Si l'incident à la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly en lui-même est resté sans conséquence, le délai nécessaire à EDF pour repérer et corriger ce dysfonctionnement pose question.
De quoi relancer le doute sur le contrôle de nos centrales. L'association Sortir du Nucléaire a révélé le 24 septembre que le réacteur 3 de la centrale de Dampierre-en-Burly (Loiret) avait dû être arrêté au début du mois. La raison : une fuite du liquide refroidissement sur un des deux groupes éléctrogènes de secours, chargés de fournir de l'électricité en cas de dysfonctionnement des installations principales.
Sur son site internet, EDF a publié une série de communiqués sur l'incident. "Les analyses approfondies montrent que depuis 2017, date à laquelle les premiers appoints en liquide de refroidissement ont été réalisés, ce groupe électrogène de secours aurait potentiellement pu ne pas être en mesure d’assurer pleinement ses fonctions d’alimentation en cas de sollicitation prolongée" reconnaît l'entreprise.
Les centrales nucléaires sont des grosses machines, où les micro-incidents sont monnaie courante. Ce qui attire l'attention et pose problème, c'est le délai : cette fuite n'a pas été colmatée en 3 ans, alors que l'Autorité de Sûreté du Nucléaire (ASN) exige une réparation de ce type de dysfonctionnement sous 3 jours, sans quoi la mise à l'arrêt du réacteur devient indispensable.
"On devrait se poser la question de pourquoi le liquide diminue"
"Les contrôles effectués par EDF pour s’assurer du bon fonctionnement des équipements obligatoires pour limiter les risques d’un accident grave ne sont pas fiables et/ou pas assez fréquents. Sinon comment expliquer que la fuite n’ait pas été détectée en trois années ?" s'alarme Sortir du Nucléaire.
"Cette fuite a été réparée, le réacteur est de nouveau en exploitation [depuis le 24 septembre, ndlr], garantit Pierre Boquel, chef de la division d'Orléans de l'ASN, qui assure que l'autorité de contrôle passe jusqu'à 40 jours par an à la centrale de Dampierre. On attend le retour d'EDF pour savoir ce qui a été fait depuis 2017 pour corriger cette fuite. Des appoints avaient été faits, puisque le liquide de refroidissement diminuait, mais le problème de fond n'avait pas été réglé. Quand on fait des apppoints sur une quantité de liquide, on devrait se poser la question de pourquoi le liquide diminue. Même si le niveau du liquide était maintenu, ce qui aurait pu permettre à l'équipement de fonctionner, nous voulons creuser ça prochainement."
La rigueur et la transparence d'EDF remises en cause
"Cet événement n’a eu aucun impact sur la sûreté des installations ou l’environnement, d’autres sources d’alimentation électriques de secours étant toujours disponibles" fait valoir EDF sur son site internet. L'ASN, face à la question d'un potentiel renforcement des contrôles, botte aussi en touche vers la thèse du non-incident.
En janvier 2020 pourtant, l'organisme de contrôle pointait déjà un "manque de rigueur" dans la maintenance d'EDF. L'exploitant avait également été pointé du doigt en 2018 par l'actuelle ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, pour son manque de coopération lors de la commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires.
Nucléaire : l'ASN pointe un « manque de rigueur » dans la maintenance chez EDF https://t.co/D6NHBlIEWL
— Les Echos (@LesEchos) January 23, 2020
France 3 a pris contact avec EDF afin d'obtenir des précisions sur les raisons de ce délai. Les déclarations d'EDF seront ajoutées à l'article si l'entreprise accepte de nous répondre.