En temps normal, les classes dites Ulis offrent à des enfants en situation de handicap une prise en charge personnalisée. Des habitudes bousculées par le confinement à cause de l'épidémie de Covid-19. Un professeur d'Ulis du Loir-et-Cher explique ses méthodes pour assurer la continuité pédagogique.
ULIS. Quatre lettres pour un sigle encore peu connu. Les Unités Localisées d'Inclusion Scolaire - ce nom est apparu en 2015 pour décrire une réalité plus ancienne - "permettent la scolarisation dans le premier et le second degrés d'un petit groupe d'élèves présentant des troubles compatibles", selon les explications du site de l'Education nationale.
Concrètement, une Ulis permet l'enseignement à des élèves, dont les troubles ne permettent pas de suivre correctement un cursus dit classique, de progresser à leur rythme en suivant un enseignement personnalisé. Pas de programme à respecter à la fin de l'année, juste un suivi poussé et des acquis adaptés.
Une personnalisation qui doit faire face à l'épreuve du confinement et de l'école à la maison.
C'est le cas pour les dix élèves de l'Ulis du collège Saint-Joseph de Mer, dans le Loir-et-Cher. Cette classe accueille des adolescents âgés de 12 à 16 ans, souffrant de troubles des fonctions cognitives. "Ce sont des élèves reconnus handicapés, ce qui a de répercussion sur leurs capacités d'apprentissage", explique Jean-Baptiste Gilles-Choquet, professeur chargé de l'Ulis.
"Des adolescents qui suivent un programme de primaire"
Son maître mot : "adaptation". "C'est marqué sur ma fiche de poste, je suis professeur spécialisé dans l'adaptation scolaire", abonde-t-il. Une spécificité nécessaire face aux élèves. "Ce sont des adolescents qui suivent un programme de primaire."
Pour lui, l'adaptation c'est "lever les freins à l'apprentissage des programmes", et le renforcement des fondamentaux en mathématiques et en français, deux matières dont il assure l'enseignement. L'adaptation, c'est aussi intégrer ces élèves aux classes du collège "en SVT, en musique, en arts plastiques ou en histoire, selon leurs capacités".
Alors pour une telle classe, le confinement peut ressembler à un défi de plus. Jean-Baptiste Gilles-Choquet considère de son côté que c'est "pousser l'adaptation" un cran plus loin.
Rassurer malgré la distance
Première mesure : l'échange. Le centre national d'enseignement à distance a mis à disposition un outil de visioconférence pour le confinement, qui permet aux enseignants de garder un contact direct avec leurs élèves et d'assurer la continuité pédagogique. Avec comme but de ne pas perturber les enfants selon le professeur :
Alors chaque jour, Jean-Baptiste Gilles-Choquet et son auxiliaire de vie scolaire passent entre 30 et 45 minutes en visioconférence individuelle avec chaque élève, accompagné par un parent, un frère ou une soeur. Il leur propose un plan de travail, et implique la famille dans l'apprentissage. "Je ne peux pas vérifier directement ou les aider autant que je voudrais", regrette-t-il ainsi.Certains ont des difficultés avec le changement, et ce changement là est très fort. D'autres ont créé une cloison entre ce qui se passe à la maison et ce qui se passe à l'école. On est dans une nécessité de décloisonner. Les troubles, c'est ça : la difficulté face à l'imprévu.
Accompagner les parents
Surtout quand d'autres difficultés apparaissent, comme "les connexions internet pourries, les vidéos qui ne fonctionnent pas ou certains qui ne sont pas à l'aise avec l'informatique. Au collège, on a des bons outils pédagogiques, à distance c'est compliqué."
Tout aussi compliquée, voire impossible, est la confection de programmes complets individuels. Jean-Baptiste Gilles-Choquet avoue déjà une surcharge de travail depuis le début du confinement, qui l'empêche de faire tout ce qu'il voudrait.
Pour le moment, sa stratégie semble fonctionner. Il envoie chaque jour les exercices adaptés avec les consignes aux parents, et les appelle le soir. "L'objectif, c'est que les enfants restent la tête au travail, et qu'ils se rendent compte qu'on est là pour eux." Là est peut-être le principal.On devrait pouvoir faire le maximum, mais on ne peut pas non plus expliquer les méthodes pédagogiques aux parents. Tu ne peux pas leur demander de faire classe à ta place avec des élèves à besoin particuliers. Mon boulot, c'est de me rendre compte au fur et à mesure ce qui ne va pas.