« Il était... une œuvre » nous emmène à la Fondation du Doute, à Blois à la rencontre d'une œuvre contemporaine de Daniel Spoerri qui a « immortalisé » les restes d'un repas. Le directeur de la Fondation du Doute répond aux interrogations de Louise, 10 ans, face à la série des 13 tables
Pour ce nouveau numéro de notre série « Il était... une oeuvre », Louise, part à la découverte d’une œuvre insolite de l'artiste, Daniel Spoerri. Une œuvre étonnante d’art moderne, dans laquelle l’artiste suisse s’est amusé à « figer » des fins de repas. L'originalité vient également du fait que les amis convives réunient autour d'une même table partagent leur repas entre signe du zodiaque identique.
Des assiettes vides, des restes de repas, des revues de presse, du pain rassis, des cendriers plein de mégots... Dressés à la verticales sur des panneaux en bois d'une couleur différente à chaque fois ces objets présentent « 13 tableaux-pièges astro-gastronomiques ». Douze tables piégées à la fin de repas organisés pour chacun des douze signes du zodiaque, la treizième table est piégée dans son état initial, prête à être utilisée .
C'est en mai 1975, que Daniel Spoerri prépare les repas avant de les partager avec ses convives au sein de la Galleria Multhipla; tenue à l'époque par le collectionneur Gino Di Maggio à Milan.
Chaque repas figé constitue une archive de chaque rencontre ; une sorte d’archéologie à la fois du repas élaboré qui utilise toutes les symboliques du signe, et des discussions illustrées par des documents, photos, textes, journaux laissés sur la table.
Ces tables figées s'inscrivent dans le mouvement d'art contemporain Eat Art initié par Daniel Spoerri lui-même. Ce courant artistique désigne des œuvres et actions qui mettent en scène la nourriture et nos habitudes alimentaires. Cette démarche désacralise et détourne le processus artistique qui rend l’objet immuable.
Le Eat Art est une déclinaison du mouvement plus général baptisé Fluxus. Ce courant artistique, né dans les année 60 aux Etats-Unis fait la promotion du non art avec humour et dérision.
"L'idée est de montrer le banal à l'opposé de l'idée de l'art qui démontre le beau et sublime le réel. Là on est vraiment dans la réalité" - Alain Goulesque, directeur de la Fondation du Doute