Lors du CSE central jeudi 25 juin, l'équipementier aéronautique Daher a annoncé la suppression de 1300 postes en France et le désengagement du groupe de l'usine de Saint-Julien-de-Chédon dans le Loir-et-Cher. Avant de céder le site, Daher devrait supprimer une cinquantaine de postes d'ici deux ans.
On l'a appris dans la presse. On a peur pour nos emplois mais on ne sait pas grand chose.
Les salariés de Daher à Saint-Julien-de-Chédon savaient que des emplois allaient être supprimés en France.
Vendredi 26 juin, au lendemain du CSE central, ils ont appris un peu par hasard que 50 postes sur 350 seraient menacés à Saint-Julien-de-Chédon et que l'usine allait être vendue.
" C'est dommage de perdre notre savoir-faire. On a peur pour nos emplois mais y a pas grand chose à faire. Dans les couloirs, il se dit que Saint-Julien va fermer", confie Richard Armel, salarié de chez Daher à Saint-Julien-de-Chédon.
Des négociations pour limiter le nombre de licenciements
Ce vendredi 26 juin, s'est ouvert le Plan de sauvegarde de l'emploi. Les négociations vont durer jusqu'à la fin de l'année. "L'objectif est de limiter la casse et d'éviter que le site ferme. L'aéronautique va redémarrer c'est sûr et c'est dommage de perdre les compétences de Saint-Julien".Benjamin Ouine est délégué syndical CGT Daher à Saint-Julien-de-Chédon. Pour lui, cette annonce n'est pas une surprise même si le manque d'informations pèse sur les salariés. " Y a des bruits qui courent dans tous les sens. Les salariés se posent beaucoup de questions. C'est un mauvais climat pour le travail." Et il ajoute : " Cela fait des années que le site est en danger. La crise n'a fait que renforcer le problème. On a un site qui fait de la recherche et du développement, ce qui coûte cher au groupe."
Des familles entières risquent d'être touchées dans le village
Dans le petit village de Saint-Julien-de-Chédon dans le Loir-et-Cher qui compte 773 habitants, l'annonce de la suppression de postes chez Daher est une catastrophe.Pour Michel Leplard, maire de la commune, la décision du groupe est incompréhensible : " C'est un centre de recherche et de développement qui est une référence au niveau du groupe. Pourquoi vouloir s'en séparer ? "
Et quand on lui dit que le groupe de veut pas fermer l'usine mais la vendre, il reste dubitatif : "Même s'ils parlent de revente, la menace de fermeture est beaucoup plus réaliste. Il ne faut pas se le cacher. "
Une cinquantaine d'emplois menacés sur 350 équivalents temps plein
Quand le groupe Daher a annoncé vouloir se désengager de l'usine de Saint-Julien-de-Chédon, Michel Leplard a tout de suite pensé à toutes les familles concernées. " C'est une usine ancienne. Donc ce sont des familles entières qui travaillent. Vous avez le mari, la femme, les enfants... C'est une catastrophe au niveau des familles. Ce sont de nombreux drames humains que je vois arriver. "Un bassin d'emploi touché de plein fouet
Daher compte trois usines dans le Loir-et-Cher : Saint-Julien-de-Chédon, Salbris (15 à 20 salariés) et Montrichard qui emploie une centaine de personnes dans le secteur logistique et défense."Nous ne sommes pas concernés directement par des suppressions de postes mais le bassin d'emploi va être touché. Et quand le groupe commence à vendre des usines aussi compétentes et stratégiques que Saint-Julien nous ne pouvons être qu'inquiets", confie Damien Hainault, le maire de Montrichard, à un peu moins de 40 kms de Saint-Julien-de-Chédon.
" Quel est l'intérêt pour un groupe de se séparer d'une entité très performante ? Les salariés de Saint-Julien peuvent produire des plans et les réaliser immédiatement. C'est la seule usine en France en capacité de faire ça. "
Cette annonce intervient quelques mois seulement après la décision des laboratoires Boiron de fermer le site de Montrichard.
69 personnes devraient perdre leur emploi d'ici le 31 décembre 2021.
Daher, victime collatérale de la crise sanitaire
Le groupe avait annoncé la suppression de 1300 postes en CDI en France, 3000 en comptant les intérimaires et les prestataires. L'équipementier aéronautique a dû faire face à une baisse de chiffres d'affaires de 300 à 400 millions d'euros.La cause ? La baisse des commandes de son principal client Airbus, affaibli par la crise sanitaire.
Didier Kayat, directeur général de Daher a annoncé vouloir limiter le nombre de licenciements et ne pas dépasser la barre des 1000 suppressions de postes. " Nos usines ne tournent aujourd'hui en moyenne qu'à 55% de leurs capacités. Notre usine de Nantes (thermoplastique pour l'A350) n'est encore aujourd'hui qu'à 25%. Dans deux à trois ans, en sortie de crise, Daher aura encore un tiers de surcapacités industrielles si on ne fait rien. Nous avons clairement un problème de surcapacités industrielles en France et nous devons adapter le groupe à sa charge prévisionnelle, "a-t-il déclaré dans la Tribune.
Rendez-vous avec la direction lundi 29 juin
La direction du groupe Daher s'est engagée à ce que le site de Saint-Julien-de-Chédon ne ferme pas.Didier Kayat, Directeur général de Daher a déclaré à l'AFP: "On va mandater un cabinet spécialisé dans la reprise des sites industriels pour faire perdurer l'activité industrielle dans le département et limiter l'impact sur l'emploi. Il ya déjà eu des marques d'intérêt d'équipementiers".
Lundi 29 juin à 7 h du matin, les salariés vont sortir de l'usine pour accueillir des représentants de la direction attendus à Saint-Julien-de-Chédon.