant que les deux groupes ont remporté en plus des titres nationaux, trois titres régionaux, "Pour une première participation, avec deux groupes, c’était quand même pas mal" reconnait-elle dans un éclat de rire. "Je ne connaissais pas du tout le concours avant, j’étais seule à l’initiative du projet, et après, ce sont les apprentis qui ont fait tout le boulot. Ce sont des groupes qui ont déjà un ou deux CAP dans leurs poches, voir un BP, et cela nous a permis aussi de faire autre chose en cours".
En fait, chaque groupe a choisi le métier pour lequel ils travaillaient en formation. "On est parti du constat partagé que quand on est jeune, l’idée de devenir ferronnier ou charpentier ne te vient pas forcément à l’esprit et on voulait faire partager ces métiers pour les faire mieux connaître".
Pour cela, les jeunes n’ont pas hésité à retrousser leurs manches. "Je sais que par exemple les charpentiers ont beaucoup travaillé sur leur temps libre, en classe et dans les ateliers où ils ont filmé. Au sujet des compétences informatiques, le montage des vidéos, c’est vrai que ça ne fait pas partie de leur cursus de formation, donc ça a été enrichissant pour eux. Pour les ferronniers, c’est moi qui était de montage, on a tout créé ensemble lors des cours, et ça a permis une très belle cohésion".
Une belle expérience, dont ils gardent de très bons souvenirs. "En plus, ils ne s’attendaient pas à être récompensés, parce qu’on a fait ça avec les moyens du bord, on n’était pas vraiment équipé, et ils étaient très surpris du résultat". Grâce à leur victoire régionale, l’établissement va pouvoir disposer d’une caméra et de matériel. Puisque c’est le prix remis par la Région aux vainqueurs.
Cette année, un groupe de ferronniers était prêt à se lancer dans l’aventure, mais la Covid-19 a fait prendre beaucoup de retard, et Anaïs n’est pas sûre de pouvoir mener le projet à son terme.
Les vainqueurs, eux, ont choisi de laisser leurs claps victorieux dans une vitrine spéciale, qui sera certainement installée dans le foyer, pour rappeler à tous l’intérêt porté au travail qu’ils ont effectué et susciter des vocations dans les générations futures. Anaïs Gunther a reçu un mail de jeunes apprentis qui avaient participé au projet. Ils ne sont plus là maintenant, mais un ou deux ont décidé de se réorienter à l’issue de ce travail, après avoir découvert de nouvelles compétences en eux, dans le travail informatique, la gestion de projets. L’un d’eux se réoriente sur l’animation et a entamé une reconversion.
Une expérience très enrichissante qui a soudé le groupe
Émilien Lemoine est un de ceux qui ont participé, et brillamment remporté le clap d’or au niveau national. Actuellement en deuxième année de CAP, il a un parcours plutôt atypique : bac scientifique, deux ans de prépa, et quatre ans d’école de commerce. "Le mode d’apprentissage, là-bas, ne me convenait pas trop, je n’avais pas assez de motivation pour pouvoir suivre assidument mon cursus et les stages que j’ai faits ne m’ont pas énormément aidés, et donc j’ai décidé de partir pour faire un CAP en deux ans, et après je retenterai de reprendre mes études dans l’école que j’ai quittée parce qu’il y a une voie d’apprentissage qui m’aiderait beaucoup".
Aidés par la copine de l’un d’entre eux, spécialisée dans le montage, ils ont construit leur scénario.
Au début, on s’est posé la question comment allions-nous présenter notre métier, d’une manière humoristique ou descriptive, et puis finalement on s’est dit que le temps était un petit peu limité, et que le meilleur moyen de présenter notre métier c’était de parler des sens.
Trois minutes, le temps imparti aux vidéos dans le concours, c’est à la fois long et court. Court pour raconter les choses, long à fabriquer. "Il faut tourner beaucoup de plans, il faut structurer la voix off, ça fait quand même beaucoup de travail, et la présence de la copine d’Axel nous a beaucoup aidés".
L’émulation autour du tournage s’est naturellement créée. Ceux qui n’avaient pas souhaité vivre l’expérience dans la classe, s’y sont intéressés, et bien sûr ont visionné les produits finis. Au final, le but des organisateurs semble atteint. Même si Emilien Lemoine ne sait pas si leur vidéo sera utile et comment elle le sera, il reconnaît que c’était une bonne expérience qui permet d’améliorer la confiance en soi et en ses capacités.