Droit à l'avortement : un meilleur accès dans les grandes villes, la galère dans les campagnes

Alors qu'une manifestation est organisée à Orléans ce 28 septembre, à l'occasion de la journée internationale du droit à l'avortement, France 3 Centre-Val de Loire dresse un bilan de la situation dans la région. Si les spécialistes notent une nette amélioration dans les centres-villes, des difficultés persistent en milieu rural.

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C'est un droit vieux de près de 50 ans qui peut encore relever du parcours du combattant. Instauré par la loi Veil en 1975, le droit à l'interruption volontaire de grossesse peut être, dans la pratique, difficile d'accès.

C'est pour défendre ce droit que des rassemblements sont prévus partout en France et notamment dans le Loiret, ce 28 septembre, à l'occasion de la journée internationale du droit à l'avortement.

Un timing tout trouvé pour la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), qui a publié son rapport annuel ce 27 septembre. Ainsi, en France métropolitaine, 218 000 femmes ont eu recours à l'IVG dont 7 414 en Centre-Val de Loire.

Ces chiffres cachent des réalités très différentes au sein des territoires. Dans la région Centre-Val de Loire, si l'offre est au niveau autour des grandes villes, elle peut être largement améliorée en milieu rural. 

Le Loiret sort la tête de l'eau

En janvier 2023, un article du Journal du dimanche a pointé les innombrables difficultés des femmes à accéder à l'IVG dans le département du Loiret. Mais depuis, "ça va beaucoup mieux", assure le docteur Laurence Wittke, médecin coordinatrice au Planning familial 45. L'arrivée de nouveaux médecins a soulagé les équipes : "Nous sommes plus efficaces et nous n'avons pas de femmes qui restent sans solution.

Une dynamique plutôt positive que l'on retrouve autour des grandes villes de la région, mais qui s'amenuise dans les campagnes : "Quand on habite dans un milieu rural, c'est plus compliqué", explique Laurence Wittke. "À Pithiviers, par exemple, seule la pratique médicamenteuse est proposée. Si une patiente a besoin d'une intervention chirurgicale, elle doit donc venir jusqu'à Orléans". 

C'est encore plus compliqué pour les mineures. Quand on habite en milieu rural, on n'a pas toujours un bus, on ne peut pas forcément sécher les cours. Le choix de déclarer l'absence d'un élève pour ce genre de cas est à la discrétion du chef d'établissement.

Laurence Wittke, Médecin coordinatrice au Planning familial 45

Un indicateur permet de rendre compte de ces disparités : la part des interruptions volontaires de grossesses réalisées dans le département de résidence permet d'évaluer le niveau de structure d'accueil. "Cet indicateur, et plus particulièrement ses variations, peut aussi rendre compte de difficultés d’accès dans certaines zones géographiques", explique la Drees.

En d'autres termes, plus le territoire propose des services, plus les femmes ont tendance à interrompre leur grossesse près de chez elle. 

Ainsi, plus de 9 femmes sur 10, résidant dans l'Indre-et-Loire et ayant eu recours à une IVG, l'ont fait dans leur département de résidence. Le département se classe ainsi parmi les bons élèves au niveau national et dans la région, avec le taux le plus élevé. Dans le Loiret, il atteint 82 %.

Le département du Cher ferme la marche avec un taux de 79,8 %, un chiffre légèrement en deçà de la moyenne métropolitaine (81,9 %), mais bien meilleure que dans l'Ardèche (52 %) ou la Meuse (60 %).

Parcours du combattant  

Pour autant, ces dynamiques cachent une autre réalité : la galère de certaines femmes pour s'adresser aux bons spécialistes : "Hier, j'ai eu une patiente qui souhaitait avoir un recours à l'IVG. Sa sage-femme lui a conseillé d'aller aux urgences gynécologiques, ce qui ne sert à rien. Les urgences l'ont renvoyé vers un centre IVG qui leur a conseillé de contacter le Planning familial. Ça a été une vraie galère pour arriver jusqu'à nous", raconte la médecin coordinatrice.   

Un parcours du combattant qui s'aggrave lorsqu'il s'agit d'obtenir une IVG au-delà de la quatorzième semaine de grossesse : "Sur les seize centres de la région, seuls trois peuvent pratiquer un avortement pour ces délais : les Centres hospitaliers de Tours, de Blois, et d'Orléans", détaille Nathalie Trignol-Viguier, responsable de l’unité d’orthogénie du CHU de Tours et coprésidente de l’association Association Nationale des Centres d'IVG et de Contraception (ANCIC).

"Manque de bienveillance"

Il faut donc parfois faire des centaines de kilomètres pour obtenir une intervention. Pour tenter de remédier à cette situation, l'ANCIC souhaite améliorer le parcours de soin : "Notre association en partenariat avec l'ARS est en train de développer un maillage territorial entre les structures pour éviter à ces femmes de faire 100 ou 200 kilomètres", explique-t-elle. 

Reste à mieux former certains médecins et spécialistes dans leur prise en charge des patientes : "Nous avons un système d'alerte sur notre site internet si les femmes notent des dysfonctionnements. Dans la majorité des cas, il s'agit de manques de bienveillances, voire de désinformation."

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