Artisanat : rencontre avec Benoit Le Toumelin, l'un des derniers facteurs d'accordéon français, installé dans le Loiret

Ils ne seraient plus qu’une dizaine en France. Et lui, le dernier en Centre-Val de Loire. Benoît Le Toumelin est facteur d’accordéon ; un métier-passion qu’il a rêvé d’exercer toute sa vie. Son vœu s’est exaucé en 2018.
 

Le déclic date de ses 15 ans. A cet âge-là, un ami de la famille l’entend jouer de l’harmonica. Il propose alors à Benoît Le Toumelin de s’essayer à l’accordéon. Premiers morceaux joués… Et bientôt un premier accordéon acheté en commun par ses parents et sa grand-mère !
De ces premières notes subsiste une envie qui ne le quittera plus jamais : fabriquer lui-même cet instrument qu’il adore.  

Rendez-vous manqué


A l’heure où il faut s’orienter et choisir sa voie, Benoît tente sa chance pour intégrer une formation de facteur d’instrument. Mais la porte reste close.
Qu’importe ! Il se forme au travail du bois et s’en va œuvrer, une bonne partie de sa vie, dans le monde du bâtiment.
Membre de plusieurs formations, il poursuit l’aventure en tant que musicien à défaut de devenir facteur d’accordéon.
Il esquisse ensuite un premier virage professionnel en 2011 avant de sauter le pas en 2018, année où il peut enfin conjuguer ses deux passions : le travail du bois et la fabrication de l’instrument qui a rythmé toute sa vie.
 
 

Diatonique vs. Chromatique 

Aujourd’hui, c’est à Ingrannes (Loiret) qu’il a installé son atelier, au fond du jardin. Un bâtiment dédié où deux salles se jouxtent : celle des machines, pleine de poussière et l’atelier, propre et bien ordonné. Il y fabrique ses accordéons et propose également des réparations depuis bientôt deux ans.
Sa spécialité : l’accordéon "diatonique", à ne pas confondre avec le "chromatique", celui des bals musette. Ni d’ailleurs avec les nombreux autres types d’accordéons comme le bandonéon, le concertina ou le mélodéon…  
 

De l’arbre à l’instrument

Avec le diatonique, on produit une note quand on tire l’instrument et une autre quand on le repousse. Et point de vue fabrication, c’est un assemblage particulier.

Je pars toujours d’un arbre entier que j’essaye d’aller abattre moi-même. Ensuite, il sèche pendant 4 à 5 ans avant d’être utilisé, explique Benoît.

Devant la porte vitrée de la salle des machines, les planches de bois sont empilées, abritées. On trouve majoritairement du bois d’arbres fruitiers, notamment du noyer et du merisier car ce sont des essences locales. Pour chaque accordéon, comptez 100 heures de travail, minimum.

Pour les modèles diatoniques, on assemble entre 1400 et 3500 pièces, détaille Benoît.

 Monsieur Personnalisation

Il faut dire que Benoît a le souci du détail. Son grand plaisir : voir surgir des couleurs, des veinages, des motifs qui se répondent lorsqu’il découpe ses planches de bois de 5mm d’épaisseur. Des jeux de miroir apparaissent et font de l’instrument un objet unique.

D’autant plus que le facteur aime personnaliser ses accordéons pour ses clients. Grilles, rosaces, positionnement des touches… Tout est faisable pour lui, peu importe le temps qu’il devra y consacrer.
 

Facteur de solidarité

Parlons temps justement… Un an, c’est le délai pour obtenir son accordéon made in Ingrannes. Outre la fabrication, il faut également accorder l’instrument, l’assembler, le poncer, le vernir. Et Benoît avance évidemment sur plusieurs modèles en même temps.

Alors lorsqu’il faut accélérer, lorsqu’il manque des pièces, lorsque les commandes sont trop importantes, il peut aussi compter sur d’autres facteurs français pour l’aider. Car entre eux, pas de concurrence qui vaille. Chacun a son style, chacun a son savoir-faire, chacun a de quoi travailler.

Musique trad

Le monde de l’accordéon diatonique est tout petit. Les facteurs et les musiciens se connaissent tous car leur instrument tient une grande place dans les groupes de musique traditionnelle. Breton d’origine, Benoît multiplie les projets avec différentes formations, notamment Amiliz et le conteur C'Nabum. Et il n’est jamais bien loin non plus quand vient le temps d’entonner quelques chansons de mariniers de Loire.
  
Anches et Soufflet
23 bis route d'horsdeville
45450 Ingrannes
06 16 66 74 92

www.anchesetsoufflet.fr
Et sur Facebook Anches-et-Soufflet
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