La représentation de Catherine de Médicis morte est très réaliste. Réalisé par le sculpteur florentin Girolamo della Robbia puis abandonné en 1566, ce chef-d'oeuvre de la Renaissance est prêté par le musée du Louvre au château de Blois jusqu'au 1er mars dans le cadre des 500 ans de la Renaissance.
Pour le conservateur en chef du château de Blois, Elisabeth Latrémolière, cette journée du 2 octobre est à marquer d'une pierre blanche.Son arrivée a été très émouvante. On la connaissait. on l'avait vue au Louvre. Mais qu'elle soit ici où le corps de Catherine de Médicis a été exposé après sa mort [en 1589], c'est comme si son âme revenait chez elle. Cela a quelque chose d'onirique.
L'équipe du musée du Louvre et celle du château de Blois ont mis trois heures pour installer l'effigie funéraire de Catherine de Médicis dans la chapelle Saint-Calais. Une opération très délicate.
" Cette sculpture fait partie des pièces auxquelles on fait le plus attention car elle a été fragilisée. On peut voir notamment des traces de coup de scie sur le marbre du drapé. Il a fallu la restaurer mais cela reste fragile. De même pour les veines qui courent le long des cuisses de la statue. Ce sont des veines intrinsèques au matériau qui pourraient faire fissurer le marbre d'où cette semelle qui permet d'assurer que l'oeuvre reste intacte lors de toute manipulation ", explique Frédérick Hiddley, régisseur d'oeuvres du département sculptures au musée du Louvre.
Une effigie pour le tombeau familial de la Basilique Saint-Denis
Catherine de Médicis, reine de France de 1547 à 1559, a commandé son effigie funéraire et celle de son époux, le roi Henri II en 1565 au sculpteur florentin Girolamo della Robbia. Ce gisant devait intégrer le tombeau familial à la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France.
Dans la tradition de ceux réalisés pour Louis XII et François 1er, le tombeau doit accueillir différentes effigies des souverains réalisées par les meilleurs sculpteurs du temps : le roi et la reine priant en costume de sacre couronnent la structure. Deux transis, représentations des corps morts des souverains, prennent place en partie inférieure.
Une oeuvre inachevée et abandonnée en 1566
En 1566, l'oeuvre de Girolamo della Robbia est abandonnée.
Plusieurs explications à cet abandon : soit le sculpteur a eu des problèmes techniques avec le marbre qui se fissurait soit le résultat n'a pas plu à Catherine de Médicis.
" L'aspect extrêmement réaliste de l'oeuvre a pu surprendre la reine. Elle va d'ailleurs commander à un autre artiste, Germain Pilon, un transi qui se trouve aujourd'hui au tombeau royal dans la Rotonde des Valois de Saint-Denis. Une statue de reine dénudée plutôt à l'antique avec un poli et de la chair. Pas du tout cet aspect cadavérique avec beaucoup de tensions où on voit les muscles. La sculpture de Della Robbia est très saisissante", confie la conservateur du château de Blois.
Un prêt exceptionnellement long du Musée du Louvre
L'effigie funéraire de Della Robbia sera présentée au public du 3 octobre 2019 au 1er mars 2020. "Normalement on ne prête les oeuvres que pendant trois mois pour des expositions temporaires mais là dans le cadre des 500 ans de la naissance de Catherine de Médicis, nous avons accordé un prêt exceptionnel de cinq mois jusqu'au 1 er mars 2020 au château de Blois", explique le régisseur du département sculptures du musée du Louvre.
Cette présentation exceptionnelle ouvre le parcours Catherine de Médicis et une série d'événements dans le Loir-et Cher consacrés aux 500 ans de la naissance de la reine de lumière.
Reportage de Marine Rondonnier, Marion Ptak et Gilles Engels :
Les intervenants :
- Frédérick Hiddley, régisseur du département sculptures du musée du Louvre
- Elisabeth Latrémolière, conservateur en chef du château de Blois
Colloque sur Catherine de Médicis du 21 au 23 novembre 2019
Du 21 au 23 novembre 2019, le château royal de Blois et le château de Chaumont-sur-Loire accueillent un colloque international sur Catherine de Médicis.L'objectif : participer au rétablissement de la réalité historique de cette reine qui souffre de l'image d'une femme autoritaire, acariâtre et jalouse du pouvoir.
Née en Italie, cette mère de trois rois et de deux reines ( dont la reine Margot) poursuit pendant plus de quarante ans une politique de tolérance qui se démarque par sa modernité.
D'un tempérament optimiste et conciliante, elle figure dans la mémoire collective comme l'incarnation de la noirceur, du machiavélisme et du despotisme.
Le colloque a pour objectif d'approfondir l'étude de la place de Catherine de Médicis dans la vie politique et culturelle de son temps et de dégager de nouvelles perspectives de recherche.
Près de 25 spécialistes, professeurs, conservateurs, chercheurs et doctorants en Histoire et Histoire de l'art dresseront un portrait inédit de cette souveraine au destin exceptionnel.