Ils attendaient 400 saisonniers étrangers pour la récolte. En Sologne, de nombreux maraichers sont en colère. Le 20 avril, des centaines de Marocains devaient arriver, mais ils n'ont toujours pas de visa.
Tous les ans depuis 4 ans, James exploitant Bio à Controis-en-Sologne fait appel à des travailleurs agricoles étrangers pour prêter main forte à ses salariés locaux. L'objectif st simple, récolter à la main les fraises plantées sur ses 8 hectares. Celles-ci sont ensuite envoyées dans les biocops de proximité. Il recrute 45 personnes, pour cette haute saison 2022 (mai-juin).
Il y a beaucoup de volume qu'il faut cueillir en peu de temps, 7 semaines, sinon la récolte est perdue. En général, James fait appel à des Bulgares et des Marocains, mais seulement voilà, depuis le mois d'avril le visa des Marocains est bloqué.
Ce déficit de personnel peut être fatal pour mon entreprise comme pour de nombreuses entreprises,
James, producteur de fraises
Un peu plus loin, le voisin de James, lui aussi exploitant agricole, se dit très inquiet pour sa production de fraise étalée sur 20 hectares. "On risque de perdre la moitié de la production, car je devais recevoir des Marocains qui devaient ramasser cette moitié," explique-t-il dépité.
Les demandes de visas bloqués par le consulat français à Casablanca, une situation inacceptable pour les producteurs
Pour comprendre l'origine du blocage de visas marocains, nous avons contacté les ministères des affaires étrangères, puis de l’intérieur. Ces derniers nous ont assuré être pleinement "mobilisés sur le dossier pour faire face aux demandes de la profession agricole qui sont très importantes, particulièrement en cette période de printemps." On en saura pas plus.
Comme chaque année, le recrutement de TASE (Travailleurs Agricoles Saisonniers Étrangers) est anticipé dès le mois de janvier. Les demandes se font sur internet puis celles-ci sont envoyées au consulat français au Maroc à Casablanca. Sur place l’Office Français de l’immigration et de l’Intégration étudie et accompagne les demandeurs. Un visa est délivrée et permet aux Marocains de venir sur le territoire français.
Tout au long de l’année, la préfecture et les producteurs se concertent afin de trouver des solutions pour pallier au manque de main-d’œuvre en forte saison et limiter les saisonniers étrangers. "Nous proposons des actions de recrutement, par exemple en sollicitant des détenus volontaires ou des bénéficiaires du RSA" explique, le préfet du Loir-et-Cher, François PESNEAU.
Cela reste néanmoins insuffisant, pour la FDSEA, car se sont pas moins de 1200 cueilleurs qu'il faudrait recruter chaque année pour la saison : 600 locaux et 600 saisonniers étrangers.
"On continue à faire confiance à prendre des personnes qui sont volontaires mais cela ne suffit pas malgré toutes les bonnes volontés nous sommes obligés de faire appel aux travailleurs étrangers," explique James Le Boucher. Il ajoute "depuis 4 ans, je fais appel à deux femmes cheffes d’équipes marocaines qui encadrent le personnel dans les serres, elles connaissent nos méthodes de travail et surtout dans leur pays elles produisent aussi les mêmes fruits, les marocains savent travailler".
Une manifestation des producteurs est envisagé pour alerter les pouvoirs publics sur l’urgence de la situation.