Premier ministre NFP : "Bien sûr que nous n'en voulons pas !" Les parlementaires macronistes balaient le coup de poker de Jean-Luc Mélenchon

Face à un risque de censure d'un gouvernement de gauche dans lequel se trouveraient des ministres insoumis, Jean-Luc Mélenchon a ouvert la porte à un soutien sans participation de LFI à un gouvernement Castets. Au sein de la macronie et de la droite, c'est toujours non.

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"On a des gens qui disent : 'Nous voulons gouverner mais ne nous censurez pas pendant que nous appliquons notre programme.' C'est ridicule, bien sûr qu'on n'accepte pas !" Sur RTL ce lundi 26 août, Guillaume Kasbarian goutte peu au coup de poker de Jean-Luc Mélenchon.

Deux jours plus tôt, le chef de file des insoumis a ouvert la porte à un soutien sans participation de La France insoumise à un gouvernement de gauche mené par Lucie Castets. Car, avec 193 députés à l'Assemblée nationale, la gauche est loin de la majorité absolue de 289 sièges. Et serait donc vulnérable face à des motions de censure.

Le patriarche insoumis tente de dynamiter un élément de langage proéminent dans le bloc central : des ministres LFI, c'est non. Cette position a notamment été défendue par Gabriel Attal face à Emmanuel Macron ces derniers jours. "Si vous nous répondez non, on dira que les ministres insoumis, en fait, c'est un prétexte, c'est du programme dont vous ne voulez pas", avait ajouté Jean-Luc Mélenchon.

"Est-ce que je suis d'accord ? Non."

Depuis, les porte-parole de l'ex-majorité se sont un à un exprimés. François Bayrou, le patron du MoDem, qualifie les propos de Jean-Luc Mélenchon de "tour de passe-passe", sur LCI. "L'opposition à la formation d'un gouvernement autour de LFI, ce n'est pas du tout pour des questions d'étiquette, de personnalité, ni même de style", mais "principalement en raison du programme qui est annoncé", estime-t-il. Gabriel Attal, lui, a dénoncé "un simulacre d'ouverture" dans un courrier aux députés de son groupe ce lundi.

Une position que partage, donc, Guillaume Kasbarian, député Renaissance d'Eure-et-Loir et ministre démissionnaire délégué au Logement. Pas de ministre LFI "ne change rien au fait que LFI milite pour son programme, dont nous ne voulons pas", insiste-t-il. "Il prévoit le blocage des prix, l'abrogation de la loi anti-squat que j'ai portée. Est-ce que je suis d'accord ? Non."

Sur X (ex-Twitter), l'élu a ainsi partagé une photo de ses touches de vote à l'hémicycle, le "pour" enclenché, avec inscrit "motion de censure" en rouge. "Nous sommes prêts", écrit-il, raillant un tweet de Lucie Castets. "Vouloir voter une motion de censure immédiatement après la nomination d’un gouvernement de gauche, c'est démolir toute l’idée du front républicain. Ce que font les parlementaires comme Guillaume Kasbarian est très dangereux pour la démocratie", a fustigé le patron socialiste, Olivier Faure.

Député Horizons d'Indre-et-Loire, Henri Alfandari partage le point de vue de Guillaume Kasbarian. "Un gouvernement NFP ferait un programme d'extrême gauche dangereux, ça ne peut pas passer", estime-t-il.

Chez Les Républicains, même réponse. "Pour nous c'est non aux ministres LFI et non à un programme inspiré par LFI. Nous sommes opposés à leur participation à un gouvernement, comme à leurs idées", a maintenu Bruno Retailleau, le chef des sénateurs LR.

"Tourner la page"

Mais certaines voies au centre se distinguent. Sur X, le député non-inscrit (ex-Renaissance) Sacha Houlié estime que les élus du bloc macroniste "ne peuvent conserver la posture d'un rejet en bloc d'une gauche de gouvernement, qui revient à nier le scrutin", après la proposition de Jean-Luc Mélenchon. Dans l'autre sens, il juge que les élus "du NFP doivent proposer un programme de majorité relative".

À gauche justement, les dirigeants du Nouveau Front populaire maintiennent la pression sur le président de la République, pour faire advenir Lucie Castets à Matignon. Dans un communiqué, ce lundi, ils assurent qu'Emmanuel Macron "a pris acte de l'attente exprimée par la population, qui a placé le NFP en tête des élections, de tourner la page de la politique menée depuis sept ans". Mais il revient "désormais au Parlement et non à l'Élysée de former des majorités parlementaires texte par texte", écrivent-ils.

Guillaume Kasbarian, lui, dénonce un "coup de force" de la gauche :

On a besoin d'un gouvernement qui travaille avec le Parlement sur quatre ou cinq projets de loi sur lesquels on est capables de dégager une majorité. Pas qui arrive avec son rouleau compresseur en disant : "Voilà mon programme et je l'impose aux autres".

Guillaume Kasbarian

RTL

Il note d'ailleurs que les élus de gauche aussi "ont déposé des motions de censure depuis sept ans, ça s'appelle la démocratie parlementaire". Le ministre démissionnaire affirme ainsi chercher "quelqu'un qui nous donne les points de convergence sur lesquels on peut bosser". Loin, donc, de "l'attente de la population" de "tourner la page", comme défendue par la gauche.

La rupture tranquille

Député Renaissance du Cher, François Cormier-Bouligeon a écrit une lettre aux parlementaires "républicains sincères". Il y fustige La France insoumise, l'accusant de vouloir "instaurer un pouvoir autoritaire à la vénézuélienne", et d'avoir pour "objectif" d'"affaiblir puis abattre la République". Plus haut dans sa lettre, il reconnaît pourtant que "les républicains de toutes sensibilités" ont joué le jeu du barrage républicain. Y compris La France insoumise. Dans la 3e circo du Cher, département de François Cormier-Bouligeon, la candidate insoumise s'est désistée pour permettre à Loïc Kervran (Horizons) d'être réélu face au RN.

"Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons accorder notre confiance à un gouvernement qui comporterait des insoumis en son sein ou serait soutenu par LFI pour mener peu ou prou sa politique", écrit encore le député du Cher. L'élu affirme ne pas soutenir "un gouvernement soutenu par le bloc central et les gaullistes", mais plutôt une union allant des sociaux-démocrates à la droite républicaine qui aurait "l'avantage de la stabilité".

"Il faudra à l'ancienne majorité la volonté de regarder avec lucidité son bilan et sa gouvernance", ajoute-t-il, appelant de ses vœux un "dissensus contrôlé" et une reprise de pouvoir par l'Assemblée aux dépens de l'exécutif.

Puis, détaillant des priorités d'un futur gouvernement de coalition républicaine, François Cormier-Bouligeon dit vouloir "poursuivre" la politique macroniste dans les domaines économiques, industriels, sécuritaires, et sur les services publics. De son côté, Henri Alfandari donne comme priorité la constitution d'un budget. Comment ? "D'une manière ou d'une autre, en reconduisant ce qu'il y avait en 2024." Loin, là encore, de la fameuse rupture.

À gauche, les insoumis sont prompts à parler de "coup d'État", à l'instar du député originaire de Châteauroux, Antoine Léaument. Emmanuel Macron, de son côté, continue de recevoir des personnalités politiques, et de temporiser. Le nom du prochain locataire de Matignon devait être connu ce mardi 27 août, dixit l'Élysée la semaine dernière. Plus rien n'est moins sûr.

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