Des peintures murales ont été mises au jour au château de Selles-sur-Cher, dans les salles dites des pavillons dorés. Le fruit de six semaines de travail pour les restaurateurs et conservateurs sur place.
"C'est un décor exceptionnel par sa datation, par son histoire et celle des propriétaires et par sa qualité de réalisation". D'après Frédéric Quily, le directeur de l'atelier Moulinier, spécialisé dans la restauration de peinture murale, les dessins mis au jour au château de Selles-sur-Cher cet été auraient été réalisés autour de 1625.
Avec ces peintures, l'objectif de Philippe de Béthune, propriétaire du chateau à partir de 1604, était alors de transformer les fortifications des deux pièces du pavillon dorés en salle d'habitation.
Dégager le revêtement centimètre par centimètre... au scalpel
Pour le directeur de l'atelier Moulinier, c'est un vrai travail de fourmi qui débutait à la fin du mois de juillet. A l'aide de scalpels, ses quatres collaborateurs devaient dégager le revêtement (plâtres et bedigeon de chaux en poudre) centimètre par centimètre, tout en consolidant les découvertes au fur et à mesure afin qu'elles ne soient pas abimées par les travaux.
A cette époque on était à la transition entre le recouvrement des murs par des tapisseries et les fausses tapisseries où l'on peignait directement sur les murs. On a retrouvé des bandes verticales rouges et jaunes alternées. Au niveau des sous-bassements et dans les 522 caissons, on retrouve des visages et des scènes mythologiques peintes à l'huile, réalisés plus tard. Il y a aussi des maximes en latin destinées à évoquer une réfléxion aux visiteurs.
Les opérations ont pris fin après six semaines de travail. Une satisfaction pour les collaborateurs de Frédéric Quily d'avoir mis au jour ce trésor historique. "Le but de l'intervention était de connaître la couverture générale du décor pour redonner à cette étage son aspect XVIIème siècle". Le dossier est aujourd'hui entre les mains de la Direction Régionale des Affaires culturelles (DRAC) du Centre-Val de Loire.
"Ce n'est pas fréquent qu'on trouve un décor du XVIIème aussi bien conservé"
"On voulait préserver le décor qui a été découvert. Reconstituer son histoire, c'est reconstituer son âme qui a failli disparaître". Nicolas Mazzesi est à la tête de l'entreprise propriétaire du château de Selles-sur-Cher depuis le 12 décembre 2012.
Les peintures murales, présentes dans les pavillons dorés, avaient déjà été partiellement découvertes par l'atelier Moulinier en 2001. Des décors avaient déjà étaient retrouvés sous des papiers peints. Face à ce trésor historique, il nous confie qu'il n'aurait "jamais touché sans l'autorisation de la DRAC".
A la DRAC, c'est la conservatrice Hélène Lebedel qui prend le dossier en charge. "Ce décor est unique, ce n'est pas fréquent qu'on trouve un décor du XVIIème aussi bien conservé". Mais cette passionnée d'histoire devait attendre que le propriétaire soit en capacité de mener à bien ce projet de fouille et de restauration, d'où cet écart de vingt ans entre la première étude et la mise au jour.
Ces décorations permettent de mieux comprendre la démarche artistique et intellectuelle d'un des plus grands hommes du XVIIème. Comprendre comme on réfléchissait à l'art et à la politique à l'époque de Corneille et Racine.
Prochaine étape : restaurer la salle pour lui rendre son aspect d'antan
Si d'après la conservatrice l'étude du décor par la DRAC sera terminée d'ici la fin de l'année, la restauration se fera aux frais du propriétaire. Comme il l'a fait pendant les travaux cet été, Nicolas Mazzesi interdira l'accès de cette zone du château de Selles-sur-Cher au grand public. "On a préservé l'endroit et on a condamné les fenêtres pour éviter de laisser entre la lumière et les oiseaux".
Pour financer la restauration de cette salle, le propriétaire s'est construit un véritable moteur économique en trois temps :
- La visite patrimoniale. En 2015, il était le premier monument français à proposer une visite en réalité virtuelle.
- Le développement de produits en rapport avec le château de Selles-sur-Cher
- Et une nouveauté : inviter les visiteurs à revenir à l'occasion d'évènement, de concerts.
D'après Frédéric Quily, le directeur de l'atelier Moulinier et en charge de l'opération, "même si les choses vont être accélérées sur ce chantier, on en a au moins pour cinq ans avant que la salle soit restaurée".