200 personnes ont manifesté ce samedi 5 juin à Griselles, dans le Gâtinais, contre trois projets - deux unités de méthanisation et un parc éolien. L’initiateur du premier méthaniseur assure qu’il s’agit d’un projet agricole pour développer les énergies renouvelables.
Griselles, 800 habitants, a vu un quart de sa population se rassembler ce samedi après-midi au lieu-dit La Petite Ronce. Dans le viseur de ces manifestants : non pas un, ni deux, mais trois projets d’énergie renouvelable prévus sur la zone.
A l’origine de cette marche : l’association A.I.R.E 45 (Agir Informer Respirer Ecouter). Ses adhérents assurent “ne pas pas être opposés à la transition énergétique raisonnée”. Mais ils rejettent l’idée de voir arriver sur un périmètre de 2 km2 deux unités de méthanisation et un parc éolien de six mâts.
Magalie Pasquier, présidente de l'association dénonce "un manque total de concertation avec la population". Elle déplore de n'avoir quasiment aucune information sur les éoliennes et sur l'un des deux projets de méthaniseurs.
L'usage des terres en question
Quant au dossier le plus avancé, l'unité de méthanisation portée par quatre exploitants agricoles du secteur, elle assure qu'il n'y a eu "aucune réunion publique, rien du tout". Remontés, les riverains ont d’ailleurs lancé une pétition en ligne pour empêcher l’implantation de cette unité.
Ils pointent du doigt plusieurs risques : fuites accidentelles du méthane, nuisances olfactives, pollution des sols, dévalorisation de l'immobilier. Ils sont surtout convaincus que les terres agricoles seront utilisées pour produire des céréales non plus pour l'alimentation humaine mais à destination de l'unité de méthanisation pour produire du biogaz.
Magali Canault, agricultrice et riveraine abonde : "Ce qu'on trouve odieux, c'est que l'on va planter des céréales, on va les arroser alors que l'on manque d'eau... Tout ça pour les mettre dans un méthaniseur !"
"Fausses informations"
Loïc Delion, exploitant agricole à Griselles, est l’un des quatres associés porteurs du projet de méthaniseur regroupés au sein de la société Fertylagry. Il dément les propos de ces manifestants : “Ce n’est pas du tout un projet industriel mais 100% agricole”.
Il assure que les parcelles ne seront pas détournées de leur usage mais qu'il s'agira de déchets revalorisés dans l’unité. “Orge, blé, maïs, colza… Toutes les exploitations continueront à produire pour les hommes, détaille-t-il. Entre ces cultures alimentaires, on sèmera des cultures intermédiaires. Ces intercultures, qui sont obligatoires, servent à capter les nitrates”.
“Au lieu de les jeter et les perdre, on les récolte pour alimenter le méthaniseur et produire de l’énergie renouvelable” conclue le porteur de projet.
60 tonnes par jour
Sur le projet présenté en préfecture, il est indiqué que 60 tonnes de matières seront traitées par jour. Une quantité considérable. Mais Loïc Delion le garantit pourtant : il n’y aura aucun ajout de déchet carné, ou de “matière venant d’ailleurs”.
L'agriculteur entend que l’accumulation des méthaniseurs et d’éoliennes sur un petit périmètre pose problème. “Mais ça reste des projets à énergie propre !”
La préfecture n’a fait aucune objection à la construction du méthaniseur, à condition que la société obtienne l’agrément ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement). Mais les opposants au projet ont déjà déposé un recours. Le dossier est en cours d’étude pour l'obtention de cet agrément, sans lequel le méthaniseur ne peut être construit.