"La plupart des gens sont des cons". Cette petite phrase, enregistrée à son insu, a plongé Nicolas Perruchot dans le grand bain de la polémique. Il s'explique.
Ce sont de petites phrases qui ont fait grand bruit. Le 24 septembre, nos confrères de Marianne dévoilaient un enregistrement de Nicolas Perruchot, président du Loir-et-Cher, capturé lors d'une réunion privée avec les élus de sa majorité. En évoquant "La plupart des gens, pardonnez-moi, sont cons, énonce le président. On est face à des gens qui sont stupides. (...) Je le dis souvent, n'oubliez pas qu'on s'adresse à des CE1 ou des CE2."
Nicolas Perruchot avait, dans un bref communiqué de presse, démenti ces propos et dénoncé "une manipulation d'un enregistrement réalisé à l'insu des personnes présentes". Pour sa première déclaration publique, le président du Loir-et-Cher était sur le plateau du 12/13 de France 3 Centre-Val de Loire.
"C'est une manipulation, je le dis et je le redis formellement. J'ai parlé plus d'une heure, et là vous avez 48 secondes qui sont montées, à mon insu et à mon détriment. (...) On remonte quelques phrases, en prétendant que c'est un enchaînement" a asséné l'élu départemental. Il a formellement présenté ses excuses aux personnes choquées par les propos tenus, "mais ce n'est pas le fond, ce n'est pas la vérité, et ce n'est pas exaxctement ce que j'ai dit."
Nicolas Perruchot dénonce une machination
Nicolas Perruchot a dénoncé une volonté de lui nuire, dans le cadre des élections départementales de 2021. "Depuis plusieurs mois, je sens qu'on m'espionne, qu'on m'écoute" estime le président qui a sans surprise accusé ses opposants politiques, le Parti socialiste, d'être à l'origine de l'utilisation de ce sonore, pourtant capturé dans une réunion de la majorité.
"On trouvera qui a fait cet enregistrement, car ce n'est pas habituel, et c'est assez dégueulasse. Cela instaure un climat très particulier, délétère. Ce ne sont pas des pratiques qu'on accepte, c'est dangereux pour la démocratie" a martelé M. Perruchot. Il a annoncé le dépôt de deux plaintes, pour atteinte à la vie privée, et afin d'identifier la personne à l'origine de l'enregistrement.
"J'aime ce département, j'y suis élu depuis plus de 20 ans, j'aime ses habitants et je travaille beaucoup pour eux (...). Je n'en veux pas aux médias [qui ont diffusé l'enregistrement], ils font leur travail et je connais la politique. J'en veux au parti socialiste, qui va utiliser des méthodes délétères pour nuire à l'image du Loir-et-Cher, et à mon image." a-t-il conclu.
"J'ai passé l'âge de faire des missions impossibles" : le PS se dit choqué
Frédéric Orain, premier secrétaire fédéral du Parti Socialiste dans le Loir-et-Cher, a vivement réagi aux accusations portées par Nicolas Perruchot sur notre plateau. "J'ai la stupéfaction de voir que M. Perruchot a le toupet de citer le Parti Socialiste, et même mon nom dans cette affaire. Je suis abasourdi, et assez en colère. Je me pose la question d'attaquer M. Perruchot en diffamation : je n'ai ni enregistré, ni publié cet extrait" entame le patron de l'opposition.
L'enregistrement provient d'une réunion de majorité, Frédéric Orain rappelle "que le PS n'est pas invité aux réunions de majorité de conseil départemental, à première vue je ne suis pas en odeur de sainteté chez eux. Sérieusement, j'ai 45 ans, j'ai passé l'âge de faire des missions impossibles." La thèse du montage malveillant lui paraît elle aussi bancale puisque "selon Marianne, plusieurs conseillers départementaux ont confirmé ces propos."
S'il reconnaît volontiers que la méthode puisse choquer, il doute du bien-fondé des plaintes annoncées par M. Perruchot. "Je ne vois rien qui touche à la vie privée de Mr Perruchot. En aucun cas, le département n'est remis en cause, c'est la vision que Mr Perruchot a de ses électeurs et c'est là le problème. Devant votre journaliste, il nie avoir dit [ces mots], puis il reconnaît qu'il les a dit, mais pas vraiment, mais peut-être... Ça va commencer à se voir qu'il nous prend pour des crétins."
Frédéric Orain comprend-il qu'en cette période pré-électoral, M. Perruchot puisse porter ses soupçons sur l'adversaire politique ? "Vous connaissez l'adage : "Gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge." Il y a des gens dans la majorité de Perruchot qui visiblement ne le suivent pas, et il y a peut-être des motifs à ça. J'aimerai que M. Perruchot laisse le Parti Socialiste et moi-même en dehors de ces histoires, et j'appelle de nouveau solennellement à sa démission, tout simplement. C'est lui qui affaiblit l'institution. S'il aime vraiment les habitants de ce département, il doit partir."