A Blois, le parti socialiste a donné rendez-vous à "la gauche d'après", le thème de son université d'été

L'université d'été du PS se tient à Blois à partir de ce vendredi 28 août. Les socialistes espèrent une rentrée politique sous le signe de la renaissance. C'est l'occasion de retrouver sa légitimité en tant que principal parti de gauche après 3 ans de crise et des municipales  satisfaisantes.

Elle se tient d'habitude à La Rochelle, mais cette année l'université d'été du PS a lieu à Blois, au coeur du Loir-et-Cher. C'est là que le parti socialiste a donné rendez-vous à "la gauche d'après", dont il se voit toujours comme le moteur naturel. Le choix de Blois ne doit d'ailleurs rien au hasard, tant sur le plan politique que symbolique : son maire, Marc Gricourt, entame en 2020 son troisième mandat après sa réélection dès le premier tour juste avant le confinement, à la tête d'un rassemblement de la gauche blésoise.
 

 

Une gauche qui cherche à renaître

"La gauche est riche de ses diversités", analyse le maire blésois. "Nous partageons le même diagnostic sur la société, et je pense que nous partageons aussi 90% de nos objectifs." Pour les responsables socialistes, les élections municipales de 2020 sont à la fois une bulle d'air dans une atmosphère bien morose depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, et un avertissement.
 

Le constat des municipales, c'est que quand la gauche est unie, elle gagne. Quand elle ne sait pas être intelligente, mettre de côté les egos, eh bien elle perd !

Marc Gricourt, maire de Blois


C'est d'ailleurs exactement ce scénario qui s'est déroulé à Saint-Pierre-des-Corps, en Indre-et-Loire, où le bastion communiste aurait pu fêter ses 100 ans d'existence en 2020. A la place, il a été renversé par un candidat sans étiquette identifié comme divers droite, Emmanuel François, qui a balayé sans trop d'efforts les trois listes concurrentes du PCF, du PS et d'EELV.
 

Les municipales dans le rétro, les présidentielles à l'horizon

Et puis, au-delà des municipales, Marc Gricourt voit dans le choix de Blois et du Centre-Val de Loire, qui ont fêté l'an passé les "500 ans de la Renaissance", une symbolique bienvenue. "Je crois que la renaissance du PS à l'heure actuelle est quelque chose de réel", après une crise qui a failli emporter tout le parti au lendemain de l'élection présidentielle en 2017 et de l'échec du mandat de François Hollande. A l'époque, de nombreux cadres du parti avaient déserté ses rangs au profit du tout jeune mouvement "En Marche !", rebaptisé depuis LREM.

"Et c'est un choix qui pour beaucoup leur a été funeste !" plaisante de son côté André Laignel. Lui aussi socialiste, lui aussi réélu dès le premier tour avec une large majorité, le maire d'Issoudun et vice-président de l'Association des maires de France (AMF) sera également à Blois. "Les périodes de crise révèlent les caractère" ajoute le maire. "Les faibles qui n'ont pour guide que leur propre destin sont partis, les anciens et les solides sont restés."

Au contraire, l'année 2020 a été pour le PS "l'occasion d'un rebond, après de très grandes difficultés". Aux élections municipales, au-delà de quelques prises stratégiques, les élus de gauche ont globalement progressé ou conservé leurs acquis, là où LREM s'est retrouvée en pleine déroute. Symbole de ce renouveau, Tours a été conquise par EELV et les socialistes face à une alliance de la droite et de LREM.

"Personnellement, j'ai toujours dit que les municipales seraient la période charnière", abonde André Laignel. Une période où le PS ferait preuve "soit d'un déclin irrémédiable, soit de sa capacité à rebondir." Désormais, conclut l'édile, il incombe aux socialistes "d'être ceux  qui peuvent unir la gauche pour les élections de 2021 et de 2022. Nous sommes sur la voie de la reconquête" Mais avant d'en arriver là, les obstacles sont nombreux.

En premier lieu, la gauche en général et le PS en particulier peuvent compter sur un second souffle, alors que l'engouement suscité à gauche par Emmanuel Macron, lui, s'épuise après la crise des gilets jaunes, la répression des manifestations contre la réforme des retraites et désormais une crise sanitaire et économique mondiale. "Je ne crois pas que le pari 'ni droite ni gauche' d'Emmanuel Macron puisse tenir longtemps", analyse le sénateur Jean-Pierre Sueur, également ancien maire PS d'Orléans. "Il y a besoin d'une identité, d'une clarté" ajoute-t-il, "ce qui n'empêche pas de travailler les uns avec les autres."
 

Ce qui définit le PS et mon choix, ce sont deux valeurs : la justice et la liberté. Nous voulons une société de liberté et d'initiative, qui croit à la responsabilité et à l'entreprise. Je ne suis pas étatiste, l'État ne doit pas tout faire, mais il ne peut pas abdiquer de son rôle pour l'intérêt général.

Jean-Pierre Sueur, sénateur PS du Loiret

Le Centre-Val de Loire, "laboratoire de la gauche"

Mais pour transformer ce second souffle en mouvement de fond, le PS va devoir confirmer et renforcer son emprise territoriale, et sur ce plan la région Centre-Val de Loire est un véritable "laboratoire de la gauche", insiste son président François Bonneau. "C'est la seule région qui depuis 1998 possède une majorité qui associe la gauche, le centre-gauche et les écologistes." Dans les territoires, poursuit-il, "les élus PS font la preuve au quotidien de leur capacité à penser le monde de demain, à répondre aux défis de l’environnement, de la justice, de l’accès aux services publics."

"Il y a aujourd'hui un désir de rompre avec la société de consommation", pressent le président de région. "De rompre avec une société trop indifférente à l’impact environnemental, rompre avec une société qui crée de l’injustice, une société qui crée de l’hyper-concentration sur les métropole et abandonne les territoires ruraux." Et pour capitaliser sur ce désir, il espère bien voir les écologistes le rejoindre dès le premier tour de l'élection régionale.

En Centre-Val de Loire, "le travail de François Bonneau est reconnu par tous", appuie Jean-Pierre Sueur. "Notre image de marque, c'est celle du travail sérieux réalisé dans les collectivités sur les questions de l'éducation, de la solidarité, des transports notamment. On doit s'appuyer sur ce qui existe."
 

A gauche, l'équilibre des forces a changé

Sauf que de leur côté, les autres partis travaillant traditionnellement avec le PS ont également vu le paysage politique changer depuis 2017. Et du PCF au centre-gauche, la préoccupation écologique a gagné l'ensemble des différents courants. "L'écologie est devenue un sujet qui préoccupe les citoyens", analyse Charles Fournier,  3ème vice-président (EELV) de la région délégué à la Transition Écologique et Citoyenne et à la Coopération. "C'est le résultat d'un travail de fond, plus qu'une simple 'vague verte'."

Entre la crise climatique et les différentes crises politiques, économiques et sociales, "on a une responsabilité particulière pour les prochaines échéances". "Il ne s'agit pas de reconstruire la gauche version années 80, de faire juste un assemblage de logos", poursuit l'élu écologiste, mais d'une "reconstruction autour d'un projet écologique et social", proche des citoyens.

"On pourrait se rassembler dès le premier tour" avec le PS, lâche Charles Fournier, "mais l'équilibre n'est plus le même". Avec un rapport de force en leur faveur au lendemain des municipales, les écologistes ne monnaieront plus leur soutien au même prix politique. "On n'est plus à l'époque où un sortant se présente et dit 'rassemblez-vous derrière moi'", indique l'élu qui n'exclut pas de voir EELV rejoindre les socialistes, s'ils parviennent à s'accorder sur un programme et une liste commune.


 

"Quand il y a division, il y a défaite"

Outre les écologistes, le PS "d'après" va également devoir s'assurer le soutien de forces de gauche qui ne croyaient plus en lui depuis le mandat de François Hollande, comme les communistes, dont le parti est devenu centenaire en 2020. "Il y a eu une clarification au PS", remarque Emmanuel Léonard, secrétaire départemental du PCF dans le Loir-et-Cher, qui remarque que "les échanges se passent beaucoup mieux maintenant qu'il y a quelques années". "Beaucoup de monde est parti, mais j'aurais tendance à dire que ceux qui restent sont davantage identifiables à gauche.

Et justement, pour le PCF, les crises successives ont révélé un "besoin de gauche" et d'une "société post-capitaliste", qu'il s'agisse de l'urgence climatique, de la faillite de l'hôpital public ou du système de l'Éducation nationale. "La crise montre clairement les limites du système capitalise, et il y a un besoin de travail à gauche sur ces idées, et un besoin de se montrer davantage vis-à-vis de la population."
 

Pour les forces de gauche, quel que soit le point de vue et quelle que soit l'époque, quand il y a eu division il y a eu défaite.

Emmanuel François, secrétaire départemental du PCF 41


Que ce soit au niveau local, régional ou national, l'éternel défi à gauche reste donc de faire vivre le débat tout en parvenant à faire front commun quand la situation l'exige. En outre, le parti devra faire émerger des cadres nouveaux, jeunes et compétents pour reboucher les trous dans ses rangs. Et l'université d'été de cette gauche d'après, qui débute ce 28 août, devra bien d'une façon ou d'une autre répondre à ces deux questions.
 
 
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