Ce 27 juin, un enfant de 3 ans était encore hospitalisé en urgence absolue après être tombé dans l'Indre. Chaque été, les enfants de moins de 6 ans représentent jusqu'à 25% des noyades accidentelles en France. En cause : une surveillance insuffisante.
Vers 19h ce 27 juin, un garçon de trois ans et demi est tombé dans la rivière à Esvres-sur-Indre, en Indre-et-Loire, comme le rapporte la Nouvelle République. Le garçonnet a été transporté en urgence absolue à l'hôpital de Clocheville, dans un état critique.
Chaque année, environ 1000 décès sont causés par des noyades en France. Et chaque été, le bilan de ces noyades accidentelles ne cesse de s'alourdir. Du 1er juin au 30 septembre, entre un quart et un tiers des victimes de noyades sont des enfants de moins de 6 ans.
"Vous tenez à eux, ne les quittez pas des yeux"
Afin de lutter contre ce fléau, le gouvernement lance cet été un dispositif de surveillance nationale assorti d'une campagne de sensibilisation. On vous détaille les règles essentielles qui permettent d'éviter ces drames.
"Vous tenez à eux, ne les quittez pas des yeux", c'est le nom de la campagne choc lancée le 17 mai par le gouvernement pour sensibiliser les parents aux risques de noyades à l'approche de la période estivale. Pour marquer les esprits, trois témoignages poignants de mamans retracent les quelques minutes d'inattention qui ont conduit à la perte de leur enfant.
1000 décès par noyade sont enregistrés chaque année en France, dont un quart pour les enfants de moins de 6 ans. En Centre-Val de Loire, ce sont 36 noyades dont 11 décès qui ont été recensés en 2021.
Une surveillance "active"
Car si plusieurs facteurs peuvent expliquer que le phénomène se répète à chaque saison estivale, la cause principale des noyades des tout-petits reste le défaut de surveillance. "On voit beaucoup trop de gens qui arrivent sur la plage en se disant : "Je suis en vacances j'oublie tout !" Et les petits partent à l'eau sans que les parents aient les yeux dessus", témoigne Rémy Bicharel, sauveteur en mer et directeur du centre de formation et d'intervention de la SNSM d'Orléans.
Depuis le premier juin, il a pris ses fonctions pour la saison aux Sables-d'Olonne et constate d'année en année, les mêmes négligences. "Une vraie vigilance, ça ne veut pas dire rester sur sa serviette avec son portable dans les mains. Selon l'âge de l'enfant, il faut aller à l'eau avec lui ou rester à un mètre de lui, ne pas le laisser aller en autonomie dans les espaces aquatiques."
Sur les plages comme au bord des piscines privées où ont lieu la majorité des noyades d'enfants, une surveillance accrue signifie en effet "aucune distraction" selon Santé Publique France. Pas de lecture ni de téléphone et on ne s'absente pas, même pour un instant, car un enfant peut se noyer en quelques minutes et sans aucun bruit. Les plus jeunes n'ont même pas le réflexe de se débattre pour remonter à la surface.
Une surveillance efficace implique également de savoir "qui surveille qui ?". On s'organise donc entre adultes pour déterminer qui est chargé de la surveillance de l'enfant afin d'éviter que chacun pense que c'est l'autre qui s'en occupe. De même, lorsque plusieurs enfants sont à l'eau, il est recommandé de désigner un adulte responsable de chaque enfant. Enfin, on ne désigne jamais un enfant pour en surveiller un autre, même s'il est plus grand.
L'apprentissage de la nage dès le plus jeune âge
"Plus tôt on commence meilleur on sera", approuve Rémy Bicharel pour qui l'apprentissage de la nage dès le plus jeune âge est l'élément clé de la lutte contre les noyades infantiles. Il est effectivement conseillé de mettre les jeunes enfants au contact de l'eau a minima vers 4 ou 5 ans et même plus tôt en se baignant avec lui à l'occasion, par exemple, de séances d'éveil aquatique. "À moins d'un an, on peut déjà mettre les bébés dans l'eau pour leur faire avoir cette sensation de flottabilité, d'aisance", explique le secouriste en mer.
À partir de six ans, l'enfant doit impérativement avoir été familiarisé avec l'eau pour pouvoir anticiper sereinement l'apprentissage de la nage, car trop d'adultes affirment encore ne pas être à l'aise avec cette pratique. Un Français sur sept ne sait pas nager selon l'étude noyades de Santé Publique France.
Choisir les bons équipements de flottabilité
Équiper son enfant est également indispensable, mais tous les accessoires ne se valent pas et ne sont pas forcément adaptés à tous les âges. "Les brassards sont parfaits car ils permettent de rester à la surface avec le corps vers le bas", explique Rémy Bicharel.
" Les ceintures sont bien pour des jeunes enfants qui sont déjà à l'aise dans l'eau et cherchent une amélioration de leur gestuelle. Tout ce qui est bouée malheureusement reste plus dangereux car si on est désolidarisé de la bouée, en cas de forte vague par exemple, on n'a plus d'aide à la flottaison." Qui plus est, la bouée, quand il y a du courant, peut se retourner.
Quelques innovations pour encore plus de sécurité
On rappelle qu'il est indispensable et même obligatoire de sécuriser les piscines privées grâce à des alarmes, des barrières ou tout autre système de protection homologué. Mais quelques inventeurs se sont également penchés sur des solutions innovantes, placées directement sur l'enfant afin d'apporter encore davantage de sécurité.
Exemple avec un t-shirt anti-noyade primé au concours Lépine 2023. Il ne s'agit pas d'un t-shirt de baignade mais bien d'un vêtement standard qui a la particularité de se gonfler au contact de l'eau. Si l'enfant tombe dans une piscine, le système se déclenche en 3 secondes et se retourne même au bout de 5 afin de replacer la tête de l'enfant face vers le ciel.
D'autres systèmes comme le bracelet anti-noyade existent également depuis plusieurs années. Placé au poignet de l'enfant, il émet une sonnerie puissante en cas de contact avec l'eau. Il permet ainsi aux parents de réagir plus rapidement en cas de chute dans une piscine.
Des innovations que notre sauveteur en mer trouve "très bien" mais qui ne font pas tout. "Malheureusement, nous sommes une génération qui est en train de se déresponsabiliser au profit de ces innovations. Et rien ne remplace la surveillance et donc la responsabilité des adultes vis-à-vis de leur enfant", martèle-t-il.