La campagne des élections régionales est-elle suspendue ?

Si la situation sanitaire ne se dégrade pas, les élections régionales devraient avoir lieu les 13 et 20 juin. Mais quelles seront les modalités de la campagne ? En attendant les éclaircissements à venir, certains candidats ont suspendu leurs déplacements tandis que d’autres continuent.

C’est dans un mois, soit le 10 mai au plus tard, que les candidats aux élections régionales devront déposer leurs listes en préfecture avant que la campagne officielle ne commence le 24 mai. La campagne officieuse, elle, est en cours depuis longtemps puisque certains candidats comme l’écologiste Charles Fournier s’étaient dévoilés dès l’année dernière en prévision d’un scrutin qui devait initialement avoir lieu en mars. Au rythme des annonces présidentielles, des courbes épidémiologiques et des tribunes publiques des médecins, chacun s’est depuis adapté, accélérant par moments, ralentissant à d’autres et parfois mettant totalement sur pause.

Le conseil scientifique, sollicité pour un avis sur la possibilité de la tenue des élections, n’a pas permis d’éclaircir la situation. Ses membres ne sont ni pour ni contre, bien au contraire… Ils ont renvoyé la balle dans le camp du politique, recommandant simplement une série de mesures telles que le vote par correspondance, l’absence de réunions publiques et l’installation des bureaux de vote en extérieur. Il appartiendra donc à l’exécutif de trancher mais, contrairement aux municipales de 2020, le gouvernement ne voudra pas assumer seul la responsabilité du maintien des élections. Il a donc convoqué un débat qui aura lieu le 13 avril à l’Assemblée nationale et le 14 au Sénat afin de faire émerger un consensus sur la question.

 

Des déplacements sur pause

 

A l’échelle nationale, tous les partis d’opposition souhaitent que les élections soient maintenues en juin. Ils savent que leurs chances de remporter des régions seront bien plus importantes que si le scrutin était déplacé en 2022, après les élections présidentielles, comme le souhaitait Emmanuel Macron il y a quelques mois. Seul le Modem, associé à LREM dans la majorité, s’est positionné en faveur d’un report après l’été. L’un de ses principaux dirigeants devrait d’ailleurs être la tête de liste de la majorité présidentielle en Centre-Val de Loire. Marc Fesneau, pressenti depuis des mois pour assumer cette mission, ne s’est toujours pas dévoilé. Son équipe est prête, ainsi que certains documents de campagne, mais le ministre des relations avec le parlement attend son heure. L’annonce officielle, récemment prévue pour la mi-avril, a sans doute de nouveau été bousculée par le calendrier sanitaire. Interrogé sur France Info en début de semaine, il a estimé que « les Français n’avaient pas la tête à la campagne en ce moment. » Il s’est d’ailleurs « félicité que certains candidats aient fait le choix de suspendre leurs déplacements » en cette période particulière. Le reconfinement n’est donc pas un problème pour lui, puisque sa campagne n’a toujours pas commencé.

Parmi ceux qui, justement, ont mis leur campagne « physique » sur pause, se trouve François Bonneau, président de région, candidat à sa succession avec le soutien du PS et du PC. « Comme tout le monde, je limite mes déplacements pour éviter les contagions. Il faut que ceux qui se présentent au suffrage donnent l’exemple. Pendant le mois d’avril, je ne ferai aucune réunion ni aucun déplacement comme candidat. Tout va se passer en virtuel, y compris la présentation de mes propositions issues de la concertation citoyenne. Elle ne se fera pas en public comme prévu initialement."

Restant président de région jusqu’au dernier jour de son mandat, François Bonneau continue en revanche à se déplacer à ce titre. Notamment pour accueillir les nombreux ministres qui, eux, maintiennent leurs déplacements dans la région. De même que le président de la République, en visite en Eure-et-Loir le 9 avril.

 

"On ne peut pas confiner la démocratie"

Le candidat Les Républicains Nicolas Forissier a également mis ses déplacements en suspens, mais pour une durée plus courte. Le 2 avril, il était dans le Cher, pour rencontrer dès agriculteurs mais depuis, il s’est provisoirement interdit tout déplacement en dehors de son département de l’Indre. « Je pense que les gens ne comprendraient pas qu’on continue à se déplacer. Mais on ne pourra pas confiner la démocratie éternellement. J’ai écrit au Premier ministre pour avoir des réponses claires. On doit pouvoir bientôt continuer à faire des visites de terrain, explique-t-il. On fait bien des réunions de conseil municipal dans des salles. On pourrait faire, à défaut de grands meetings, quelques réunions publiques avec des jauges réduites. Je mets donc ma campagne sur pause jusqu’au 13 avril mais si je n’ai pas de réponse d’ici là, je reprendrai mes déplacements dans la région. »

Charles Fournier, leader d’une liste soutenue par EELV et la France Insoumise (entre autres) s’est contenté, plus modestement, d’écrire une lettre ouverte à la préfète de région Régine Engström lui demandant d’organiser une concertation entre tous les candidats. « Est-il permis de distribuer un tract sur un marché ? Le porte à porte sera-t-il autorisé ? Pourrons-nous faire plus de 10 km pour coller des affiches ? Les événements en extérieur ne devraient pas être systématiquement exclus, argumente-t-il. Il faut des règles clairement énoncées et équitablement appliquées. »

Dans l’attente de cette concertation, Charles Fournier a fait le choix de maintenir certains déplacements. Dimanche 11 avril, il sera en Sologne pour une rencontre sur le thème de la chasse avec des partisans et des opposants de la pratique cynégétique. Il précise qu’elle se déroulera « dans un espace aéré, sans public extérieur. »

Dans ce contexte, qui restera incertain jusqu’au dernier moment, chacun se prépare pour une campagne aussi contrainte qu’étrange, en espérant que la participation ne sera pas aussi historiquement faible que pour les municipales de 2020.

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