Annulée faute de participants, la "Loire 725" se tient finalement dans une version allégée. Le défi : une course de pagaie (kayak, stand up paddle, canoë...) de 725 km sur le plus long fleuve de France.
Quand nous appelons Alain Morvan, l'organisateur de la "Loire 725" est lui-même en train de pagayer. La conversation s'interrompt quelques secondes au moment d'un passage technique sur le fleuve au niveau de Blois (Loir-et-Cher). Puis elle reprend.
Après l'annulation de la course officielle, faute d'un nombre suffisant de participants pour rentrer dans ses frais, le kayakiste justifie la tenue de cette course "off" : "Pour un périple extrême comme celui-ci, vous vous entraînez toute l'année. Ce n'est pas possible de dire aux gens qu'il faut renoncer. Les plus motivés, des "fous furieux", voulaient y aller."
Le canoëiste ligérien sait de quoi il parle : il a créé cette épreuve sportive après une déception, en 2021. :
Je devais participer à la célèbre Yukon River Quest, plus de 700 km sur le fleuve Yukon, entre Whitehorse et Dawson, aux Etats-Unis. Mais elle a été annulée à cause du Covid 19. C'est là que je me suis dit qu'il fallait créer la même, en France
Alain Morvan, organisateur de la "Loire 725"
Partis dimanche de Roanne (42), à 6 heures du matin, les 25 compétiteurs doivent rallier Paimboeuf, en Loire-Atlantique, soit 725 km à la force des bras. Ils sont kayakistes, canoëistes, adeptes de stand up paddle ou de pirogue. En 2022, la première édition avait rassemblé près de 100 participants.
15 heures sur l'eau, 180 km par jour
Agnès Legroux, présidente du club de "La Pagaie Orléans Métropole", est de nouveau de l'aventure cette année, avec trois autres membres du club. "C'est une course fantastique, déjà parce qu'on est Ligérien. Ça se passe chez nous. Et puis c'est un défi à relever, au milieu d'une nature sauvage. On peut très bien dormir au sec et manger chaud, comme la nuit dernière à Orléans, et faire du camping sauvage le lendemain".
Le groupe pagaie de 6h à 21h, à un rythme différent. Agnès Legroux et un autre kayakiste sont seuls, tandis que le dernier duo, en relais de 25 km, est plus rapide. Chaque jour, ils avalent environ 180 km. Et le haut niveau de la Loire est plutôt un atout :
"En 2022, le fleuve avait un mètre de moins. Cette année, le débit est important, plus de 300 m³/s. C'est beaucoup plus rapide. On fait du 12 km/h", poursuit l'Orléanaise, qui espère rejoindre Saumur (Maine-et-Loire), ce mardi soir.
Pour participer "à la plus longue course en pagaies d'Europe", les kayakistes se sont entraînés dur, 100 km, plusieurs fois par mois. Malgré cette préparation, chaque soir après la course, "c'est massage obligatoire".
Le final, prévu jeudi, voire mercredi tard dans la nuit pour les plus rapides, s'annonce grandiose : "Face à l'estuaire de la Loire, si la marée descend, on approchera les 18 km/h, avec le vent dans le dos", conclut Agnès Legroux.