Un peu partout en France, les magasins de l'enseigne Décathlon font l'objet de pétitions leur demandant d'arrêter de vendre des poissons vivants, destinés à la pêche au vif. Une campagne relayée par l'association de protection animale PAZ.
Fondée en 2017, l'association PAZ (pour Projet Animaux Zoopolis) veut transformer le regard que porte notre société sur les animaux, dénonce "un monde qui néglige leur souffrance". Et milite contre toutes les pratiques utilisant des animaux "emprisonnés, exhibés ou tués pour le divertissement et le loisir".
L'enseigne d'articles sportifs Décathlon est dans le collimateur de PAZ depuis un peu plus d'un an : généralement alertée par des clients ou des employés, l'association dénonce la vente de petits poissons vivants destinés à la pêche au vif.
Sous couvert d'anonymat, une ancienne employée de Décathlon à Tours témoigne :
"Quand il y avait des problèmes d'électricité, nous avions régulièrement des pertes de poissons, ils étaient juste considérés comme de la marchandise. Aujourd'hui, les aquariums sont toujours au milieu du magasin, il y a beaucoup de passage, c'est stressant, les enfants peuvent taper sur les vitres."
La vente y est toujours autorisée et les poissons sont destinés à servir d'appât pour la pêche de loisir. Une pratique dénoncée par l'association :
C'est vraiment une pratique extrêmement cruelle. Cela consiste à utiliser un hameçon et à le planter dans le dos ou dans la bouche d'un poisson vivant pour attirer un poisson plus gros.
Amandine Sanvisens, co-fondatrice association PAZ
Selon l'association, les poissons comptent parmi les animaux les plus exploités et dont la sensibilité est la plus niée. Articles scientifiques à l'appui, elle entend démontrer sur son site que "les poissons ressentent la douleur" :
"La capacité des poissons à ressentir la douleur semble démontrée au-delà du doute raisonnable. Elle fait désormais l’objet d’un large consensus scientifique. De plus, il semble probable que les poissons puissent ressentir non seulement la douleur mais aussi le stress, l’anxiété ou la peur. Il faut donc avoir à l’esprit le fait que la souffrance des poissons ne se limite sans doute pas à la douleur."
Interrogé sur la pêche au vif, Dominique Tinseau, président de la fédération de pêche du Loiret, estime qu'il s'agit d'une pratique peu répandue et qu'il y a des combats plus importants à mener :
"C'est une pêche ancestrale qui représente une minorité de pêcheurs, souvent d'un certain âge, ou qui ont du mal à se déplacer. Ce n'est pas fondamentalement une cause forte à défendre. Les poissons qui meurent par asphyxie, par manque d'eau ou parce qu'il y a une pollution, là, oui, on bouge, on attaque au tribunal !"
La campagne menée par PAZ porte néanmoins ses fruits. En France, de nombreux magasins Décathlon ont cessé de vendre des poissons vivants. Dans notre région, celui d'Orléans en fait partie depuis la mi-novembre.