Déviation de Jargeau : un couple de balbuzards pêcheurs a-t-il été chassé de son nid par des travaux ?

La webcam installée sur la canopée de la forêt d’Orléans montre un nid vide. Le couple de balbuzards pêcheurs est bien réapparu mais a délaissé le nid dans lequel il nichait depuis 7 ans. Pour l’association Mardiéval, les travaux de construction du pont de Jargeau sont à l’origine de cette désertion.

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Les opposants à la construction du pont sur la Loire à Mardié le redoutaient. Sylva et son compagnon Reda ont été observés au printemps à leur retour en forêt d’Orléans mais pour la 1ère fois depuis l’installation de la webcam il y a 7 ans, ils n’ont pas repris possession de leur nid.

Chaque année, la Balbucam attire des dizaines de milliers d’internautes. Dès le mois de mars, les inconditionnels du rapace piscicole pouvaient assister en direct à des scènes de leur vie quotidienne (accouplement, couvaison), grâce à une petite caméra installée au-dessus de leur nid à la cime de leur arbre préféré, l’un des plus hauts du bois de Latingy.

Un nid resté vide

Cette année le gîte reste vide, seule de la mauvaise herbe, balayée par le vent, surgit de l’amas de branchages. Le chant du rouge gorge, du pigeon biset, de la fauvette à tête noire, se fait entendre mais de balbuzards point.

A 500 mètres de là, les travaux de construction du pont reliant les deux rives de la Loire se poursuivent. Le tablier est installé petit à petit au-dessus du fleuve après des mois d’un chantier qui a modifié l’environnement proche des Balbuzards pêcheurs. L’accès au fleuve où les migrateurs avaient l’habitude de tirer leur subsistance a été en partie bétonnée pour recevoir les piliers du pont.

Le risque que les balbuzards ne reviennent pas dans le bois de Latingy était une quasi-certitude pour l’association Mardiéval. Elle conteste, à coups de recours et depuis plus de 20 ans un projet routier qu’elle juge  "anachronique"  et qui se ferait selon elle au "mépris de la biodiversité locale".

Une nouvelle aire d’accueil a été installée à 900 mètres du nid actuel par le conseil départemental du Loiret, au titre des mesures compensatoires. "Elle a été visitée par le couple de rapaces mais ils n’y sont pas restés" explique Pascal Lenoir en charge de ce dossier pour la collectivité territoriale.

Selon, lui, la femelle Sylva pourrait tout simplement avoir décidé de nicher ailleurs, ou de se séparer du mâle, des hypothèses émises par l’association Loiret Nature Environnement. "Durant les deux dernières années, les travaux réalisés étaient plus encore proches du nid des balbuzards, le trafic des camions était plus dense également et pourtant, le couple s’est reproduit et a niché."

L'association Mardiéval s'apprête de son côté à participer la fête de la Nature le 24 mai, une journée qu'elle baptisait jusqu'à présent "la Balbufête". 

Le Loiret, un territoire emblématique du retour du balbuzard

L’association Nature Loiret environnement (LNE) comptabilise 25 couples de balbuzards-pêcheurs sur le département. La forêt domaniale abriterait la moitié de la population de rapaces de la France continentale – 59 en 2019 selon la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). 

La même association précise sur son site que le rapace piscicole reste inscrit sur la liste Rouge des oiseaux nicheurs. Et qu’il est vulnérable notamment à cause de la "diminution du nombre de sites de reproduction favorables". 

>>> A voir : la webcam installée en-dessous d'un nid en forêt d'Orléans. 

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