Questionnée sur le plateau de BFMTV, la députée Rassemblement national du Loiret, Mathilde Paris, a considéré, après un long silence gêné, que Jean-Marie Le Pen était antisémite. Une position à rebours de celle de Jordan Bardella, le président du RN.
C'est un silence qui en dit long. Ce 8 novembre, la députée Rassemblement national du Loiret, Mathilde Paris, était l’invitée de BFMTV pour un débat sur la marche contre l'antisémitisme, organisée ce dimanche 12 novembre.
Après un échange très tendu face au député Renaissance Loïc Signor qui accuse le Rassemblement national d'être un parti antisémite, le présentateur questionne Mathilde Paris : "Vous dîtes que Jean-Marie Le Pen n'est pas antisémite ? Vous confirmez vos propos ?".
Mathilde Paris, députée RN du Loiret, considère "à titre personnel" que Jean-Marie Le Pen était antisémite pic.twitter.com/nM7oGU3wDt
— BFMTV (@BFMTV) November 8, 2023
L'élue tente de répondre : "Je ne dis pas ça, je dis qu'il y a clairement eu une ambiguïté de Jean-Marie Le Pen". Le présentateur la relance alors : "Il est antisémite oui ou non ? " Mais la députée esquive :"J'ai mon avis sur la question ". Après un long silence gêné et devant l'insistance des présentateurs, Mathilde Paris finit par lâcher du bout des lèvres : "À titre personnel, je pense qu'il l'était, voilà ".
Jean-Marie Le Pen, condamné six fois pour antisémitisme
Cette déclaration pourrait relever de l'anecdote, tant les actes et les déclarations passés de Jean-Marie Le Pen vis-à-vis de la communauté juive laissent peu de place au doute. Pour rappel, le Front national a été fondé par le père de Marine Le Pen aux côtés d'anciens Waffen SS et des nostalgiques de la collaboration.
Certaines de ses sorties ont également fait scandale. La plus tristement célèbre a eu lieu en 1987, Jean-Marie Le Pen estimait alors que les chambres à gaz étaient "un détail de l'Histoire". Comme le rappel Le Monde, l'ancien candidat à l'élection présidentielle a également été condamné à six reprises pour antisémitisme.
Certes, il n'est pas facile d'intervenir sur un plateau télévisé et a fortiori en direct. Mais le long silence gêné de la députée du Loiret traduit un véritable malaise quant aux récents propos de Jordan Bardella, le président du Rassemblement national. Le patron du parti d'extrême droite a déclaré, le dimanche 5 novembre, "ne pas croire" que Jean-Marie Le Pen est "antisémite". Une affirmation qui, si elle ne résiste pas aux faits, semble mettre quelques députés RN, dans l'embarras.
Contactée à la suite de son passage sur la chaîne d'information en continue, Mathilde Paris a répondu, par SMS, le lendemain à France 3 Centre-Val de Loire. Elle conteste tout embarras : "Mon silence n'était pas celui de l'embarras ou du malaise mais du courage de ne pas me dérober face à la question qui m'était posée. En conscience, j'ai décidé d'être en vérité avec moi même et prête a en assumer les éventuelles conséquences".
Article mis à jour le 9 novembre à 13h.