"Au bord de la rupture", le Parti socialiste débute son Campus d'été à Blois sous haute tension

Les socialistes se réunissent à Blois à partir de ce jeudi 29 août, pour leur traditionnelle université d'été, à un moment des plus critiques. Plusieurs pontes du parti ont fait part publiquement de leur désaccord fondamental avec la ligne du premier secrétaire Olivier Faure, alors que le président de la République, Emmanuel Macron, semble miser sur un éclatement de l'union de la gauche. Et même du PS lui-même.

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Il est d'une étrange ironie qu'un livre titré Les Derniers Jours du Patri socialiste, d'Aurélien Bellenger, sorte dans les librairies au moment même où ledit PS semble jouer son avenir. Consolidé et pourtant fragilisé, le parti à la rose va devoir se dépêtrer de cet étrange paradoxe, alors que s'ouvre ce jeudi 29 août son CamPuS 2024 à Blois.

Pour la cinquième fois consécutive, la capitale du Loir-et-Cher accueille l'université d'été du PS. Dans une ambiance tendue. Car Emmanuel Macron a écarté l'hypothèse de nommer Lucie Castets à la tête d'un gouvernement du Nouveau Front populaire. Et, depuis, les socialistes se déchirent sur l'attitude à adopter.

Le PS, "supplétif de La France insoumise" ?

La stratégie officielle de l'union de la gauche est simple : plus aucun échange avec l'Élysée, si ce n'est pour former un gouvernement, et censure de tout gouvernement avec la droite ou le bloc central. Au PS, le premier secrétaire Olivier Faure a approuvé cette stratégie commune. Mais ses meilleurs ennemis ne s'en contentent pas. S'adressant à lui, la maire de Vaulx-en-Velin et présidente du conseil national du PS, Hélène Geoffroy, a écrit ce mardi : "L'alternative que tu proposes est le bruit et la fureur".

Elle accuse le premier secrétaire de faire des socialistes "des supplétifs de La France insoumise", en refusant tout dialogue pour un futur gouvernement de coalition n'ayant pas le programme du NFP pour dogme. "Je ne créerai pas d'autre parti, mais si nous devenons les appendices de l'extrême gauche, alors la force centrale à gauche se reconstituera ailleurs", prévient-elle, estimant que le PS "est au bord de la rupture". Le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, principal opposant à la ligne d'Olivier Faure au sein du parti, a tenu un discours très semblable sur divers médias.

Des divisions "irresponsables"

Autant dire que l'atmosphère à Blois, où Hélène Geoffroy et Olivier Faure se rendront, devrait être électrique. Avant l'ouverture de l'évènement, le maire socialiste de Blois, Marc Gricourt, souhaite dissiper tout malentendu. "L'attitude d'Hélène Geoffroy et de Nicolas Mayer-Rossignol est irresponsable, dans un moment où on a besoin d'affirmer l'unité du Parti socialiste", balance-t-il.

L'édile constate que "la droite et la macronie détournent l'attention sur Mélenchon et LFI", avec "l'objectif de diviser la gauche et le Parti socialiste". Une stratégie qui semble payante, au vu de certaines déclarations récentes de pontes du PS. "Ce sont des expressions divergentes minoritaires", balaie Marc Gricourt. Pour lui, la stratégie de la gauche face au président de la République est "la bonne", point barre :

Nous sommes dans un contexte exceptionnel, inédit. Le président refuse d'acter le verdict des urnes, qui a rejeté la politique de ses gouvernements. Aller former un gouvernement avec les gouvernants sortants, désavoués par les urnes, serait aller à la catastrophe.

Marc Gricourt, maire PS de Blois

L'élu semble confiant sur la bonne tenue de l'évènement, loin des promesses d'effondrement en public. Juste avant le CamPuS, Blois accueillait le séminaire de formation des élus socialistes. Selon Marc Gricourt, l'ambiance y est "studieuse", mais surtout "à la solidarité entre socialistes". "Le CamPuS doit être celui du rappel à l'unité, derrière Olivier Faure", assène-t-il.

Pour encourager l'unité, le maire de Blois veut "saluer nos succès électoraux". Ainsi, aux dernières législatives, le parti a doublé son nombre de député. Il est arrivé devant les autres forces de gauche aux européennes. Bref, le parti ne s'était plus aussi bien porté depuis la déroute de la présidentielle de 2017. Pour Marc Gricourt, le parti a fait "la démonstration que nous pouvons mettre en avant notre identité", et qu'il "reste le pivot essentiel à gauche".

Rompre oui, mais avec qui ?

Satisfaction aussi pour François Bonneau, le président socialiste de la région Centre-Val de Loire. "Le Parti socialiste apparaît à nouveau comme une formation politique importante, significative au sein des forces de gauche", estime-t-il.

Le PS doit tenir sa place à gauche, être l'animateur d'un certain nombre de conquêtes pour faire en sorte que les valeurs de gauche et des écologistes puisse à nouveau accéder aux responsabilités. Avant les dernières élections, le PS n'avait pas la capacité de le dire. Maintenant, il le peut.

François Bonneau, président PS du Centre-Val de Loire

Pour lui, le CamPuS sera l'occasion de réaffirmer la sacro-sainte destinée du PS à participer à la gouvernance du pays. Et, pour y parvenir, François Bonneau ne peut "envisager un scénario de rupture, ce serait un manquement grave à la mission du Parti socialiste". Faut-il rompre avec l'alliance de gauche ? "Nous sommes en complémentarité avec les combats menés par les autres forces de gauche."

Oui, mais. Le NFP n'aura vraisemblablement pas Matignon. François Bonneau fustige un président de la République qui "n'a pas entendu la sanction des urnes et veut décider de ce qui est acceptable ou non".

Mais il veut aussi éviter "la politique du pire", c'est-à-dire "le renfermement". "Nous devons ouvrir les espaces de dialogue. On ne peut pas dire : Nous voulons ça et c'est tout. On conflictualise la situation." Soit une position quelque peu à rebours de la direction du parti.

En somme, les désaccords sont bien réels au sein du Parti socialiste. Et plusieurs ateliers promettent quelques divergences d'opinions. Comme l'atelier "Analyse de la séquence électorale",lors de laquelle interviendra Hélène Geoffroy. Ou celui nommé "Lutte contre l'extrême droite", qui fera se rencontrer Carole Delga, socialiste proche de la ligne anti-Faure, et Éric Coquerel, député... La France insoumise.

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