Avis de tempête au PS : Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol se disputent toujours la tête du Parti socialiste. Mais loin de Paris, les élus locaux désespèrent de voir le PS sortir d'une ornière héritée de plusieurs années de déclin.
"C'est lamentable", s'emporte Marc Gricourt, le maire de Blois. "C'est déplorable", réagit de son côté le sénateur orléanais Jean-Pierre Sueur. "Je suis triste et en colère" abonde le maire d'Issoudun, André Laignel. Le moral n'est pas au beau fixe du côté des socialistes de la région Centre-Val de Loire.
Il faut dire que les derniers jours n'ont pas été de tout repos pour le parti historique de la gauche. Ce 23 janvier, les deux finalistes se disputent toujours la victoire après un week-end marqué par la contestation des résultats officiels.
Séparés par si peu
Le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, pointe des "irrégularités" et met en doute la sincérité du scrutin malgré un recomptage des voix dans le week-end ayant, à nouveau, donné vainqueur le premier secrétaire sortant et député, Olivier Faure.
Sur 23 527 voix exprimées, le candidat sortant aurait obtenu 51,09 % des suffrages contre 48,91 % pour Nicolas Mayer-Rossignol, soit une différence d'à peine plus de 500 voix.
"Je n'ai aucun doute. Il y a un résultat qui est incontestable", a d'ailleurs déclaré Olivier Faure, le 23 janvier sur Franceinfo.
Diviser pour mieux se fâcher
À l'instar des deux prétendants, les élus socialistes du Centre-Val de Loire sont également divisés : "Personne ne peut se prévaloir d'avoir gagné, le comptage n'a pas été fait dans toutes les fédérations", avance le sénateur Jean-Pierre Sueur, reprenant les arguments des proches de Nicolas Mayer-Rossignol.
"Le résultat est clair, il donne une majorité à Olivier Faure", réagit à l'inverse Marc Gricourt, le maire PS de Blois. "Il est temps de respecter le résultat. Auparavant, j'ai toujours été dans les courants minoritaires, mais j'ai respecté les votes en restant loyal à la direction du parti."
On retrouve le même son de cloche chez André Laignel, le maire d'Issoudun : "Il y a déjà une majorité pour Olivier Faure. C'est incontestable. Le fait que le perdant soit mauvais perdant ne remet pas en cause le scrutin" s'agace l'édile.
Le combat des chefs
Si les trois élus voient dans cette polémique avant tout une bataille d'ego, la discorde révèle également des divisions profondes au sein du parti socialiste. Symbole sans doute de ces désaccords, une semaine avant l'élection, le site Mediapart révèle que des socialistes anti-Olivier Faure ont attribué leur financement électoral, pour un montant global de plus d’un million d’euros, au Parti radical de gauche plutôt qu'au parti socialiste.
De quoi exacerber les dissensions lors de cette élection ? "Je pense que c'est plutôt une bataille entre personnes", estime Marc Gricourt. "Je pensais que ces questions étaient derrière nous, avec ceux qui ont préféré rejoindre Emmanuel Macron", souffle André Laignel.
Il est temps de travailler tous ensemble et d'honorer la démocratie
André Laignel, maire d'Issoudun
Vers une direction collégiale ?
Le 23 janvier, dans l'après-midi, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol se sont rencontrés pour tenter de trouver un accord.
Le premier a annoncé proposer une direction "collégiale" dans laquelle Nicolas Mayer-Rossignol serait le numéro 2 du Parti socialiste. Suffisant pour éteindre l'incendie ? Le congrès de Marseille prévu vendredi 27 janvier devrait apporter des éléments de réponse.