L'ancrage local du mouvement de Marine Le Pen semble inexorable en Centre-Val de Loire élection après élection. Alors qu’il n’y avait que deux candidats d’extrême droite en ballottage aux législatives de 2017, cinq ans plus tard, ils sont 12 au second tour, dont quatre en tête.
C’est une "belle nouvelle" pour Aleksandar Nikolic, le président du Rassemblement national du Centre-Val de Loire. Quand on compare les données des législatives 2017 et celles de 2022, la percée de l’extrême droite est en effet notable.
Il y a cinq ans, deux candidats étaient passés au second tour, Mylène Wunsch dans la 1re circonscription de l’Indre, et Michel Chassier dans la 1re circonscription du Loir-et-Cher. Mais tous les deux, en ballottage défavorable avec respectivement 14,05% et 15,04% des suffrages, avaient été battus au second.
Cette fois, pas moins de 12 candidats sont au second tour de ces élections, soit dans plus de la moitié des 23 circonscriptions de la région. Surtout, quatre arrivent en tête comme le montre la carte ci-dessous avec la couleur bleue marine.
Il s’agit de :
- Roger Chudeau, dans la 2e circonscription du Loir-et-Cher (24,04%)
- Mathilde Paris, dans la 3e circonscription du Loiret (30,82%)
- Thomas Ménagé, dans la 4e circonscription du Loiret (31,45%)
- Valentin Manent, dans la 5e circonscription du Loiret (27,87%)
10 à 12 points d'écart
Sur le plateau de France 3 Centre-Val de Loire ce dimanche soir, Aleksandar Nikolic, lui-même en ballottage dans la 2e circonscription d’Eure-et-Loir face au député sortant LR Olivier Marleix, remerciait les électeurs pour cette poussée "incontestable" qui "montre une vraie dynamique pour le RN".
"Face à ces deux courants [la majorité présidentielle et la Nupes, NDLR], il y a un courant du bon sens, un courant des patriotes qui veulent plus de sécurité et mieux vivre tout simplement", se vante Aleksandar Nikolic. "On a la possibilité de l’emporter s’il y a une mobilisation similaire à ce qu’on a connu lors de la présidentielle donc il y a un véritable espoir", assure-t-il, surtout "quand on voit l’écart qu’il y a".
Il pense notamment à Thomas Ménagé qui devance Bruno Nottin de la Nupes de 12 points (comme le montre le graphique ci-dessus), et à Mathilde Paris qui dépasse de près de 10 points Carine Barbier, la candidate de la majorité présidentielle.
La chute de la droite au profit du RN ?
D’après Pierre Allorant, politologue présent sur le plateau de France 3 Centre-Val de Loire hier soir, "il y a quand même une vraie chance qu’il y ait un ou deux députés RN élus".
Il a en effet expliqué que l’électorat traditionnel de la droite LR, dans le Loiret notamment, s’est scindé en deux, une partie se dirigeant vers la majorité présidentielle de centre droit, l’autre vers le Rassemblement national. Une fuite des voix qui pourrait expliquer en partie les très bons résultats du parti d'extrême-droite.
Il a cependant appelé à beaucoup de prudence face aux projections du second tour, rappelant qu’il reste la campagne de l’entre-deux-tours où les dynamiques peuvent beaucoup évoluer.
Appel au barrage républicain
Invitée sur le plateau de France 3 Centre-Val de Loire ce dimanche soir, Mathilde Paris a elle aussi remercié les électeurs et les a incités à se rendre aux urnes ce 19 juin. La mobilisation a en effet été faible ce 12 juin avec moins d’un habitant sur deux qui a voté (49,73%).
Elle a aussi réagi aux propos de Claude de Ganay, le député sortant de la 3e circonscription éliminé dès ce premier tour, comme le montre ce graphique.
Il a appelé ses électeurs à voter pour Carine Barbier, afin de "donner à Emmanuel Macron une majorité" dans le contexte politique instable de ce premier tour. "Je pense qu'il trahit ses électeurs", a immédiatement répliqué Mathilde Paris, "puisqu'il a très clairement affiché son soutien à Emmanuel Macron".
Du côté de la majorité présidentielle, on appelle finalement ce lundi matin à faire barrage au Rassemblement national, dans les cas où le parti d’extrême-droite se retrouve en duel face à la Nupes, après avoir parlé de "cas par cas".
