Remaniement : le bilan de Marc Fesneau, conservé au ministère de l'Agriculture

Ce jeudi 11 janvier, une première salve de ministres du nouveau gouvernement, construit autour de Gabriel Attal, a été annoncée. Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, conserve le poste qu'il occupe depuis mai 2022.

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Des têtes d'affiche du gouvernement sortant, il était le seul à appartenir aux rangs du MoDem, dont il semble être le dernier poids lourd, outre François Bayrou. Dans le gouvernement de Gabriel Attal, il va conserver cette unicité. Marc Fesneau a en effet été confirmé ce jeudi 11 janvier à son poste de ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, à l'annonce par Alexis Kohler d'une première salve de ministres du remaniement.

Marc Fesneau occupe ce poste depuis le 20 mai 2022, après avoir été ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement pendant plus de trois ans, pendant le premier quinquennat d'Emmanuel Macron.

Élu député de Loir-et-Cher, Marc Fesneau se définit comme "rural et, veuillez m'excuser, chasseur". Son arrivée au ministère avait été plutôt bien vue par la FNSEA du Centre-Val de Loire, Marc Fesneau défendant une vision de l'agriculture "productive et nourricière". Une doctrine qui s'accorde avec les ambitions du modèle intensif prôné par la politique agricole commune de l'Union européenne, et par la majorité des agriculteurs de France.

Un gros dossier en attente

Son plus gros dossier n'a pas encore vu le jour. Promise pour l'automne 2023, puis décembre, sa loi d'orientation agricole devrait voir le jour en ce début 2024. Avec une hausse de 15% du budget du ministère en 2024, et un milliard d'euros dédiés aux enjeux majeurs du secteur. Notamment la transmission des exploitations.

Le ministre a ainsi promis un fonds de portage à hauteur de 400 millions d'euros. Un bon début, mais des promesses qui "ne peuvent pas suffire", estimait Arnaud Lespagnol, président de la FNSEA Centre-Val de Loire, auprès de France 3 en octobre 2023. Un réseau "France Service Agriculture" devrait également permettre aux nouveaux venus dans l'agriculture de faire face à des démarches d'acquisition et d'installation simplifiées.

Autre volet de la future loi : la transition écologique. Marc Fesneau a ainsi promis 500 millions pour la réduction des produits phytosanitaires, et 100 millions d'euros pour un plan de développement des protéines végétales. Est aussi prévu un "fonds de souveraineté alimentaire et de transition écologique" pour "permettre aux exploitations agricoles d'adapter localement leur modèle économique aux exigences de décarbonation des activités, de développement de la production d'énergie renouvelable ou d'adaptation au changement climatique". Des deniers qu'Arnaud Lespagnol jugeait, là aussi, insuffisants.

Également dans les tuyaux depuis cet été, un plan d'investissement de 8 à 10 milliards d'euros sur 10 ans a été lancé par Marc Fesneau pour accompagner le renouvellement des forêts françaises. Car, à cause du réchauffement climatique, 30% des essences du pays risquent de dépérir à l'horizon 2050. Le plan du ministre prévoit une intervention humaine sur plus d'un million d'hectares.

Une position "en même temps" face aux pesticides

Côté médiatique, Marc Fesneau s'est notamment fait remarquer pour sa défense de certains produits phytosanitaires. En novembre, alors que l'Union européenne s'apprêtait à réautoriser le glyphosate, le ministre estimait qu'on ne "peut pas se passer" de l'herbicide, pour cause d'"impasses". Fin 2022, il annonçait que les néonicotinoïdes (dits "tueurs d'abeilles") seraient réautorisés pour un an pour les exploitations de betteraves en France, au nez et à la barbe de la réglementation européenne... avant de faire marche arrière fin janvier 2023.

Un peu plus tard, le 1er avril, il publiait sur les réseaux sociaux une tribune plaidant pour "poser correctement le débat et changer de méthode" sur les produits phytosanitaires. Il y assure vouloir "poursuivre la trajectoire de réduction de l'utilisation" de ces produits, mais demande de ne pas presser les choses tant que des alternatives suffisantes et une réglementation similaire ailleurs en Europe ne sont pas à portée.

Un texte écrit à la suite d'un rapport de l'Anses, souhaitant mettre fin à l'usage en France du S-métolachlore, un puissant herbicide dont les résidus chimiques et qui contamine l'eau potable. Jusqu'à dépasser les normes de qualité européennes, pour 3,4 millions de Français. Cette interdiction, Marc Fesneau souhaitait donc la repousser, en attendant une décision à l'échelle de l'UE, au nom de la "souveraineté alimentaire".

Autant de cas qui ont collé à Marc Fesneau une image de "monsieur pesticides". Dont lui-même dit s'être moqué, en lâchant ironiquement "Tu as vu, j'ai dit du bien des pesticides" à une journaliste de Public Sénat dans les couloirs du palais du Luxembourg. Un moment capturé en vidéo et diffusé sur Twitter par le média Vakita, venu interrogé le ministre sur la disparition de 20 millions d'oiseaux par an en Europe, imputable à l'agriculture intensive, à en croire une étude parue en mai 2023. Mais la blague de Marc Fesneau est mal passée pour les internautes, qui ont durement jugé le décalage de ton entre la blague et le drame de la biodiversité qui se joue en Europe.

Écoute et "double discours"

À l'issue de cette année et demie à la tête du ministère de l'Agriculture, Marc Fesneau est vu comme un ministre "qui reçoit et écoute", assure Bertrand Petit, président de la FNSEA d'Eure-et-Loir. "Il écoute nos revendications, ce n'est pas pour ça qu'il va tout accepter, mais on est écoutés", ajoute l'agriculteur.

Il salue notamment l'action du ministre pour tenter de faire accepter la "dérogation Ukraine" à l'Europe. L'UE impose ainsi qu'une partie des exploitations soit gardée en jachères, pour préserver la biodiversité. Une obligation suspendue par la France après le début de l'invasion russe en Ukraine, face au manque de céréales exportées par le pays en guerre. "Je sais que le ministre a fait son possible, mais le Commissaire européen n'a pas accepté." Au-delà de cet exemple, Bertrand Petit préfère ne pas s'exprimer sur l'action politique de Marc Fesneau, traduisant une diversité d'opinions des agriculteurs adhérents quant au ministre.

Côté Confédération paysanne, on critique un "double discours" du ministre, entre d'un côté "la nécessaire transition agroécologique", et de l'autre "celui du développement de l'agro-industrie, prédatrice des ressources". Le syndicat accusait Marc Fesneau de céder aux "exigences du marché et d'une alimentation bas de gamme et à bas coût", dans un tract publié en octobre 2023.

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