À 31 ans, il va terminer sa 7ème saison à l’ADA Blois et sa première en Betclic Elite, le capitaine et meneur Thomas Cornely revient sur un parcours semé d’embuches, entre galères et désillusions avant de percer sur le tard dans les plus hauts échelons du basket français.
Quelques jours après leur dernière victoire à domicile contre Le Mans, l'ADA Blois est déjà de retour à l'entrainement avant son prochain match contre Limoges le mardi 25 avril. Une rencontre particulière pour le capitaine Thomas Cornely passé par Limoges plus jeune et qui s'est confié au micro de France 3 Centre-Val de Loire sur son parcours. Il revient sur ses espoirs, déboires et réussites avant d'aborder sa première saison dans l'Elite du basket français et les échances importantes à venir en cette fin de saison.
Premiers succès à Limoges
À 15 ans, Thomas Cornely se lance dans un BEP puis un bac pro mécanique en paralllèle du basket qu'il pratique depuis l'âge de 4 ans. Des études qui lui plaisent et qui font, petit à petit, passer le basket au second plan. Pourtant à 18 ans, le meneur loirétain est toujours dans le basket et fait deux essais à Strasbourg et Vichy, sans succès.
Dans ma tête, je ne me suis pas dit que j’allais être pro.
Thomas Cornely, meneur de l'ADA Blois
Le premier tournant arrive lorsqu’il part faire un tournoi international à Limoges, en 2009. "Ça a été le déclic", lance Thomas Cornely. Un gros tournoi à titre individuel mais aussi collectif car son club n’était pas du tout favori et jouait contre des équipes évoluant aux niveaux nationaux. "J’ai senti que là, il y avait des gens qui croyaient en moi dont Claude Bolotny à qui je dois beaucoup", admet le Loirétain. Claude Bolotny est un ancien joueur de basket professionnel désormais directeur du centre de formation du Limoges CSP.
Le club de Limoges le repère mais ne le recrute qu'un an après. Il intègre l’équipe espoirs de Limoges à 19 ans et "fait une bonne première année" mais la descente de l'équipe seniors en Pro B met brutalement fin aux espoirs de Limoges et à ceux du jeunes basketteur.
"Je suis retourné chez ma mère"
"Je me suis retrouvé à ne plus rien avoir", avoue le meneur. Néanmoins en 2011, un nouveau coach arrive en la personne de Frédéric Sarre et lui assure un rôle important dans la rotation en équipe première et un rôle clé en équipe réserve. Saison exceptionnelle pour les deux équipes qui montent, l'une en Pro A, l'autre en NM2 (National Masculine 2, 4ème division nationale).
Son président Frédéric Forte alors président du club convoque le jeune français pour faire le point sur sa saison. "Tu as perdu un an !", confie le président au petit jeune du groupe, jusque là persuadé d’avoir bien fait. Frédéric Forte reprochait à Thomas Cornély de ne pas s’être assez entrainé.
Une critique qui a étonné le Loirétain : "Je m’entrainais tous les jours alors que je sortais de Prénational (1ère division régionale) où j’avais deux ou trois entrainements par semaine. Je me suis dit ça y est je m’entraine tous les jours, je suis pro", admet Thomas Cornely. Il comprend l'année suivante au côté de joueurs expérimentés de l'époque à Limoges et prend vraiment conscience de ce que c'est d'être professionnel.
Tu te dis "ça y est, c’est bon, c’est parti", et puis j’ai pris une pris une claque
Thomas Cornely, meneur de l'ADA Blois
En 2012, certains transferts ne se font pas et "je me suis retrouvé sans rien, je suis retourné chez ma mère à Orléans. Je vivais basket pendant deux ans à Limoges puis je retourne chez moi, ça m’a fait bizarre", enchaîne Thomas Cornely.
Un premier transfert à l'ADA Blois en 2014
En 2014, après deux expériences en NM2 à Ormes (Loiret) et Coulommiers (Seine-et-Marne), il signe à l’ADA Blois en NM1 (troisième division nationale) en 2014 sous les ordres du coach Mickael Hay qui arrive à la mi-saison. Une finale de playoff perdue contre Vichy et "une première tarte", avoue le meneur loirétain. "Il y avait des objectifs dans le club et le coach Mickael Hay était très sévère à l’époque", se souvient l’actuel capitaine de l’ADA Blois.
Une sévérité que ne comprenait pas le meneur à l’époque devenu "un peu boudeur" et qui l’avait amené à se poser des questions sur son avenir : "À la fin de la première année, je voulais partir", admet-il. "Quand il [Mickael Hay] croit en quelqu’un, il va te pousser mais j’avais l’impression qu’il m’en voulait, il était toujours derrière moi. Maintenant, je le remercie, sans ça je n’aurai pas passé de cap", avoue Thomas Cornely.
Il sait se remettre en question et tenter autre chose, c’est top ! C'est davantage qu’une relation coach-joueur.
Thomas Cornely à propos de son coach Mickael Hay
En 2015, le Loirétain honore sa deuxième année de contrat et finit champion de NM1 avec Blois "je ne pouvais pas rêver mieux", se rappelle t-il. Le club ne le conserve pas ensuite, en partie à cause de règlements sportifs liés aux jeunes joueurs de moins de 23 ans.
Il part à Caen en NM1 avec un rôle important de premier meneur en 2016-2017 et finit de nouveau champion. "Un 'back to back' comme à Blois où je ne pensais pas que ça allait se refaire", se souvient-il. La saison suivante, en Pro B, il occupe encore un rôle de premier meneur et réalise sa première saison pleine dans la deuxième division française. Il finit d’ailleurs révélation de l’année en Pro B et premier passeur français.
Retour à l'ADA Blois en 2018
L'année suivante, il revient à Blois dans un contexte assez particulier où les Blésois, premiers avec plus de 80% de victoires ne sont pas autorisés à monter à cause d’un refus d’agrément de son centre de formation. "Dans mon contrat, j’étais soit deuxième meneur en Pro A, soit premier en Pro B. J’y ai cru à fond, ça aurait été le top du top de monter à cette époque-là", avoue le meneur français. Suivent ensuite deux saisons dont la deuxième en 2019-2020, terriblement frustrante, est interrompue à cause de la pandémie de covid-19.
"Celle-là a fait très mal. On avait un groupe de fou", se remémore le meneur français. "Ça été dur, quand on s’est revu après le covid, j’en ai même pleuré. On fait 23 matchs (19 victoires, 4 défaites) pour rien", admet-il amèrement.
"Gagner les playoffs, c’est un délire !"
Après deux échecs indépendants de sa volonté, l’ADA termine champion des playoffs en 2022. "L’année est folle", se rappelle Thomas Cornely. Une saison achevée en apothéose où individuellement, le meneur avait affiché un très haut niveau de performance finissant dans le 5 majeur (équipe type de Pro B et était nominé dans les trois meilleurs joueurs du championnat.
En plus de ces performances individuelles il note la récompense collective : "en plus de ça ton équipe est monté, ce n’est pas comme si ton équipe finit 8ème, c’est ça que j’ai adoré", déclare-t-il. Il se rappelle l'objectif que les dirigeants du club lui avaient fixés en arrivant : "À Caen, tu as fait une très bonne saison dans une équipe qui visait le maintien, maintenant le but c’est de faire une grosse saison dans une équipe qui cherche à monter", se rappelle-t-il.
"Gagner les playoffs, c’est un délire !" s'exclame le meneur français.Un scénario complètement fou au cœur d'une "belle aventure humaine".
Sa première saison en Betclic Elite
Thomas Cornely joue donc sa première saison dans l'Elite du basket français à 31 ans. Il explique les différences par rapport à la Pro B : "C’est un cran au-dessus à tous les niveaux. Ce n’est pas une chose particulière, ce ne sont que des détails qui font la différence. C’est plus fort partout".
À l’image de son équipe et après ces quatre premières victoires initiales, il y a eu un coup de "moins bien" entre novembre 2022 et mars 2023 (seulement deux victoires en quinze matchs), "on commençait à avoir des doutes mais je suis content parce que je n’ai pas eu de gros trous individuellement".
Le ALL Star Game comme bouffée d’oxygène
Dans une période compliquée en club, le ALL Star Game en décembre 2022 où il était nominé dans le concours des meneurs, lui a fait beaucoup de bien. "Ça m’a marqué et donné un petit coup de boost ! J’ai senti une reconnaissance des gens. D’être au côté des meilleurs joueurs et de sentir comment ils étaient avec moi, je me suis dit, ok, ce que je fais à Blois se voit et est reconnu", admet le meneur blésois.
Ensuite, des discussions en interne entre joueurs aident et permettent aux Blésois de revenir dans la course au maintien à partir du mois de février. Sur le plan personnel, le meneur de l’ADA monte en puissance ces dernières semaines. Notamment depuis la victoire contre Boulogne-Levallois où le joueur de 31 ans tourne en moyenne, sur les dix dernières rencontres, à 17,2 points d’évaluation par match et à 12,7 sur la saison.
Son match contre Pau (24,1 pts d’évaluation) restera sans doute comme un moment clé de sa saison quelque soit la finalité. Le meneur blésois était notamment l'auteur de deux tirs lointains sorti de nulle part pour arracher la victoire à Pau. Il raconte : "C’était un match important pour tout le monde. Tu vois le temps à la fin et tu te dis c’est maintenant ou jamais et tu lâches tout".
Le capitaine blésois affirme avec envie et dévotion son envie de maintenir l'ADA et lui permettre de vivre une seconde saison dans l'Elite du basket français : "Ça me tient à cœur de laisser le club en Betclic Elite cette année. Je mets tout en œuvre pour ne pas avoir de regrets", assure Thomas Cornely.
Un maintien à aller chercher
La fin de saison approche à grands pas et l’ADA se devra de négocier au mieux ses cinq derniers matchs pour assurer son maintien. Malgré sa bonne série de trois victoires sur les cinq derniers matchs joués, rien n’est fait pour le maintien où l’on espère du coté blésois que 12 ou 13 victoires suffiront. "Les équipes dernières sont toutes en train de gagner, Le Portel, Nanterre et nous sommes beaucoup mieux. Tout le monde est mieux en même temps", déclare le capitaine de l’ADA Blois. Il poursuit ensuite avec un discours bien connu du monde sportif mais pour le coup réaliste : "Il faut prendre matchs après matchs, je ne fais pas de calculs".
Pour l'ADA Blois, le prochain match, c'est à Limoges le mardi 25 avril avec un petit air de revanche pour Thomas Cornely ? "Pas forcément de la revanche mais... de l'envie ! De l'envie à fond et je suis content de retourner à Beaublanc ! Pouvoir refouler le parquet en Pro A avec mon club de coeur et mon club qui m'a ouvert ses portes à l'époque, je suis vraiment heureux", conclut-il.