Une table ronde se tenait ce mercredi 20 septembre, au sein de la commission des affaires culturelles et de l'éducation. Les députés accueillaient des représentants du personnel de l'Éducation nationale. Leurs constats sur l'école ont été mal reçus par certains élus, et la séance due être suspendue.
À l'Assemblée nationale, la rentrée politique n'est pas arrivée, mais l'ambiance est déjà plus qu'électrique. Ce mercredi 20 septembre, députés et représentants syndicaux de l'Éducation nationale se retrouvaient pour une table ronde, à la commission des affaires culturelles et de l'éducation (la vidéo est disponible en ligne).
Une table ronde lors de laquelle les représentants des personnels des principaux syndicats, de la CFDT à Sud en passant par la CGT, ont dressé un bilan plus que mitigé de la rentrée scolaire. "Toutes nos organisations ont pointé les problèmes rencontrés à cette rentrée : crise du recrutement, salaires, conditions de travail, inclusion et situation des AESH", listent les syndicats dans un communiqué postérieur à la table ronde. Autant de sujets qui travaillaient déjà parents et personnels avant la rentrée, et qui ne semblent pas prêts d'être résolus.
"Sketch des Inconnus"
Les constats apportés à l'Assemblée par les syndicats n'ont pas été reçus par une approbation unanime, loin de là. Lors d'une salve de questions d'élus, Véronique Riotton (Renaissance) a regretté "le ton caricatural" qu'auraient utilisé les représentants des personnels éducatifs, qui "n'honore pas le corps professoral que vous êtes censés représenter". La députée a enfoncé le clou, demandant aux syndicats de "reconnaître lorsque nous faisons avancer les sujets", citant notamment la revalorisation des salaires des enseignants.
Quelques minutes plus tard, le député RN Julien Odoul enfonce le clou, décrivant des "propos choquants", qui pouvaient, selon lui, "s'apparenter au sketch des Inconnus sur la grève du lycée". Sketch dans lequel un professeur syndicaliste ne semble pas vraiment savoir quelles sont ses revendications, ce qui ne l'empêche pas de protester.
"Interventions riches et animées"
Côté Nupes, les parlementaires se sont rangés du côté des syndicats, Iniki Echaniz du parti socialiste tenant à "remercier les enseignants". Alexandre Portier, des Républicains, a quant à lui salué des "interventions riches et animées", dans un rictus mal dissimulé.
Députée communiste, Elsa Faucillon est passée la première à l'offensive. "J'avoue ne jamais avoir entendu de députés accueillir de cette manière des représentants de personnels", a-t-elle fustigé.
Après ces interventions, la parole est revenue aux syndicalistes. "Je suis choquée des propos que vous avez tenus envers les représentants des personnels que nous sommes", a commencé Guislaine David de la FSU. Et de continuer :
Oui, nous sommes des représentants des personnels, nous avons été élus. Vous méprisez les personnels que nous représentons.
Guislaine David, FSU
Sa collègue de la FSU Sophie Vénétitay renchérit : "J'ai pu amener des élèves ici, à l'Assemblée, avec l'idée de leur faire découvrir ce que c'est que la démocratie, le respect des institutions et des élections. [...] Par vos propos, non seulement vous méprisez les organisations syndicales, les personnels, mais aussi la démocratie."
Vient le tour de Jean-Rémi Girard, président du SNALC, qui note l'absence d'un grand nombre de députés, avant de lancer : "Je ne doute pas que ceux qui ne sont pas là regarderons le replay."
"La honte"
La joute verbale aurait pu s'arrêter là. Mais, lors de la deuxième session de questions des députés, l'élu Rassemblement national de Loir-et-Cher Roger Chudeau est revenu sur le comportement des syndicats, dénonçant "l'aigreur des propos tenus" qui rendrait "inopérante ce type de réunion" :
Nos hôtes n'ont pas compris où ils sont ni à qui ils s'adressent. Que madame de la FSU, vous vous permettiez de nous faire une leçon de démocratie est à la fois ridicule et totalement déplacé. Que monsieur du SNALC ironise sur l'absentéisme des députés est ridicule et totalement déplacé.
Roger Chudeau, député RN de Loir-et-Cher
Le député a conclu en enjoignant les syndicats : "Que vous vous mettiez au niveau, et que vous baissiez d'un ton."
Il n'en fallut pas plus. L'ensemble des syndicalistes quittent la commission, pendant que la députée LFI Sophie Legrain prend la parole pour témoigner de sa "honte" de "voir [ses] prétendus collègues parler de cette façon". L'élue s'en prend alors à la présidente, Isabelle Rauch, députée Horizons, qui aurait "légitimé des propos insultants, et permis l'intervention du collègue Chudeau pour en rajouter une couche". Après une passe d’armes éclair entre les deux, la présidente suspend la séance. Qui ne reprendra jamais.
Sur X, ex-Twitter, Roger Chudeau a dénoncé un "climat délétère" lors de la table ronde, estimant que "les syndicalistes manifestement ont une autre conception de la démocratie" que lui. Les organisations syndicales enseignantes ont, de leur côté, rédigé une lettre à la présidente de l'Assemblée nationale, se disant "heurtés et choqués", et espérant "une réponse qui confortera les principes élémentaires du débat et de la démocratie". Qui aurait cru que la rentrée politique serait plus mouvementée encore que la rentrée scolaire ?