Gestion des pesticides, armement des agents de l'Office de la biodiversité : la ministre de l'Agriculture Annie Genevard a annoncé samedi, à Sully-sur-Loire, dans le Loiret, dans un contexte de grogne agricole, une série de mesures visant à réduire "les boulets" qui pèsent selon elle sur le secteur.
L'objectif était d'apaiser le monde agricole, après quinze jours de manifestations dans toute la France. Mais il n'a été que partiellement atteint par Annie Genevard, la ministre de l'Agriculture, lors de sa visite à Sully-sur-Loire, dans le Loiret. Elle a fait des annonces dans l'exploitation de L'Épine de Jean-Louis Lefaucheux, ancien président de la FDSEA du Loiret. Avec pour mot d'ordre : "simplifier".
"Pour la Coordination rurale, le compte n'y est toujours pas", a réagi la présidente du syndicat agricole, Véronique Le Floc'h, sur franceinfo ce samedi. Si la FNSEA et les Jeunes agriculteurs saluent des annonces qui "vont dans le bon sens", la Coordination rurale (CR) estime elle que "la simplification n'est pas là". Véronique Le Floc'h estime que les actes de la ministre ne suivent pas la parole. Un échange a eu lieu vendredi. "Les agriculteurs en ont ras-le-bol des interdictions, des procédures, des normes, a-t-elle dit. Ce sont véritablement des boulets qui se sont accumulés au point de creuser la compétitivité des exploitations."
Un Conseil d'orientation pour la protection des cultures.
La ministre a annoncé notamment la création d'un Conseil d'orientation pour la protection des cultures, qu'elle présiderait et qui réunirait les parties prenantes dont les agriculteurs, les instituts de recherche et les fabricants de produits phytosanitaires. Ce conseil visera à "prioriser l'instruction" par l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) des demandes d'autorisation des intrants, en fonction des besoins des filières agricoles.
Autrement dit, il s'agira pour l'Anses de faire passer en haut de la pile des demandes de mises sur le marché de certains produits, afin de répondre à des besoins jugés urgents de certaines cultures.
"On demande à l'Anses de travailler en priorité sur les usages orphelins ou mal pourvus", a dit la ministre. Les entreprises phytopharmaceutiques pourront apporter "une expertise technique car ce sont elles qui mettent au point les produits".
Les produits phytosanitaires évalués
Sur le fond des décisions (autorisation ou interdiction), "il ne s'agit pas de dicter les décisions à l'Anses, qui est une agence indépendante", a assuré Annie Genevard. "Je pense que le chemin vers moins de phyto est un chemin sur lequel personne ne reviendra. Mais pour les filières qui sont en crise, on a besoin que l'Anses priorise ses travaux pour (y) répondre", a-t-elle expliqué.
Ce décret doit aussi "améliorer l'information des ministères (...) des projets de décisions de l'Anses". Il doit en outre "demander à l'Anses de faciliter la reconnaissance mutuelle" de produits déjà autorisés au niveau européen. L'Anses est dans le viseur de certains syndicats pour avoir interdit ou restreint l'usage de certains pesticides avant que cela soit le cas dans l'UE.
Ces annonces "vont dans le bon sens", ont salué la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs dans un communiqué. Mais "le travail sur la simplification est loin d'être achevé" et les agriculteurs attendent "la traduction de toute urgence de ces annonces afin qu'elles aient un effet concret sur leur quotidien", ajoutent-ils.
"En cette période de crise et de doute, je veux être à vos côtés", leur a adressé Mme Genevard. "On est en train de faire perdre aux agriculteurs le sens même de leur métier, a-t-elle estimé. Il est urgent de renouer le dialogue".
"Discrétion des armes" de l'Office français de la Biodiversité
Concernant l'Office français de la biodiversité (OFB), qui assure un rôle de police de l'environnement et dont les agents peuvent être amenés à se retrouver face à des personnes armées, le directeur général devra "assurer de manière immédiate la discrétion des armes en cas de contrôle. C'est un irritant majeur" pour les agriculteurs, selon Madame Genevard. Il y aura "déploiement progressif à titre expérimental (...) du port d'une caméra piéton".
Cette annonce intervient alors que le conseil d'administration de l'OFB a demandé au gouvernement de revenir sur les suppressions de postes et limiter la baisse de dotation prévues dans le budget initial pour 2025.
Autre mesure, "une circulaire aux préfets pour optimiser les capacités d'instruction des projets d'élevage, pour raccourcir les délais et privilégier les contrôles à vocation pédagogique pour les récents installés".
La fixation des dates pour les travaux agricoles se fera au niveau local et une mesure évitera que le même papier soit demandé plusieurs fois par les administrations. Mme Genevard compte revoir les syndicats chaque mois pour un nouveau "rendez-vous de la simplification". Objectif, "venir à bout, méthodiquement, de tous les freins à la production", selon elle. Mais sera-t-elle toujours ministre de l'Agriculture au mois de janvier ? La solidité du gourvenement Barnier le dira.