Le parquet de Blois a requis ce 12 mai de la prison avec sursis et l'interdiction définitive de détenir des animaux à l'encontre du couple de dresseurs, propriétaire de plusieurs animaux, notamment l'ours Mischa, mort en novembre 2019.
L'affaire avait ému en fin d'année 2019, lorsque l'ours Mischa, deux mois après avoir été secouru, avait fini par mourir de ses nombreux problèmes de santé au zoo-refuge de la Tanière, en Eure-et-Loir. Depuis ce 12 mai, le couple de dresseurs qui en était propriétaire est en procès au tribunal de Blois pour maltraitance contre leurs animaux, dont trois ours.
Au terme de cette première journée, le parquet a requis quatre mois de prison avec sursis pour le propriétaire âgé de 56 ans et un mois pour sa compagne, 65 ans. Le ministère public a aussi demandé que les deux autres ours appartenant aux dresseurs, Bony et Glasha, soient confiées définitivement à des associations pouvant les accueillir.
"Des sévices graves" contre trois ours
Les deux plantigrades sont actuellement placés provisoirement dans des refuges. Le couple est poursuivi notamment pour "sévices graves ou acte de cruauté envers un animal domestique, apprivoisé ou captif" et "mauvais traitements envers un animal placé sous sa garde". Selon le parquet, les "sévices graves" à l'encontre des ours sont constitués, notamment en raison de "l'absence durable de prise en charge". Par exemple, aucun vétérinaire n'a pu voir Mischa entre 2011 et 2019 alors qu'il souffrait de griffes trop longues, d'une parasitose et de plusieurs tumeurs.
Lors du procès au tribunal correctionnel ce 12 mai, les conditions d'accueil et de soins des ours, Bony et Glasha, ainsi que de plusieurs perroquets et singe, ont aussi été examinées. Selon plusieurs rapports vétérinaires et des inspections de l'Office français de la biodiversité (OFB), les plantigrades ne disposaient pas de tanières adaptées dans les installations du couple à Chauvigny-du-Perche, dans le Loir-et-Cher. Ils n'étaient pas non plus soignés, les rapports relevant plusieurs blessures aux yeux et oreilles, ainsi que des infections non traitées.
Devant le tribunal de Blois, plusieurs militants d'associations pour les droits des animaux ont manifesté, non seulement contre la maltraitance, mais surtout contre "l'inaction des autorités".
À la décharge des dresseurs que ça ne dédouane de RIEN, depuis 2007, les divers services ont relevé des infractions, des manquements… et ces mêmes services ont régularisé ou laissé faire, certains manquements ayant perduré jusqu’à aujourd’hui. Le tout sans aucune conséquence. pic.twitter.com/4N5TjdRMED
— One Voice (@onevoiceanimal) May 12, 2021
Relance du débat sur les animaux sauvages en captivité
Concernant les autres animaux, la cage du singe, qui était détenu sans autorisation administrative, n'était pas non plus entretenue régulièrement. Les perroquets, eux, étaient enfermés dans la pénombre sans espace pour voler.
Si le couple a bien entamé les travaux réclamés par les autorités, les aménagements n'ont jamais été terminés, faute de trésorerie suffisante. Le propriétaire a d'ailleurs reconnu qu'il était "possible" que le couple, déjà condamné pour des infractions liées à l'exploitation des animaux en 2013, n'était pas en capacité de s'occuper de tous ces animaux.
Le sort de l'ours Mischa, qui n'avait pas survécu à une opération en novembre 2019, avait relancé le débat sur les spectacles d'animaux vivants. Une trentaine de militants, notamment de l'association de défense des animaux OneVoice, très impliquée dans le dossier, était présente devant le tribunal de Blois. Ils réclamaient l'arrêt de l'exploitation des animaux dans les cirques.
Le jugement a été mis en délibéré au 1er septembre.