Dans le Loir-et-Cher, trois fauteuils de députés sont remis en jeu. Jusqu'ici, deux étaient occupés par la majorité présidentielle. Le dernier est lui aux mains du Rassemblement national qui entend, a minima, conserver la circonscription grâce à un pacte de "non-agression" conclu avec Les Républicains.
Aux élections européennes, la liste RN de Jordan Bardella est largement arrivée en tête avec 37,21% des voix. Dans ce département hétéroclite qui compte à la fois des villes moyennes comme Romorantin, Vendôme et Blois mais aussi des zones rurales comme la Sologne et la vallée du Loir, on fait le point sur les candidatures aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains.
1ère circonscription
Dans la première circonscription de Blois actuellement détenue par la majorité présidentielle élargie, c'est sans surprise que Marc Fesneau, candidat Modem au dernier scrutin, annonce rempiler pour un nouveau mandat. Nommé ministre de l'Agriculture en mai 2022, le siège était donc jusque-là occupé par sa suppléante, Mathilde Desjonquères.
Fort des résultats de 2022 où il avait obtenu 56,47% des voix, pour Marc Fesneau, se représenter est "une évidence" malgré la concurrence de la coalition de gauche qui pourrait, comme en 2022, le talonner de près voire le faire basculer. "C'est la configuration de l'extrême gauche contre l'extrême droite", commente le ministre de l'Agriculture joint par téléphone, qui dit faire "confiance aux citoyens qui prendront leur décision en se demandant si le programme est crédible ou pas."
Aux dernières législatives, la NUPES avait présenté un candidat de la France Insoumise sur la circonscription de Blois, Réda Belkadi, qui avait obtenu 43,53% des voix au second tour. Et visiblement, la nouvelle union de la gauche baptisée Nouveau Front populaire (NFP) entend aujourd'hui recourir à la même stratégie, puisque c'est encore une fois le candidat LFI qui est investi pour tenter de contrer Marc Fesneau le 30 juin prochain.
Une surprise sur cette circonscription blésoise, bastion socialiste, où le Nouveau Front populaire aurait pu désigner le maire PS de Blois Marc Gricourt qui avait annoncé sa candidature à l'investiture au soir de la dissolution de l'Assemblée nationale. "J'en prends acte", a déclaré l'édile dans un communiqué, qui estime malgré tout que sa "notoriété" et sa "crédibilité auraient pu être à même de défier le député sortant ministre de l’Agriculture et damer le pion à l’extrême droite". " Sans amertume, mais pas sans incompréhension, je souhaite la victoire du NFP", conclut-il.
C'est donc Réda Belkadi, déjà candidat en 2022, qui a de nouveau été choisi pour représenter le Nouveau Front populaire. Le délégué départemental de la France insoumise refuse de rentrer dans un débat de "politique people". " La question ce n'est pas : est-ce que Marc Gricourt est meilleur que moi ? Est-ce que je suis meilleur que Marc Gricourt ? Le débat c'est : est-ce qu'on est capable de travailler ensemble comme nos responsables l'ont fait dans cet accord historique. Ce ne sont pas des questions de personne mais des questions de programme."
Mais ce 27 juin, c'est un nouveau rebondissement qui agite le paysage politique dans la 1ère circonscription. Réda Belkadi n'est plus investi par le Nouveau Front populaire. La France insoumise souhaite même l'exclure du parti. En effet, le parti explique dans un communiqué : "Le comité électoral de la France insoumise a été informé ce jour [ndlr : jeudi 26 juin] de tweets à caractère antisémite publiés il y a 6 ans". En revanche, depuis le 16 juin, il est impossible de modifier les candidats aux élections législatives selon le code électoral. Réda Belkadi restera donc candidat, mais sans étiquette.
À l'extrême gauche, Lutte ouvrière a investi Alain Lombard, enseignant à la retraite.
À droite de l'échiquier, il va être assez difficile de s'y retrouver puisque, après avoir annoncé une alliance RN-LR, sur les 3 circonscriptions du Loir-et-Cher, le président départemental Les Républicains, Alexandre Avril, en accord avec la ligne d'Eric Ciotti, semble faire machine arrière. Invité sur le plateau de France 3 Centre-Val de Loire le 13 juin, le maire de Salbris a déclaré qu'il n'y aurait finalement "pas d'accord LR-RN".
Les tractations convenaient que Les Républicains ne présentent pas de candidat face au RN, pourtant sur la 1ere circonscription, il y en aura bien un. Il s'agit de Pierre-Gilles Parra, trésorier de la fédération départementale des LR. À ce détail près qu'il incarnera la mouvance "historique" du parti et non celle d'Eric Ciotti qui lui, appelle les Républicains à s'allier au rassemblement National. "Dans la confusion, il peut y avoir des gens qui ne savent plus où donner de la tête ni où donner du bulletin de vote", commente le député RN sortant de la 2e circonscription Roger Chudeau. "Mais Alexandre Avril fera un appel à voter pour nous. Eric Ciotti fera la même chose au niveau national donc les choses vont se décanter."
Pierre-Gilles Parra aura donc face à lui Marine Bardet, conseillère municipale d'opposition RN à Blois, également pressentie par le parti pour briguer le fauteuil de maire en 2026. Restent donc deux candidats pour l'instant sans étiquette connue, François Dassonneville et Jean-Marc Tran, ainsi que le candidat malheureux à la présidentielle, aux législatives 2022 et aux dernières élections municipales, Gildas Vieira, sous l'étendard de son parti La France Autrement.
2e circonscription
Sur la 2e circonscription, celle de Romorantin, malgré les affirmations d'Alexandre Avril, l'accord LR-RN semble bien toujours d'actualité. Le patron départemental des Républicains "ne présentera pas de candidat LR" en Sologne a-t-il affirmé le 13 juin sur notre antenne et pour cause, puisque le député RN sortant, Roger Chudeau, dont Alexandre Avril n'a jamais caché être proche, est candidat à sa propre succession et se lance dans la campagne aux côtés de Virginie Verneret, conseillère départementale LR du Canton de Chambord. Le député sortant a d'ailleurs déposé sa candidature le 13 juin en préfecture et les tracts mentionnent bien le nom de sa suppléante des Républicains.
S'il n'aura donc probablement pas d'autre adversaire à droite, il devra en revanche affronter un candidat Horizons. Il s'agit de Nils Aucante, ancien journaliste-documentariste, également apiculteur, éleveur et adjoint au maire d'Yvoi-le-Marron que le parti semble vouloir détacher de la majorité présidentielle selon le désir d'Edouard Philippe de donner plus d'autonomie à Horizons pour ce scrutin des législatives. Le parti Renaissance n'a pour l'instant ni annoncé de candidat sur cette circonscription, ni dit s'il soutenait le candidat Horizons.
Dans la circonscription de Romorantin, la candidate du Nouveau Front populaire est la communiste Sylvie Mayer, en binôme avec Emmanuel Léonard. À l'extrême gauche, Lutte ouvrière a investi Caroline Maidon.
Sur les terres de Guillaume Peltier, le parti d'extrême droite Reconquête présente Hervé Lancelot.
De son côté, l'ancien maire de Neung-sur-Beuvron et vice-président chahuté du parti a appelé à voter pour le Rassemblement national afin de faire bloc contre l'union des gauches et contre la majorité présidentielle (ce qui lui a valu l'exclusion de Reconquête au lendemain des élections européennes).
Trois autres candidats se lancent de façon indépendante dans la course à l'Assemblée nationale : Éric Fouque, Alexandre Guillemaud et Bénédicte de Saint-Pierre.
3e circonscription
Du côté de Vendôme, le député Renaissance sortant Christophe Marion est candidat à sa réélection et aura face à lui la conseillère régionale RN Virginia De Oliveira.
Le RN devra faire avec la concurrence de Reconquête à sa droite, et la candidature d'Alexandre Bonnassieux.
Le Nouveau Front populaire présente, lui, un candidat écologiste, Noé Petit, 20 ans. En 2022 il était déjà en lice sur cette circonscription et était alors l'un des plus jeunes candidats de France. Enfin, Lutte ouvrière a présenté la candidature de Claude Lamy.