Jeu vidéo : le Titanic comme si vous y étiez aux Rendez-vous de l'histoire de Blois

Le jeu vidéo Titanic : Honor & Glory, en cours de développement, a été présenté aux Rendez-vous de l'histoire de Blois. Objectif : restituer les décors et l'ambiance du mythique paquebot jusqu'au plus infime détail.

Nostalgiques du film Titanic de James Cameron et amoureux de l'histoire vont bientôt pouvoir se réconcilier. Une équipe internationale de passionnés reconstitue, depuis dix ans, les moindres détails du paquebot perdu en mer en 1912 pour en faire un jeu vidéo, ou plutôt un véritable "musée virtuel".

Le Titanic, manette en main

Pour en parler, deux spécialistes, l'historien Antoine Resche (également vidéaste sur la chaîne Youtube Histony) et Nicolas Murgia, directeur artistique historique du projet Titanic : Honor & Glory ont donné une "play-conférence" ce samedi 8 octobre lors des Rendez-vous de l'histoire de Blois. L'occasion de découvrir, manette en main, des décors parfaitement fidèles à ceux dans lesquels ont vécu, pendant quelques jours, les passagers de la White Star.

L'événement prenait place durant le "cycle" jeu vidéo, chapeauté pour la cinquième année consécutive par Mehdi Debbabi-Zourgani, enseignant en game design à la prestigieuse école des arts numériques Isart Digital. D'autres conférences ont eu lieu au cours du week-end, comme "L'imaginaire marchand à travers les jeux Anno" ou "Représenter la marine du 3e Reich dans les jeux de simulation depuis les années 80".

Des photos rares et des plans incomplets

Et les reconstituer n'est pas une mince affaire. "C'est la catastrophe la plus connue du monde, et on la connaît finalement très peu", observe Antoine Resche pour rendre compte du défi immense que représente l'opération. Lui même auteur d'un ouvrage sur le navire, l'historien déplore la rareté des sources fiables.

"Au cinéma, s'il y a un détail dont on n'est pas sûr, on peut le laisser hors-champ", abonde Nicolas Murgia. "Là, les gens peuvent explorer et pousser le maximum de portes."

Or, de façon assez surprenante, très peu de détails sont connus sur le paquebot le plus célèbre de l'histoire. Une grande partie est connue grâce au père Frank Browne, prêtre catholique de Dublin débarqué avant la traversée inaugurale de l'Atlantique.

Passionné de photographie, il a pu transmettre quelques clichés de l'intérieur du navire pris en mer d'Irlande, ainsi que de ses plans. La salle à manger de première classe, restituée dans le film de 1997, fait partie des lieux les mieux connus grâce aux photos d'époque.

Seul problème : une grande partie des plans en question, et de ceux qui ont été rendus disponibles plus tard, ne correspondent pas à la réalité du Titanic lancé en 1912 et continuellement modifié jusqu'à la dernière minute avant son départ du chantier naval de Belfast. Quant aux photographies de presse, "souvent il s'agit juste du capitaine, pris sous le même angle par tous les journaux", constate Nicolas Murgia.

À ces sources d'époque s'ajoutent des vidéos tournées dans l'épave au cours des années, ainsi que des documents postérieurs. Certains détails ont aussi été fournis par l'étude des deux navires "jumeaux" du Titanic, à savoir le Britannic (coulé en 1916) et l'Olympic (qui a servi quant à lui jusqu'en 1935... et a même coulé un sous-marin allemand en 1918).

Du mythe à la réalité

"Plusieurs fois, on a dû recréer des zones très mal connues, à partir de presque rien", poursuit Nicolas Murgia. "On a alors fait le choix de rajouter une pancarte pour expliquer que tel ou tel détail provient en fait de l'Olympic ou du Britannic."

D'autres fois, le souci de réalisme se heurte aux idées préconçues. La plupart des cabines les plus luxueuses du Titanic, loin de celles de Rose dans le film de 1997, sembleraient assez rudimentaires en 2022. Ou, pour citer Antoine Resche : "On n'en voudrait pas dans un Formule 1 !". De la même manière, les coursives paraissent bien plus étroites manette en main que devant un écran de cinéma.

Cette maquette virtuelle peut même être utile, par la suite, aux historiens ou aux amateurs, renchérit l'historien. Lors du naufrage, il s'est passé au moins 20 minutes entre le choc contre l'iceberg et le moment où l'architecte du navire, Thomas Andrews, se rend compte que le navire est condamné. "Quand on voit l'immensité du navire, quand on se rend compte du chemin à parcourir entre la passerelle, la cale, la salle des machines, on comprend que pour avoir une vision globale de ce qui est en train de se passer, 20 minutes c'est finalement pas si mal !"

Tout l'enjeu, c'est de remettre de la réalité dans une histoire qui est devenue un mythe. Le film de Cameron renvoie beaucoup plus au mythe qu'à la réalité.

Antoine Resche, historien et animateur de la chaîne Youtube Histony

Composé d'une dizaine de passionnés, le collectif THG n'en est pas à son coup d'essai : en 2013, ils avaient levé 20 000 euros pour la première mouture du projetDeux ans plus tard, après avoir choisi de changer de moteur graphique, ils ont cette fois réuni 60 000 euros grâce à un financement participatif sur Indiegogo.

En avril 2016, pour l'anniversaire du naufrage, ils ont réalisé une simulation en temps réel de la catastrophe, depuis le choc avec l'iceberg jusqu'aux derniers soubresauts du géant.

Aujourd'hui, une immense version de démonstration est disponible gratuitement en téléchargement. Cette "Demo 401", téléchargeable ici dans sa version 1.4, permet d'accéder à environ 30% de l'intérieur du navire.

Quant au financement, l'équipe de THG s'appuie sur un compte Patreon, sur lequel les personnes intéressées peuvent leur verser une petite somme mensuelle. Prochaine escale : la sortie de la version 1.5, qui donnera accès à 50% du paquebot.

Dans sa version finale, le jeu promet qu'il sera même possible de vivre le naufrage en réalité virtuelle, comme si vous y étiez. Même James Cameron n'en aurait pas rêvé.

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