Après un nouveau protocole sanitaire annoncé le 2 janvier, la rentrée scolaire a été compliquée pour les enseignants, parents et élèves, et les allègements successifs apportés par le gouvernement ne suffisent pas à dissiper les inquiétudes.
Une semaine après la mise en place du nouveau protocole sanitaire de l'Éducation nationale, les parents d'élèves ont déchanté. Complexes, difficiles à appliquer, les nouvelles règles n'ont pas pour autant empêché la hausse du nombre de cas de covid-19 en milieu scolaire.
Plus de 300 classes fermées en Centre-Val de Loire
"Les cas se sont multipliés" confirme Christophe Pallier, président de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) dans le Loiret, "ce qui a entraîné des absences d'élèves mais aussi des absences d'enseignants qui ne sont pas remplacés efficacement". La plupart des cas chez les élèves, explique-t-il sont consécutifs à la période des fêtes de fin d'année.
En France, quatre jours après la rentrée, l'Éducation nationale estimait que 47 453 élèves avaient été testés positifs et 9202 classes fermées, soit 2% du total. En Centre-Val de Loire, à cause de problèmes liés à la remontée des cas et des fermetures de classes, l'Académie Orléans-Tours n'était pas en mesure, ce 10 janvier, de donner des chiffres exacts. Elle estime néanmoins à "plus de 300" le nombre de classes fermées à cause du Covid lors de cette semaine de rentrée.
314 767 tests réalisés dans la région la première semaine de janvier
Les parents ont donc appris à jongler avec les tests à "J+1", "J+2", "J+4" avec une difficulté supplémentaire : en pleine cinquième vague, il devient vite difficile de se faire tester. L’Agence régionale de santé dénombre 314 767 tests PCR et antigéniques réalisés sur la seule première semaine de janvier.
C’est ce qu’a constaté Hyacinthe, maman de 3 enfants à Saint-Jean-de-Braye dans le Loiret. Après avoir passé deux heures dans la file d’attente d’une pharmacie de Chécy pour son ainée de 22 ans, elle n’a pas eu le courage de reproduire l’expérience avec la plus jeune âgée de 4 ans. "En tant qu’adulte c’est supportable, mais les petits on leur demande d’attendre dans le froid, de ne pas courir… On peut lui demander de la patience durant une demi-heure, mais deux heures, ce n’est pas possible."
C’est donc de chez elle qu’elle a tenté d’obtenir un rendez-vous mais infirmières, laboratoires et pharmacies pratiquant les tests sur les jeunes enfants affichent complet. "Sur Doctolib j’ai réussi à avoir un créneau en laboratoire mais pas avant la semaine suivante, donc ça faisait une semaine d’attente avant qu’elle ne puisse retourner à l’école. Ce n’était pas possible." Hyacinthe a finalement décroché un test antigénique chez une infirmière libérale le soir-même après s’être mise en quête de "bons plans" sur les réseaux sociaux, mais tous les parents n’ont pas cette chance.
"Certaines familles ne trouvent pas de créneau de dépistage, donc en attendant, les enfants restent à la maison mais la continuité pédagogique ne suit pas forcément" note Christophe Pallier. Cette difficulté organisationnelle fait à son tour planer la menace des décrochages scolaires sur les élèves.
"Si on n'arrive pas à obtenir un rendez-vous et qu'on se retrouve à faire le test cinq jours plus tard, ça décale tout le monde", déplore le parent d'élève. "Et pendant ce temps le virus se propage très vite."
Un protocole allégé deux fois mais qui ne satisfait toujours pas
Une situation ubuesque à laquelle a tenté de répondre le gouvernement à deux reprises. Le 7 janvier d’abord en annonçant que la découverte d'un nouveau cas durant les sept jours suivant le premier positif ne conduirait plus à un nouveau cycle de tests pour toute la classe. Puis le 10 janvier, Jean Castex a une nouvelle fois assoupli le protocole en permettant aux parents de récupérer leurs enfants en fin de journée et non plus immédiatement après la découverte d’un cas dans la classe. Le premier ministre a également mis fin à l’obligation de réaliser un premier test PCR ou antigénique. Désormais, trois autotests et une seule attestation sur l’honneur suffisent pour que les élèves cas-contact retournent à l'école.
? Autotests, attestation... Réécoutez les annonces du Premier ministre sur le nouveau protocole sanitaire en classe
— Info France 2 (@infofrance2) January 10, 2022
▶ #JT20h #Castex20h pic.twitter.com/zQLIIoZMMl
"Une fois de plus, des annonces sont faites via les médias mais aucune communication vis-à-vis du personnel de l’éducation nationale", déplore Lauriane Delaporte, porte-parole du SNUIpp-FSU du Loiret, syndicat qui a lancé un appel à la grève le 13 janvier prochain. "Je pense que monsieur Castex a convaincu d’avantage de personnels de se mettre en grève jeudi (.) Les annonces qui sont faites le sont pour répondre aux problématiques des employeurs des parents et non aux problématiques de la sécurité sanitaire à l’école. Laisser des enfants toute une journée alors qu’on sait qu’ils ont été cas contact d’un enfant positif avec des possibles brassages sur le temps du midi ou le périscolaire, ce n’est pas protéger les enfants ni le personnel."
Les 3 autotests, je mets au défi toutes les personnes concernées d’en trouver. L’attestation sur l’honneur unique, on ne sait pas à quel moment on doit la demander. Au premier test ? Au troisième ? Le message qui est envoyé, clairement, c’est renvoyez vos enfants à l’école malades, on s’en fiche!
Les nouvelles mesures ne rassurent pas d’avantage les parents qui ne voient pas de "réelles avancées". Certes, il ne sera plus nécessaire de quitter précipitamment son travail pour récupérer son enfant à l’école, "mais cela laisse plus de temps pour qu’il soit contaminé" constate le représentant de la FCPE du Loiret, qui réclame que des tests salivaires soient mis en place dans les classes dès qu’un élève est déclaré positif. "Cela permet de lever le doute immédiatement et c’est moins intrusif pour les enfants."
La perspective d’éviter désormais les files d’attente dans les pharmacies n’est pas non plus assurée, car la chasse aux autotests pourrait rapidement se substituer à la recherche de créneaux disponibles. "On annonce des livraisons de 10 à 11 millions d’autotests par semaine, sachant qu’il a 6 millions d’élèves rien qu’en primaire et maternelle en France... ça va être compliqué."
Des craintes que confirment malheureusement les pharmaciens. "Jusqu’à maintenant j’ai des tests mais jusqu’à quand ?" S’inquiète Isabelle Chopineau, la vice-présidente de l’Ordre des pharmaciens du Centre-Val de Loire. "On n’a pas de visibilité sur les stocks. Est-ce que l’Etat va nous en doter ? Pour l’instant on n’en sait strictement rien, on n’a pas d’informations."
L'épineux problème des remplacements
L'autre problème le plus urgent, c'est celui du remplacement des enseignants, dont un bon nombre, également positifs ou cas contact, sont obligés de rentrer chez eux pour s'isoler. Pour faire face, le ministre de l'Éducation nationale a annoncé des "moyens supplémentaires". Les absences liées au formations continues sont suspendues, et des vacataires et contractuels seront recrutés, tandis que "plusieurs centaines" de retraités volontaires par académie pourraient être appelés à reprendre du service.
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— SNUipp-FSU (@SNUipp_FSU) January 8, 2022
Appel Intersyndical : https://t.co/UkgK1iDP5s @FsuNationale @cgt_educ @FnecFpFO @SE_Unsa @SUD_education @SNALC_National @FCPE_nationale @lavoixlyceenne_ @MNL_National @FIDLnational
"Nous, ça fait des années qu'on dit que le remplacement n'est pas assuré de manière satisfaisante", répond la FCPE 45. "S'ils résolvent le problème en deux semaines, tant mieux ! Mais on verra bien ce que ça donnera." Exaspérés et épuisés, les syndicats enseignants ont eux décidé de maintenir le préavis de grève déposé pour le jeudi 13 janvier prochain.