Les professeurs du collège Condorcet, à Fleury-les-Aubrais dans le Loiret, sont en grève ce jeudi 15 juin. Ils réclament plus de moyens à l'Éducation nationale, notamment pour faire face à une vague de violences de certains élèves sur des enseignants depuis plusieurs mois.
"Les personnels du collège Condorcet se mobilisent contre la banalisation de la violence au sein de l'établissement". Voilà comment s'ouvre le communiqué, lu par deux professeures ce jeudi 15 juin au matin, devant les portes de l'établissement situé à Fleury-lès-Aubrais, au nord d'Orléans, dans le Loiret. Étaient rassemblés une petite cinquantaine de membres du personnel, d'élèves et d'anciens élèves, venus en soutien.
Les enseignants s'inquiètent en effet d'une "augmentation des violences entre élèves", mais également de faits visant "de plus en plus les adultes du collège". Ainsi, en huit mois, cinq coups auraient été portés à des professeurs du collège par des élèves. Selon le communiqué, il s'agirait de quatre faits suivant "une intervention de l'enseignant pour s'interposer entre deux élèves", et d'une "agression visant directement l'enseignant".
"On paie les années Covid"
Devant le collège, certains élèves racontent à France 3 leur désarroi. "Ça me choque, c'est l'adulte ! Toi t'es petit, c'est n'importe quoi", s'étrangle une jeune adolescente.
Joint par France 3, Christophe Pallier, président de la FCPE du Loiret, estime que "la violence est générale dans tous les établissements". Pour lui :
On paie les années Covid, tout est à revoir au niveau des relations sociales.
Christophe Pallier, président FCPE 45
Pour faire face à ce climat, les grévistes réclament plus de moyens de la part de l'Éducation nationale. Notamment une augmentation du nombre de surveillants (il n'y en aurait que sept au sein du collège pour près de 800 élèves), et la création d'un poste d'assistant prévention sécurité.
L'histoire semble se répéter, puisque, en 2017, les enseignants avaient déjà protesté contre des agressions par des élèves, comme le racontait La République du Centre. Ils réclamaient à l'époque de nouveaux postes de surveillants et le passage d’un à deux CPE. Cette fois-ci, les enseignants ont été reçus par les instances locales de l'Éducation nationale, après un signalement en décembre 2022. Si les professeurs reconnaissent "l'écoute" de leurs revendications, ils regrettent qu'"aucun engagement ni aucune promesse concernant les moyens" n'aient été pris.
Donner du sens au collège
Des moyens aussi pour renforcer les initiatives prises au sein du collège. Depuis 2017, mais pas que. Comme des "dispositifs qui favorisent les compétences psychosociales", explique Kelig Cairon, professeure de français. Que ce soit à destination des timides, des personnes en décrochage, ou des élèves perturbateurs, "pour trouver d'autres moyens de communiquer".
Autre action : certains élèves sont formés à devenir médiateurs "de petits conflits entre élèves", mais ne peuvent en revanche "pas intervenir sur des faits de violence majeure", détaille Bernadette Barrouillet-Sigüenza. L'objectif est, surtout, de "donner du sens au collège à leurs yeux, de les préparer à leur future".
La communauté éducative a souhaité montrer une image soudée, "en pleine cohésion". D'ailleurs, malgré les violences, "75% des profs ne bougent pas d'établissement, ça montre leur attachement aux élèves", défend Bernadette Barrouillet-Sigüenza, elle-même enseignante à Condorcet depuis 1998. Selon les personnes mobilisées, 90% des professeurs sont grévistes ce jeudi.
Aucun des enseignants agressés n'a souhaité s'exprimer. La direction de l'établissement a décliné les sollicitations de France 3.
Avec Antoine Wernert.