Le ministre de la Santé, François Braun, a annoncé ce dimanche 18 septembre que des consultations gratuites seraient proposées aux patients âgées de 25, 45 et 65 ans. Aucune date de début n'est encore annoncée que la mesure est déjà décriée. Une mesure "hors sol" selon les professionnels de santé du Centre-Val de Loire.
"On entre dans l'air de la prévention" s'avançait François Braun dans les colonnes du Journal du Dimanche du 18 septembre. Le ministre de la Santé y annonçait en effet que les Français "se verront désormais proposer par l'Assurance maladie une consultation médicale gratuite à trois âges clés de la vie, 25 ans, 45 ans et 65 ans". Une proposition qui s'inscrit comme l'une des "mesures phares" du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2023.
Le texte sera présenté en Conseil des ministres à la fin du mois de septembre. Toutefois, aucune date n'est pour l'instant annoncée quant à la mise en place de ce dispositif.
Jusqu'à 13% de patients sans médecin dans le Loiret !
Pourquoi 25, 45 et 65 ans sont-ils des âges clés pour fixer ces rendez-vous ? Pour les plus jeunes, il s'agit de "faire le point sur les vaccins, leur activité physique, d'éventuelles addictions ou difficultés liées au début de la vie professionnelle". La consultation de milieu de vie, elle, permettra d'anticiper le dépistage du cancer du sein, du colon ou de la prostate. Enfin, la dernière sera l'occasion d'évoquer la perte d'autonomie, le dépistage des cancers et de toutes les maladies qui peuvent être prévenues.
L'objectif affiché de la mesure est de "mieux suivre" les Français pour reprendre les mots du ministre en instaurant ces visites de prévention. En Centre-Val de Loire, 12% de la population de 16 ans et plus sont sans médecin traitant et ne font pas l'objet d'un suivi régulier selon la Caisse primaire d'assurance maladie. Une mesure qui semble donc être la bienvenue, d'autant plus dans le premier désert médical en France.
La région compte trois départements où plus de 12% des habitants n'ont pas de médecin traitant : l'Eure-et-Loir, l'Indre et le Loiret. Dans ce dernier département par exemple, cela représente "entre 40 000 et 60 000 personnes" selon Christophe Tafani, le président de l'Ordre des médecins du Loiret.
Des hôpitaux en crise et un Gouvernement qui regarde ailleurs
Si sur le papier, cette annonce ressemble à une bonne nouvelle, elle est surtout jugée hors-sol par les professionnels du secteur. Christophe Tafani reconnaît qu'on ne peut que "se féliciter de cette médecine préventive, mais y'a tellement d'autres priorités, notamment aux urgences et dans les hôpitaux". Une crise qui s'est accentuée cet été, notamment au sein même du CHR d'Orléans où seules les urgences vitales étaient accueillies durant le mois d'août. Un protocole censé être exceptionnel, et pourtant tristement devenue la norme.
Le gouvernement est complètement à côté de la plaque, ce n'est pas de ça dont les gens ont besoin !
Olivier Ferrand, président du syndicat des médecins du Cher
Médecin généraliste dans ce même département, il n'imagine pas comment il pourrait intercaler ces nouveaux rendez-vous dans son emploi du temps "de 60 voire 70 heures par semaine". "Je refuse des patients tous les jours parce que je ne peux pas en prendre plus, on est en surmenage complet donc c'est impossible !".
Tous les deux sont unanimes : il ne s'agit là que d'une tentative du gouvernement de détourner les yeux des problèmes déjà connus en matière de santé publique. Ils affirment par ailleurs que les Ordres des médecins et syndicats de la profession n'ont pas été consultés avant cette annonce.