L'association Blois Loisirs Organisation, basée dans les quartiers nord de la préfecture du Loir-et-Cher, a tourné une série de vidéos mettant en scène de faux harcèlements de rue. L'objectif : déclencher un débat public, mais aussi une prise de conscience.
La situation est terriblement banale. Une jeune fille attend le bus. Un jeune garçon l'aborde, lui demande son numéro, se montrant de plus en plus insistant. Autour d'eux, les badauds font semblant de ne pas les voir. Lorsque la scène tourne à l'agression, les réactions varient : certains se défilent, d'autres s'interposent. La palme du courage revient à un groupe de collégiennes qui s'en prend à l'agresseurs à grands cris : "Lâchez-la, lâchez-la."
C'est à ce moment-là que l'équipe de tournage se dévoile : agresseur et victime jouaient la comédie, et la scène était une expérience sociale pour jauger la réaction des passants. Le procédé, largement diffusé depuis quelques années dans les pays nordiques et en Belgique, a été mis en place par l'association Blois Loisirs Organisation, qui oeuvre dans les quartiers nord de Blois depuis le premier confinement. D'abord vouée à la distribution de colis alimentaire, l'association s'est diversifiée et renforcée au fil des mois, recevant notamment le parrainage du milieu offensif tourangeau Sofiane Diop, qui évolue à l'AS Monaco.
Pour que la honte change de camp
Les vidéos, comme l'explique Basekhou Cissé, président de BLO, on été tournées entre le 23 et le 25 février derniers avec la complicités de jeunes des quartiers nord de Blois âgés de 15 à 19 ans et de l'espace Mirabeau. Diffusées le 8 mars prochain à l'occasion de la journée des droits des femmes, ces vidéos auront pour but non seulement de "sensibiliser au harcèlement de rue", mais aussi d'interpeller et de "créer un débat entre jeunes, élus, acteurs sociaux, citoyens" autour de notre rôle à chacun dans la lutte contre ces violences.
L'idée, poursuit le bénévole, n'est pas seulement de provoquer, mais de proposer des solutions et d'interroger l'attitude de chacun. "Du côté des filles, on essaie de faire en sorte de donner des solutions pour se protéger, on leur dit de rester entourées, de ne pas avoir honte." Mais le travail est surtout à réaliser du côté des garçons : "Au moment de jouer le rôle de l'agresseur, souvent le garçon a honte", constate Basekhou Cissé. "Le but c'est qu'ils s'interrogent sur leur comportement, et qu'ensuite ils éduquent leurs petits frères, leurs amis..."