Bouleversée par la crise sanitaire, l'année 2020 aura été synonyme de situation inédite. Dominique Lorenzy-Bry, la présidente de l'URIOPSS, qui unit les associations pour développer les solidarités, en tire un enseignement pour préparer la nouvelle année.
En France, la crise sanitaire a plongé 1 million de ménages supplémentaires dans la précarité selon Franceinfo. D'après Marine Jeantet, la déléguée interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté, le seul indicateur démontrant l'augmentation de la pauvreté est le nombre de bénéficiaires du RSA. A échelle nationale, ce chiffre a augmenté de 9% entre octobre 2019 et octobre 2020 selon elle.
Pour se rendre davantage compte de cette montée de la pauvreté, on peut également se pencher sur les chiffres donnés par les associations d'aides aux plus démunis. A travers la France, un requérant sur deux venait pour la première fois au Secours Populaire. Nicolas Jaffré, le directeur du Secours Populaire du Loiret, enregistrait 35% de nouveaux arrivants pendant le premier confinement.
En Centre-Val de Loire, un élan d'entraide vu le jour, à l'image de l'opération "Lait du coeur" ou encore de la distribution de repas de Noël aux étudiants en difficulté. Ces aides, apportées par les associations, ont montré la "nécessité d'améliorer la visibilité des personnes en situation de pauvreté" d'après Dominique Lorenzi-Bry, la présidente de l'URIOPSS Centre.
Intervention de Dominique LORENZI-BRY, Présidente de l'@uriopss_centre à la Conférence régionale des acteurs de la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté @DouchezY @Prefet45_Centre #association pic.twitter.com/IMdCJpEJyC
— URIOPSS Centre (@uriopss_centre) January 7, 2021
"Aller vers", la stratégie des associations pendant la crise sanitaire
En plus des personnes très précaires, d'autres, dans des situations moindres, ont également poussé les portes des associations d'aides aux plus démunis pendant la crise sanitaire. "Ça concerne non seulement les associations caricatives, comme les restos du coeur ou la banque alimentaire, mais aussi celles qui traitent de l'accompagnement et de l'hébergement des personnes. Il y avait des besoins extrêmement lourds en hébergement d'urgence. Les centres d'accueil ont été davantage sollicités depuis le début du premier confinement".
Une situation inédite d'autant plus compliquée à gérer que les bénévoles étaient moins nombreux : "les salariés des structures d'hébergement étaient vulnérables ou atteints par le Covid-19". Des problèmes d'équipement sont également venus se rajouter à l'équation déjà complexe.
"Les bénévoles ont connu une pénurie alimentaire au début du confinement et des problèmes d'équipement, notamment le manque de blouses et de gants. Ils ont pris des risques face à l'obligation d'apporter leur soutien aux personnes vulnérables"
Ces associations ont donc connu des bouleversements dans la manière de soutenir les ménages dans le besoin. "Les dispositifs sont allés vers les personnes en souffrance, parfois même dans leurs lieux de vie, pour lutter contre leur isolement. Ceux dans le besoin ont ainsi pu voir les moyens mis à leur disposition". Dominique Lorenzy-Bry encourage cette démarque car, selon elle, "les problèmes des personnes vulnérables est qu'elles abandonnent rapidement leurs droits et l'envie d'aller vers les dispositifs".
De nouveaux acteurs ont également été sollicités. Nous vous parlions un peu plus haut de l'opération "Lait du coeur" qui n'auraient pas été possible sans la laiterie de Saint-Denis-en-Val. Les centres d'hébergements ont aussi pu accueillir des personnes nuit et jour. Le dispositif mis en place par l'APLEAT (association de santé et de solidarité) pour "aller vers les toxicomanes dans la rue ou leurs lieux de vie et les aider à supporter le manque de produit" a par ailleurs permis de limiter les problématiques d'effrondrement psychiques.
2020, une leçon pour préparer la nouvelle année
De cette année 2020, la présidente régionale de l'URIOPSS en a tiré des conclusions pour les futures actions des associations de la région Centre-Val de Loire. Tout d'abord, elle souhaite "construire des modalités d'interconnaissance entre les différents acteurs de première ligne, qui sont pour l'instant assez dispersés".
Le second point concerne la visibilité de ces acteurs, qui doivent continuer d'aller vers les personnes dans le besoin. Cela sous-entend "sortir de la logique de guichet de la part des collectivités car cela suppose une aisance des plus en difficulté pour s'approprier ces outils. C'est tellement complexe qu'ils abandonnent rapidement leurs droits". Enfin, elle désire accompagner "attentivement et durablement la jeunesse, très touchéé par la précarité".
Pour préparer 2021, Dominique Lorenzy-Bry organise le 16 février prochain une journée consacrée à la valorisation des coopérations entre acteurs sur le territoire régional. Parmi les principaux, le collectif Alerte, dont elle fait partie et qui rassemble 35 associations, dédiées à la précarité, à travers la France.