L'association UFC-Que Choisir attaque l'État français pour inaction en matière d'accès au soin. En Centre-Val de Loire la situation s'aggrave selon l'étude réalisée par l'organisme de protection des consommateurs. Dans l'Indre, 100% des enfants rencontrent des difficultés d'accès à la pédiatrie.
Les chiffres font froid dans le dos et révèlent une situation toujours plus inquiétante. Depuis plusieurs années, les alertes se multiplient sur les difficultés d'accès au soin en France. En zone rurale, bien sûr, mais également dans de grandes métropoles comme à Toulouse.
Selon une nouvelle étude d'UFC-que Choisir, la situation continue de se dégrader : "En ne considérant que l’accès aux praticiens ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires, la situation devient absolument catastrophique en ce qui concerne l’accès aux spécialistes, et ceux tant dans les zones rurales qu’urbaines", alerte l'association qui a décidé de porter plainte contre l'État pour "inaction".
[#DésertsMédicaux] Aggravation des inégalités d'accès aux soins : face à une situation devenue intolérable, l’@UFCquechoisir agréée pour représenter les usagers de santé, attaque l’Etat en justice devant le @Conseil_Etat pour inaction. #MaSanteNattendPlus https://t.co/uD8Hx5RyFz pic.twitter.com/zrBM14SN7m
— UFC-Que Choisir (@UFCquechoisir) November 21, 2023
Dans le détail, UFC-Que Choisir a mené une vaste enquête en s'intéressant notamment au taux de refus des praticiens selon quatre spécialités : les médecins généralistes, les pédiatres, les gynécologues et les ophtalmologistes.
Pour les premiers, ces taux ont augmenté depuis 2019, révèle l'étude : de 44% à 51,5% dans l'hexagone. En Centre-Val de Loire, ce taux augmente également. Désormais, un peu plus d'un médecin généraliste sur deux (51%) refusent de nouveaux patients contre 44% en 2019.
"Nous avons également ajouté de nouveaux critères à celui de désert médical. En plus du ratio entre le nombre de médecins et le nombre d'habitants, nous avons comptabilisé celui de la distance à parcourir pour avoir un rendez-vous avec un praticien", détaille Françoise Pillard, la directrice d'UFC-Que Choisir du Loiret. "Ainsi, dans le Loiret, 11% des habitants vivent dans un désert médical, mais si l'on ajoute le critère de distance, ce chiffre monte à 44% en ce qui concerne les généralistes".
Plus de 8 femmes sur 10 ont un accès limité à un gynécologue
La situation est encore plus alarmante concernant les médecins gynécologues. Selon l'association : " 69,6 % des femmes qui sur le territoire national vivent dans un désert médical". En Centre-Val de Loire, en prenant en compte le critère de distance (45 minutes de trajet), 54,2% des habitantes de la région ont un accès difficile à un spécialiste de la gynécologie.
Et selon UFC-Que Choisir, ce taux augmente de façon vertigineuse lorsque l'on se concentre uniquement sur des médecins qui proposent des tarifs intégralement remboursés par la sécurité sociale.
Par département, c'est l'Eure-et-Loir qui semble être le plus en difficulté. Selon l'association, la totalité des femmes qui vivent dans le département ont un accès difficile à la gynécologie sans dépassement d'honoraires, comme l'indique cette carte réalisée par France 3 Centre-Val de Loire en s'appuyant sur les données brutes transmises par UFC-Que-Choisir.
100% des enfants en difficulté d'accès à la pédiatrie dans l'Indre
Autres statistiques inquiétantes, celui concernant l'accès aux pédiatres. Selon l'étude : "La répartition de ces professionnels (offre de soins) est particulièrement concentrée autour des plus grandes villes de France, beaucoup plus que la présence d’enfants (demande potentielle de consultations)", ce qui se traduit par un nombre important d'enfants vivant dans un désert médical. "Au total, c’est 45,9 % des enfants qui rencontrent des difficultés d’accès aux pédiatres, soient 3,4 millions d’entre eux."
Dans la région, plus d'un million d'habitants vivent dans un désert médical en ce qui concerne les pédiatres. Dans l'Indre, c'est même 100% de la population pour les tarifs sans dépassement d'honoraires, indiquent les données d'UFC-Que Choisir.
UFC-Que Choisir porte plainte et souhaite une régulation
Face à cette situation, l'association a décidé d'attaquer l'État en justice pour "inaction". Une plainte qui rappelle celle déposée par les associations environnementales pour pousser le gouvernement à régir face au réchauffement climatique. "Elle [l'association] dépose un recours devant le Conseil d’État pour que la plus haute autorité administrative constate et sanctionne l’inaction du gouvernement, mais en plus qu’elle l’enjoigne à prendre sans délai les mesures courageuses permettant de résorber la fracture sanitaire", indique UFC-Que Choisir.
La vague de départs en retraite de cohortes nombreuses de médecins est une certitude, et ce d’autant plus que les médecins sont les plus âgés dans les départements où ils sont le plus rares
Étude UFC-Que Choisir
Parmi elles, l'association demande à l'État de mettre en place une régulation de l'installation des médecins. Entendez : supprimer le principe de libre installation des praticiens pour les contraindre à ouvrir leur cabinet dans des zones tendues dès leur sortie d'études : "Il est bien sûr plus facile de réguler l’installation des nouveaux arrivants avant qu’ils posent leur plaque que de chercher à leur demander de déménager une fois installés", assène UFC-Que Choisir.