Le camping mène la danse dans le secteur du tourisme. Et ceux qui misent sur une "expérience" et le luxe tirent leur épingle du jeu.

Pourquoi les Français aiment-ils autant le camping ? Selon les diverses études commandées par des entreprises du secteur depuis plusieurs années, près de sept Français sur dix seraient allés camper ces cinq dernières années, et une large majorité aurait une opinion favorable de cette manière de prendre ses vacances.

Alors oui, le camping séduit surtout lorsqu'il est en bord de mer, et a planté sa tente dans notre imaginaire comme un idéal de vacances accessibles et populaires, comme le montre sa présence sur le grand écran et la petite lucarne. Mais si le camping hérité du Front populaire et de la naissance des congés payés a le vent en poupe, c'est aussi parce qu'il a su se réinventer et monter en gamme.

Tourisme vert et hébergement insolite

Dans une autre vie, Jean-Yves Bellet était directeur de groupe scolaire. En 2019, ce Normand passionné par la nature a repris un camping à Nazelles-Négron, près d'Amboise, au cœur de la Touraine. Depuis, et malgré le passage de la crise sanitaire, ce "camping municipal qui vivotait" est passé de 3000 nuitées annuelles à plus de 8000, et a quintuplé son chiffre d'affaires.

Son pari : monter en gamme et proposer un accès incomparable à la nature. Outre les 60 emplacements, le camping des Pâtis propose une dizaine "d'hébergements insolites", en toile et bois, en pleine nature. "On a aussi fait classer le camping en refuge de la Ligue de protection des oiseaux, et on organise des séances de cinéma en plein air, souvent des documentaires animaliers ou des films de voyages, d'aventure", énumère le directeur.

De fait, de plus en plus de structures font le choix de l'éco-tourisme. Des campings "verts", comme ceux labellisés par le groupe Huttopia & Cie, attirent des touristes en quête de reconnexion avec la nature, au milieu des prairies, au bord des étangs ou dans les arbres.

"Glamping" à deux, "glamping" heureux

Cet hébergement insolite, qui s'approche du haut de gamme et prend parfois le nom de "glamping" (fusion de "glamour" et "camping") a le vent en poupe. Cabanes perchées dans les arbres, bungalow en pleine forêt ou au bord des étangs, cette nouvelle façon de prendre des vacances allie le confort et l'esthétisme des hôtels à la connexion avec la nature.

Et visiblement, la formule séduit. Selon l'Insee, en 2023, les campings ont enregistré près de 133 millions de nuitées en France (en croissance de 3,9%) dont 2 millions et demi dans le Centre-Val de Loire, en croissance de 14,9%. Si la majeure partie des campeurs reste française selon la synthèse 2023 de la région Centre-Val de Loire, le camping attire de plus en plus les touristes étrangers, en premier lieu les Néérlandais et les Britanniques.

Des clients en quête de sens

Ce qui a permis au camping de tirer son épingle du jeu, c'est précisément "la montée en gamme, tout en restant accessible et populaire", résume Laurent Cherrier. Directeur du camping des Saules à Cheverny, il est également président de la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein air (FNHPA) pour le Centre-Val de Loire. Et depuis 2020, il a vu l'offre évoluer, mais aussi la demande.

"Aujourd'hui, les modes de vacances ont évolué et se croisent", explique Laurent Cherrier. Plus flexibles, ces "nouveaux campeurs" peuvent tout à fait passer un week-end à l'hôtel, suivi d'une semaine en camping. En revanche, hors de question de se contenter de leur louer un emplacement ou un mobile-home.

"Les clients veulent donner du sens à leurs vacances" note Laurent Cherrier. Et de plaisanter : "c'est plus vertueux pour un citadin de partir à la campagne que de prendre l'avion pour se retrouver à l'étranger dans un hôtel où il n'y a que des Allemands !"

 La force du camping, c'est qu'on vent une expérience. L'idée c'est que quand vous allez repartir, vous aurez encore des étoiles dans les yeux.

Laurent Cherrier, président Centre-Val de Loire de la FNHPA

"On vend une expérience unique et différenciante", note Laurent Cherrier. Par conséquent, "on ne parle pas à tout le monde, on thématise". La différence : l'accessibilité, l'humain, mais aussi le lien social. "Un patron peut se retrouver à faire sa vaisselle à côté d'un ouvrier, sans le savoir !"

Des sardines en argent massif

Même si la plupart des campings restent accessibles, beaucoup ont trouvé dans cette montée en gamme et une offre "cinq étoiles" le bon filon. Cette offre a été dopée par le fait que, moins sinistrés par le covid et la perte de leur clientèle étrangère que le reste de l'hôtellerie, les campings ont pu continuer d'investir grâce à la fidélité de leurs clients français.

Par exemple, le groupe Sandaya, qui exploite deux campings en Centre-Val de Loire et 62 à travers l'Europe, propose des chalets à partir de 120€ la nuit pour deux personnes au Château des Marais, près de Chambord. À Pierrefitte-sur-Sauldre, les "lodges" et "cottages" du camping Les Alicourts se louent à partir de 220€. Chez Loire Valley Lodge, en Touraine, vous pouvez passer une nuit dans les arbres moyennant 390 à 500€.

Alors que l'hôtellerie remonte encore la pente de la crise sanitaire, les vacances en plein air, surtout lorsqu'elles allient le luxe et l'environnement, ne sont donc pas prête de décamper.

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