A l’occasion de la journée internationale du droit des femmes, l’Insee publie un rapport sur la pauvreté des femmes en Centre-Val de Loire, plus élevée que les hommes à cause notamment de la situation des femmes seules ou à la tête de familles monoparentales.
La journée du 8 mars est souvent l’occasion pour les associations et les institutions publiques de dénoncer les inégalités entre hommes et femmes, encore plus prégnantes depuis 1 an à cause de la crise sanitaire du Covid-19. C’est donc dans ce contexte que la Direction régionale de l'Insee Centre-Val de Loire s'est associée à la Délégation régionale aux droits des femmes pour publier une étude visant à rendre compte de la pauvreté des femmes dans la région.
Plus de femmes seules en situation de pauvreté
Dès son entame, le rapport fait tout d’abord un constat à l’échelle nationale : en France, les femmes sont plus impactées par la pauvreté que les hommes. En effet, le taux de pauvreté* des femmes s’élève à 15,2 % contre 14,3 % pour les hommes. Un point d'écart que les spécialistes expliquent par la situation des femmes seules ou à la tête de familles monoparentales.
Si en Centre-Val de Loire, le taux de pauvreté est inférieur à celui de la moyenne nationale (13,1% contre 14,6% en France métropolitaine), l’inégalité de genre reste la même. Dans la région, l’intensité de pauvreté** des hommes seuls est plus souvent élevée que celle des femmes (18,5 % contre 16%). En revanche, et c’est là que tout se joue, les femmes seules en situation de pauvreté sont plus nombreuses (35 400) que les hommes (31 200). “Ce n’est pas une surprise malheureusement, ça fait des années qu’on se bat contre cette précarité économique. Ce sont toujours les femmes qui détiennent en majorité les emplois les moins rémunérés ou à temps partiel, en plus de la charge domestique”, déplore Mélanie Goyeau, co-présidente de Osez le féminisme 37.
Parmi ces femmes seules en situation de pauvreté, ce sont souvent les moins de 30 ans et les plus de 75 ans qui sont les plus touchées. Une précarité pour les plus âgées qui s’explique du fait de leur espérance de vie supérieure et de leur pension de retraite plus faible. Aucune justification n’est cependant avancée pour les plus jeunes.
Plus de mères seules touchées par la précarité
L’étude rappelle également que les familles monoparentales sont davantage touchées par la pauvreté que les familles dites plus “traditionnelles”. Une monoparentalité qui concerne dans 75% des cas les femmes dans la région. En proportion, les mères seules sont beaucoup plus exposées à la pauvreté que les pères seuls : 32 % contre 22 %. Elles sont également plus nombreuses dans cette situation : 67 100 contre 14 100 pour les pères.
Concernant les disparités territoriales de la région, c’est dans le Cher que l’on retrouve le taux de pauvreté le plus élevé des femmes seules avec enfants en Centre-Val de Loire : 35,5% contre 32,1% en moyenne. Quant aux femmes seules, c’est dans l’Indre qu’elles sont les plus précaires, avec un taux de pauvreté de 18,2% contre 16% en moyenne.
“Les femmes ont besoin d’avoir un réel pouvoir d’achat pour pouvoir s’émanciper ou fuir un foyer devenu trop dangereux pour elles”, conclut Mélanie Goyeau.
*Nombre d’individus vivant sous le seuil de pauvreté établi à 1090 euros par mois pour une personne seule.
**L'intensité de la pauvreté permet d'apprécier à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté. Plus cet écart est élevé et plus la pauvreté est dite intense (Insee).