Passionnée par l'Histoire de la Renaissance, une native de Romorantin rêve de pouvoir accéder au premier étage du château de Chambord. Impossible en fauteuil roulant. Pourtant la direction du domaine y travaille.
Pierrette Huguet a de l'humour et ne lâche rien. A 73 ans, cette mamie pleine d'énergie est une passionnée d'histoire. Elle souffre d'une maladie rare depuis sa naissance : la maladie de Strumpell-Lorrain qui l'a clouée dans un fauteuil roulant à 40 ans.Si Léonard était vivant, il aurait trouvé la solution. Avec son génie...
Elle se bat depuis 3 ans pour accéder au premier étage de Chambord." Chambord fait partie de mon histoire. J'y suis très attachée. Depuis que je suis clouée dans ce fauteuil, quand j'y vais avec des amis, je dois rester dans le parc ou au rez-de-chaussée. "
Née à Romorantin, cité rêvée de Léonard de Vinci, Pierrette connaît sur le bout des doigts l'histoire de la Renaissance. " A Chambord, ils ont rénové le premier étage, mis de très belles tapisseries dans la chambre de François 1er... et je ne peux même pas les voir. " Evidemment, Pierrette sait bien qu'elle ne pourra pas accéder aux terrasses. Elle rêve juste de pouvoir monter au premier étage comme tout le monde.
Un monte-escalier amovible
"J'ai contacté une société qui m'a parlé d'un monte-escalier amovible. C'est tout à fait compatible avec le patrimoine." Pierrette parle de tous ces autres châteaux qui sont accessibles : " A Amboise, par exemple, une partie du premier étage est accessible avec une rampe et l'aide du personnel. A Fontainebleau, on peut accéder partout sauf à la chambre de l'empereur."La direction de Chambord travaille à l'amélioration de l'accessibilité
En 2016, le directeur général du domaine de Chambord, Jean d’Haussonville répondait à Pierrette Huguet par courrier :“ Dans le cadre prévu par le ministère de l’Environnement, le domaine national de Chambord a établi un Agenda d’Accessibilité Programmée (Ad’AP) qui a été validé par le préfet du Loir et Cher, après avis favorable de la commission départementale pour l’accessibilité des personnes handicapées du 5 novembre 2015. Une dérogation a été accordée pour ne pas installer d’ascenseur dans un monument inscrit au patrimoine de l’humanité."
Trois ans plus tard, Jean d'Haussonville fait le bilan des actions menées à Chambord pour faciliter l'accès des personnes à mobilité réduite. " " Nous sommes très attentifs à l'accueil des personnes en situation de handicap et à tous les handicaps. Nous sommes d'ailleurs jugés comme exemplaires par les services de l'Etat dans le département en la matière. "
Depuis mars 2017, les jardins à la française sont accessibles. Une banque d'accueil et de vente à hauteur de fauteuil a été créée. Les blocs sanitaires sont accessibles PMR depuis 2016.
Depuis 2018, il est possible de monter dans les communs d'Orléans grâce à une rampe d'accès en pierre et à deux plateformes élévatrices. Par ailleurs, tout le rez-de-chaussée et les cuisines de Polignac sont accessibles.
Le difficile accès au premier étage : des tests réalisés mais pas concluants
" Pour le premier étage, nous avons fait des essais en novembre dernier avec une entreprise qui propose un monte-escalier. Le problème est double : pour la dernière marche il faudrait un autre système. Et si vous faites passer un fauteuil par l'escalier à double révolution, ça bloquerait tout le monde. Il faudrait un autre accès. Ce dispositif est donc loin d'être opérationnel. "La seule solution pour le moment serait un ascenseur extérieur, inenvisageable pour un monument inscrit au patrimoine de l'Humanité.
Pierrette a bien conscience des difficultés mais elle l'assure : "Je suis plus têtue qu'eux. "
Les inventions technologiques et l'imagination de l'homme n'a pas de limites. Léonard de Vinci en était la preuve. Peut-être que pour célébrer les 500 ans de sa mort une invention géniale permettra à Pierrette de monter dans la chambre de François 1er. En attendant, elle devra se contenter du rez-de chaussée, des jardins à la française et des nouveaux jardins potagers qui ouvriront au printemps.