"Les éléphants sont partis mais il reste leurs traces" : la jeune garde du parti socialiste prête à prendre la relève

Ils n'avaient pas encore le droit de vote ou votaient pour la première fois en 2017, lors de l'élection présidentielle qui a porté Emmanuel Macron au pouvoir. Alors que les prochaines échéances régionales et nationales se rapprochent, les jeunes militants du PS rêvent de dépasser les querelles d'ego

Ils viennent de Gironde, de la Marne ou de Touraine, ont entre 19 et 25 ans et ont choisi de militer au parti socialiste. Une décision qui peut paraître étonnante, alors qu'une des premières expériences de leur vie d'électeur ou d'électrice a été l'accession au pouvoir d'Emmanuel Macron et la désertion de nombreux élus socialistes vers le parti présidentiel LREM. A Blois, ils sont venus au "Rendez-vous de la gauche d'après" avec la ferme intention de faire évoluer le paysage politique.
 

Des jeunes en première ligne de la "reconquête" du PS

"On a eu des difficultés pendant deux ans, ce qui est assez normal après 2017 et le départ de Génération.s, mais on est toujours présents dans les fédérations", diagnostique Inès Rabeï, animatrice fédérale du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) de Gironde. "Mais cet échec a laissé plus de place aux fédérations locales." Dans l'intervalle, les élections municipales de 2020 ont confirmé certains acquis de la gauche, comme Paris et Lille, et ont été le théâtre de la conquête d'autres fiefs, comme Tours (derrière la bannière d'EELV) et Marseille. De quoi redonner au parti socialiste un peu de sa superbe.

Mais cette reconquête de l'opinion publique reste fragile, constate la militante bordelaise : "Ça nous tient à coeur, au MJS, d’être partisans de l’union de la gauche et de montrer que le PS n’est plus ce qu’il était pendant le quinquennat Hollande. On tourne une page." Comme toujours, nuance-t-elle, "c'est laborieux d'être jeune en politique", mais "on a l'impression d'être de plus en plus écoutés !"
 

"On progresse sur le terrain des idées", renchérit Paul, également jeune socialiste girondin. "Certes les cadres sont des gens qui sont là depuis longtemps, mais il y a des sujets sur lesquels il y a de plus en plus de débat", poursuit-il, citant l'exemple du revenu de base, idée de Benoît Hamon "totalement décriée il y a trois ans, mais maintenant on en discute". Des discussions qui font écho à un "vrai besoin de gauche", que perçoivent ces militants dans la société.

"On nous écoute vraiment", confirme Léo Gore. Militant PS tourangeau âgé de vingt ans, il vient pour la première fois à l'université d'été du parti, et voit dans la gauche "une forme d'espoir". Aux dernières municipales, il figurait en 55e position sur la liste menée par Emmanuel Denis.
 

Les propositions que les jeunes peuvent amener, c'est pour leur futur, notre futur. Quand on voit cette rentrée des centaines de milliers de jeunes qui ne vont pas avoir de job, qu'on rajoute la crise climatique on se dit que la précarité ne va faire qu'augmenter. Il y a beaucoup de défis à relever.

Léo Gore, militant PS à Tours

 

"On aspire à assumer nos responsabilités"

De fait, le départ d'anciens cadres du PS qui "n'ont pour guide que leur propre destin", pour reprendre la formule du maire d'Issoudun André Laignel, a laissé un espace politique à une nouvelle génération aussi ambitieuse que son aînée. "Si on milite au PS, c'est parce qu'on s'est engagé dans un parti qui à la base était hégémonique à gauche", affirme Samir Lassoued, animateur fédéral des MJS du Val d'Oise de 23 ans et collaborateur parlementaire du sénateur Rachid Temal. "Si on se réaffirme comme le parti central à gauche, il y a un avenir pour nous, il y a une offre à faire aux jeunes pour s'engager", poursuit-il. "Nous si on est au PS c'est parce qu'on aspire à assumer nos responsabilités."

A côté de lui, Samir Hmissi acquiesce. Âgé de 20 ans il a quant à lui accédé aux postes de conseiller municipal et communautaire dans sa commune de Vitry-le-François, dans la Marne, à l'occasion des municipales. Même s'il se "refuse à tout jeunisme", il admet que les jeunes vont être amenés à prendre la relève. "La nouvelle génération est là, mais elle doit garder le temps long, elle doit apprendre d'une génération qui en a vu des vertes et des pas mûres", résume-t-il. "Les éléphants sont partis, mais il reste leurs traces !"
 

Pour 2022, la fin des "guerres de clans"

On continue comme avant alors ? Pas sûr. "Aujourd'hui le PS nous apprend une chose, c'est qu'on est plus dans les petites affaires de boutiquiers, ou les petits instants électoraux", poursuit Sami Hmissi. Un point de vue qui semble partagé dans les fédérations MJS, dont les militants répugnent à citer un candidat ou une candidate idéale pour 2022.

"On n'a pas de nom en tête", lance Inès Rabeï, qui déplore "qu'aujourd'hui, tout le monde à gauche essaie de tirer la couverture à soi". A l'inverse, ses camarades et elles préféreraient voir une candidature émerger à partir d'un projet de gauche commun. "Si on arrive à s'entendre à gauche, la personnalité viendra et suivra le mouvement commun. Je trouve que c'est une logique un peu plus belle que ce qu'on avait avec des guerres de clans en 2017."



 
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