Mort de l'ours Mischa : les propriétaires s'expriment "Tout le monde nous insulte sans nous connaître"

Les propriétaires de l'ours Mischa ont été notifiés samedi par la préfecture du Loir-et-Cher que leurs deux autres ours Bony et Glascha allaient être placés provisoirement pour recevoir des soins. Les deux éleveurs reçoivent des dizaines de mails et de textos d'insultes depuis la mort de Mischa. 

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Si Mischa était resté avec nous, il serait encore vivant 

Dany Bruneau est la propriétaire de l'ours Mischa décédé le 12 novembre ainsi que de Bony et Glacha, 20 et 17 ans. Avec son compagnon, Sacha Poliakov, elle les élève depuis qu'ils sont tout petits.

Dany Bruneau a fait de nombreux spectacles avec Mischa et nie toutes accusations de maltraitance.  "Il n'y a aucune maltraitance. Mischa quand il est parti il était très bien. S'il était resté là on lui aurait fait les soins. Bien sûr, il était avancé dans l'âge. Je pense que si Mischa était là, il serait encore vivant.  "
 

Les deux autres ours doivent être placés provisoirement pour des soins. 

Au lendemain du décès de l'ours Mischa, survenu le 12 novembre dernier des suites d'une anesthésie rendue obligatoire pour procéder à des examens qu'imposait un état général dégradé, le préfet de Loir-et-Cher réquisitionnait deux vétérinaires, indépendants et experts en faune sauvage captive, afin de réaliser des bilans de santé complets des ours Bony et Glacha.

" Seul un examen complet sous anesthésie nous a permis de voir les problèmes de santé de ces deux ours", explique Christine Guérin, directrice départementale de la cohésion sociale et de la protection des département du Loir-et-Cher.  

Ces bilans, réalisés le 14 novembre 2019, et dont les derniers résultats ont été transmis le 20 novembre 2019, mettent en évidence une tumeur occulaire cancéreuse pour Glacha, ainsi que des « lésions dentaires [...] sévères et de nature à engendrer une douleur chronique. » Ces lésions « signent la présence d'un foyer infectieux chronique », imposant « une intervention de chirurgie dentaire ».


Dans son communiqué de presse du lundi 25 novembre la Préfecture explique : " Les infections dentaires dont souffrent les deux ours ainsi que la tumeur dont est atteinte Glascha nécessitent une prise en charge médicale adaptée sans délai".

Et d'annoncer : "Aussi, le préfet du Loir-et-Cher a ordonné, par arrêté notifié aux propriétaires, le placement des ours Bony et Glacha dans un établissement spécialisé au sein duquel ils pourront recevoir les soins appropriés."

Le placement prendra fin si plusieurs conditions sont réunies :
  •  la réalisation totale des soins nécessaires 
  • la présentation aux services de l'État d'une attestation d'un vétérinaire sanitaire expert en faune sauvage captive, s'engageant à suivre très régulièrement Glascha et Bony
  •  la présentation aux services de l'État par les propriétaires de la preuve de leur capacité financière à assurer les charges liées à l'élevage, aux soins et aux visites vétérinaires des deux ours."


Le couple de propriétaires ne comprend pas cette décision de placement

"Je m'oppose à ce placement mais comme aucun vétérinaire ne veut venir soigner nos ours chez nous on a le couteau sous la gorge", nous explique Dany Bruneau.

Sacha Poliakov ajoute :" Qu'on les soigne ici ou ailleurs c'est pareil. Ils sont mieux avec nous". 

Dany Bruneau, compagne de Sacha Poliakov, préfère témoigner le visage caché. Elle a peur des représailles : 
 
Interview réalisée par Marine Rondonnier et Sanaa Hasnaoui

"On  nous a bien salis"

En attendant le placement provisoire de leurs ours, Sacha Poliakov et Dany Bruneau vivent dans l'angoisse. "Nos animaux c'est nous. C'est notre vie. Sans eux je ne peux pas vivre et on est en train de nous détruire. Tout le monde se met contre nous. " Dany Bruneau fond en larmes. Elle est à bout. " On reçoit des textos d'insultes, des menaces de mort. On nous promet la guillotine. Qu'est -ce qu'on a fait pour mériter ça ?  "

Sacha Poliakov est moins à cran mais il se sent un peu perdu : " Je pense que les gens deviennent extrêmistes. On a répondu à toutes les exigences pour les installations. C'est très difficile, il y a des insultes et des menaces non stop. On a peur que des gens s'introduisent chez nous et brûlent nos écuries. " 


Interview de Sacha Poliakov, propriétaire de Mischa, Boni et Glascha : 

Interview réalisée par Marine rondonnier et Sanaa Hasnaoui


Mischa, un cas de maltraitance pour le zoo-refuge La Tanière

Dans ce communiqué de presse, le zoo-refuge La Tanière de Chartres qui a accueilli Mischa parle d'un rapport d'autopsie "accablant" avec des preuves de maltraitance.

L’autopsie et les premiers éléments d’histologie qui nous sont parvenus (il en manque encore) nous permettent de penser que Misha a été battu. Cette hypothèse a été signalée le 30 septembre suite à des radios. Mais faute d’interprétation formelle des radiologues, cet élément n’a pas été retenu par l’administration a laquelle une première fois nous rendions compte d’une possible maltraitance", peut-on lire en page 3.

Et un peu plus loin : " Ce que l’on peut dire c’est que Misha est mort parce que son larynx était déformé. Les troubles respiratoires des voies nasales et possiblement la chaine qu’il avait autour du coup en étaient responsables."
 
Le rapport d'autopsie n'a pas été remis aux Poliakov. La préfecture l'a demandé mais ne l'a pas eu non plus. Patrick Violas, directeur du zoo-refuge la Tanière, nous a expliqué que "seuls les propriétaire de l'ours pouvaient le recevoir dans son intégralité mais ils ne l'ont pas demandé. Il faut protéger le secret médical. C'est la loi.

Les Poliakov disent que les services vétérinaires se sont engagés à le demander. Les services vétérinaires nous répondent qu'ils ont proposé aux Poliakov de les aider à faire la demande mais qu'ils ont refusé.

En attendant, seul le refuge détient le rapport d'autopsie complet. 
 


"Il n'y a pas de maltraitance mais un défaut de soins" selon le préfet du Loir-et-Cher

Concernant les deux ours Glascha et Bony qui doivent être placés provisoirement pour des soins, Yves Rousset, le préfet du Loir-et-Cher est très clair : " Il  ne s'agit pas de maltraitance. Il s'agit de soins. Nous avons demandé aux Poliakov de soigner les ours en février et en septembre dernier. Mais ils n'ont pas été soignés. D'où ce placement provisoire."

Et d'expliquer pourquoi le placement est provisoire : " La propriété des ours est aux Poliakov. Nous sommes dans un état de droit. La propriété ne peut être retirée que si nous constatons des choses graves. A ce stade nous ne les avons pas constatées. Nous ne travaillons que dans un cadre légal".

Pour la directrice de la DDCCSP, Christine Guérin en charge des services vétérinaires, il ne s'agit pas de maltraitance. " Ce sont des gens qui aiment leurs animaux mais ils n'ont peut-être pas les moyens financiers de s'en occuper. En plus de leurs ours et de leurs chevaux, ils adoptent de nombreux chats et chiens qui sont malades et vieillissants et qui ont besoin de soins. Les frais de vétérinaires coutent très cher. Ils n'ont peut-être plus les moyens financiers.

A noter qu'une visite de vétérinaire pour un ours sans anesthésie s'élève à 1000 euros.  

Pour Mischa et les raisons de sa mort, ce sera à la justice de trancher et d'établir les responsabilités. 

Reportage de Marine Rondonnier et Sanaa Hasnaoui et François Belzeaux : 


 

 

 

Une plainte contre le Préfet du Loir-et-Cher pour faute
Les deux associations de défense des animaux, One Voice et Aves France sont à l'origine de l'alerte sur les conditions de vie des trois ours des Poliakov.

One Voice a porté plainte contre les propriétaires pour actes de cruauté et contre le Préfet pour faute.

Lundi 25 novembre, suite à l'annonce du placement provisoire des deux ours des Poliakov, on pouvait lire dans un communiqué de presse de One Voice : " Face à nos images incontestables et aux avis de nos experts indépendants, et après l'action de la ministre de l'Ecologie, les autorités ont choisi de faire le minimum. Nous maintenons donc nos demandes, car si les dresseurs ont fait preuve de leur défaillance à assurer la protection des animaux, le préfet aussi : c'est lui le garant de leur protection. Nous venons donc de déposer un nouveau recours contre le préfet pour faute, et demandons 50 000€ de dommages et intérêts".

L'audience pour le premier recours déposé par One Voice contre la préfecture du Loir-et-Cher se tiendra demain jeudi 28 novembre au tribunal administratif d'Orléans à 14h.
 
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