Le Centre-Val-de-Loire ne comptant plus de député de gauche depuis les dernières élections, ce sont surtout les centristes qui critiquent les aspects liberticides du texte qui sera voté le 6 février. Ses opposants, à droite, estimeraient plutôt qu'il ne va pas assez loin.
La loi anti-casseurs , et en particulier son article 2, qui permet aux préfets de prononcer des interdictions de manifester préventives à l'égard de personnes "potentiellement dangereuses", est l'un des sujets les plus débattus ces derniers jours au parlement.
Il ne monopolise pas particulièrement l'attention des députés de la région. Sur le réseau Twitter, la seule à s'être exprimée sur cet enjeu est la députée LREM du Loiret Stéphanie Rist qui faisait simplement un point sur l'avancée du texte, sans exprimer d'opinion.
Chez LREM, pas de contestation
Cela ne signifie pas pour autant que ces élus se désintéressent du sujet. Certains, comme Philippe Chalumeau, député LREM d'Indre-et-Loire, ont même suivi de près son élaboration.
Ce dernier, en tant que membre du bureau de son groupe politique, le trouve très satisfaisant : "Je le voterai tel quel. Le texte a été très amendé et il est maintenant équilibré. Le niveau de violence a beaucoup augmenté et il est normal que la société s’adapte. Quand on va manifester, on doit montrer son visage. Tout ça n’a rien de liberticide."
Son collègue Guillaume Kasbarian, député LREM d’Eure-et-Loir, partage le même enthousiasme pour l’ensemble du texte, y compris pour son fameux article 2. "Nous répondons à une attente forte de la population et des policiers. Ce n’est pas liberticide car il n’existe pas de liberté à tout casser. La liberté consiste aussi à vivre en sécurité."
Selon lui, la majorité est loin d'être "fracturée". "Il existe juste chez nous quelques députés qui se prennent pour des constitutionnalistes et qui pensent qu’il va y avoir un problème avec le Conseil d’Etat, et d’autres qui s’y opposent pour des raisons idéologiques et qui tiennent à le faire savoir" conclut-il, en référence aux propos de son collègue du Val-d’Oise, Aurélien Taché.
Des réserves au Modem
Au Modem, la députée du Cher Nadia Essayan suit aussi la discipline de groupe. "Sans entrer dans le détail, je suis plutôt favorable au texte. Je comprends les réserves que peut susciter l’article 2 mais je pense que si un gouvernement beaucoup plus dur arrive au pouvoir, il fera voter ses propres lois et n’aura pas besoin de celle-là."
Son collègue Richard Ramos, député Modem du Loiret, annonce qu’il votera le texte car "il protège la liberté de manifester en luttant contre la violence. Même si je le voterai, j’ai quand même des réserves sur l’article 2. J’aurais préféré que les interdictions de manifester soient prononcées par les procureurs sur la base d’une procédure judiciaire, et pas par les préfets, à titre préventif."
Opposition au centre
A l’UDI, Philippe Vigier, député d’Eure-et-Loir, fait la même analyse du texte mais en tire des conclusions différentes. "Je suis bien sûr opposé à toute forme de violence. Je suis favorable à ce qu’on fasse des listes de casseurs et qu’on aille les chercher dans les quartiers. Mais je ne voterai pas ce texte en raison de l’article 2 qui donne un pouvoir extravagant aux préfets."
Il fait un parallèle particulièrement sensible en ce moment : "Si la France se trouve demain avec un gouvernement comme celui d’Italie, ça peut devenir dangereux. Je pense d’ailleurs que le texte sera retoqué par le Conseil d’Etat. En plus de ça, une partie de la loi n’a pas pu être débattue car elle nous a été donnée trop tard. On méprise le travail des parlementaires."
A droite, une loi qui ne va pas assez loin
A droite, Claude de Ganay, député LR du Loiret votera pour, selon la position déterminée au sein de son groupe, même s'il pense que la loi ne va pas assez loin. Le texte proposé il y a quelques mois par le sénateur LR Bruno Retailleau "a été détricoté."
"C’est dommage. On avait une opportunité de permettre aux forces de l’ordre de bien faire leur travail. Il reste tout de même quelques bonnes mesures comme le fait de cacher son visage qui n’est plus simplement puni par une contravention mais qui devient un délit."
Le vote du texte est prévu mardi 5 janvier.