La Commission européenne a validé plusieurs projets français dans le cadre de son Projet important d'intérêt européen commun sur l'hydrogène propre. Et notamment la construction d'une gigafactory à Vendôme, en Loir-et-Cher.

C'était une promesse d'Emmanuel Macron, l'Europe vient de la valider : la France va pouvoir se doter de grands projets industriels, centrés sur la production d'hydrogène vert. La Commission européenne a annoncé ce lundi 18 juillet avoir approuvé les plans français, dans le cadre de son Projet important d'intérêt européen commun (Piiec), dont la création d'une "gigafactory" à Vendôme, en Loir-et-Cher.

La startup Elogen avait annoncé en mars avoir choisi la zone d'activités de la gare TGV pour installer sa future usine. Elle y construira des stacks, des réacteurs dans lesquels se produit l'électrolyse, technique permettant de séparer hydrogène et oxygène à partir de molécules d'eau. Et donc de produire de l'hydrogène, denrée stratégique dans le cadre de la réindustrialisation voulue par le chef de l'État.

La Commission européenne estime ainsi que l'hydrogène est un "élément indispensable à la diversification des sources d'énergie et à la transition écologique". Il répond à divers besoins, notamment en chimie, en industrie et en agriculture. Et pourrait, demain, participer à la décarbonation de la sidérurgie et des cimenteries, ainsi que dans le domaine des transports. Ironiquement, se voulant dans l'industrie un substitut aux énergies fossiles, il sert également au raffinage des produits pétroliers. "L'hydrogène fait partie du mix énergétique de demain, il n'y a pas une seule solution miracle", défend Christophe Marion, député Renaissance de la troisième circonscription de Loir-et-Cher, où se situe Vendôme. Une "solution d'avenir" selon lui, qui permettrait aussi de "réduire notre dépendance énergétique, notamment au gaz russe".

Production dès 2025

La production doit débuter sur le site courant 2025. L'État français, qui souhaite accélérer le développement d'une filière hydrogène propre en France, avait annoncé pour sa part un investissement global de sept milliards d'euros sur ce type de technologie d'ici à 2030, notamment dans le cadre du grand plan d'investissement d'avenir France 2030, d'un montant total de 30 milliards d'euros. Les Piiec permettent aux États membres de l'Union européenne de participer au financement de projets industriels jugés essentiels pour la compétitivité de l'UE au-delà des limites habituelles des aides d'État, normalement très encadrées par la législation européenne.

D'après un communiqué de l'agence Dev'Up (l'agence de développement économique de la région Centre-Val de Loire), le choix de Vendôme par Elogen avait été motivé par l'accès à l'Île-de-France par TGV, et par la "tradition industrielle du territoire". "Ça va créer de l'emploi, et ça donne une identité au territoire, qui porte un vrai savoir-faire industriel", se réjouit le député Christophe Marion. Après la forte communication autour de l'implantation de LVMH près de la ville, il estime qu'il est "tout aussi important de parler de cette réindustrialisation, et de cette identité faite de résilience énergétique".

Pour le président PS de la région, François Bonneau, la nouvelle est réjouissante : "Nous avons mouillé la chemise, avec les acteurs locaux, pour faire venir Elogen à Vendôme, face à un candidat en Île-de-France qui avait mis beaucoup d'argent sur la table", assure-t-il. Souhaitant "positionner le Centre-Val de Loire au cœur de la transition énergétique", il estime nécessaire que la région se dote de ces unités de production pour intégrer le marché national et international de l'hydrogène. Mais aussi, et peut-être avant tout, pour faciliter la transition en Centre-Val de Loire même.

Schéma régional d'avitaillement

Le président de région promet ainsi l'élaboration d'un "schéma régional d'avitaillement", qui permettrait "d'accueillir des électrolyseurs dans nos territoires". Avec plusieurs usages clés dans le viseur, explique-t-il. Déjà, il souhaite installer ces stacks "à proximité des grands axes", qu'ils soient routiers ou ferroviaires, pour ravitailler les futures modes de transports à hydrogène. Les camions notamment, mais aussi pourquoi pas les voitures : "Aujourd'hui, on entame une transition vers les voitures électriques, mais je ne crois pas à un futur mono-système comme on a pu le connaître avec les moteurs thermiques", juge-t-il. Ergo, les transports à hydrogène pourraient aussi se développer en ville, pour les flottes de transports en commun ou de camions poubelle. Troisième zone visée par ce futur schéma régional, les sites industriels, vers lesquels la région a déjà lancé des recherches. "Il y a de la demande, il va falloir y répondre", lance François Bonneau. Tout cela dans le but de créer "des circuits courts de l'hydrogène", résume le député Christophe Marion.

Reste l'enjeu de l'énergie nécessaire à la production de l'hydrogène par les stacks, très gourmands en électricité. Selon l'association Réseau Action Climat, à l'échelle mondiale, l'hydrogène est principalement créé à partir d'énergies fossiles, rendant sa production responsable de 2 à 3% des émissions de gaz à effet de serre. L'objectif de la France est, a contrario, de produire de l'hydrogène vert, à partir donc d'énergies sans émissions. Y compris à partir d'électricité nucléaire, ce qui met en rogne une partie des militants écologistes, opposés au maintien de la filière centralisée du nucléaire en France.

Pour Jérémie Godet, vice-président de la région (EELV) chargé du Climat, l'hydrogène vert doit exclure le nucléaire, et met en avant "la capacité de stockage des énergies renouvelables" promise par cette nouvelle technologie. Car l'éolien, le solaire et la géothermie produisent de l'électricité, même quand il n'y en a pas besoin. Une électricité impossible à stocker en l'état, mais qui pourrait être récupérée par des stacks pour produire de l'hydrogène, bien stockable. "C'est un outil dont il faut absolument se saisir pour entamer notre transition, donc je suis très satisfait de cette annonce", ajoute l'élu régional. Du moins dans le cadre du Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires (SRADDET) de la région, qui prévoit une couverture à 100% des besoins énergétiques en Centre-Val de Loire par des énergies renouvelables et de récupération en 2050. Avec un hydrogène vert, sans nucléaire.

Aujourd'hui, la région dispose de deux stations à hydrogène, et espère passer à 57 en 2050.

Mise à jour 18h25 avec les propos de Jérémie Godet.

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