Plusieurs personnes interpellées lors du rassemblement des gilets jaunes de ce week-end à Paris ont été jugés lundi en comparution immédiate. Parmi eux, un homme originaire du Loiret.
Après une journée de violences, 237 personnes ont été interpellées au cours du week-end, pendant et après les manifestations des gilets jaunes à Paris. Parmi elles, 58 ont été jugées ce lundi 18 mars en comparution immédiate, dont un apiculteur originaire du Loiret.
"Je les ai ramassés par terre bêtement." Raphaël, 32 ans, a été arrêté samedi près des Champs-Élysées, en possession d'une veste Morgan et d'un jogging Nike portant des antivols. Des objets apparemment récoltés après la dégradation de magasins du quartier pendant la manifestation.
Affirmant être venu manifester à Paris "pour la première fois" afin de relancer le mouvement des gilets jaunes, l'apiculteur n'y reviendra pas de sitôt : outre une condamnation à trois mois de prison avec sursis, il écope d'une interdiction de paraître dans la capitale pendant un an.
Les habits noirs "c'était le dress-code"
Après Raphaël était jugé Vincent, arrêté près de l'Arc de Triomphe avec des morceaux de bitume et de marbre dans les poches. Des pierres qu'il dit avoir gardé "en souvenir" pour sa mère. Pour expliquer sa présence dans les rues, Vincent s'est présenté comme un 'street medic', ces bénévoles qui portent secours aux blessés lors des manifestations avant l'arrivée des pompiers. "Je le faisais aussi sur les manifestations à Caen", sa ville d'origine, a continué le prévenu.Des pierres en souvenir ? "Dans le passé, on avait des morceaux du mur de Berlin", lui a répondu, ironique, la présidente Isabelle Prévost-Desprez. "Il faut arrêter de nous prendre pour des imbéciles: c'était des projectiles", a tranché le procureur. Quant à ses vêtements noir, Vincent a, là aussi, l'explication : "C'était le dress-code: tout le monde devait s'habiller en noir."
"Oui, pour aider les 'black bloc' à ne pas se faire interpeller", a complété la présidente.
Le jeune Caennais, au chômage, mais qui veut devenir conducteur d'engin, a été condamné à quatre mois de prison avec mandat de dépôt. En juin, il sera jugé dans une autre affaire: il a été arrêté en début d'année lors d'une autre manifestation de "gilets jaunes" et a reconnu des violences contre des forces de l'ordre. Parmi les prévenus de ce lundi, il fait figure d'exception.
"On vous demande d'envoyer en prison pour satisfaire une opinion publique"
"Les individus violents sont excessivement bien organisés: ils manifestent en noir, se changent au coin de la rue pour ne pas être repérés, connaissent toutes les techniques pour éviter de laisser leurs empreintes", a fait valoir l'avocat Sylvain Niel, qui a défendu plusieurs prévenus. "Ceux qui sont ici n'appartiennent pas à ces groupes-là".Le procureur en a jugé autrement, en requérant principalement des peines de prison ferme avec mandat de dépôt. "Je vois un parquet qui prend le relais de la police et du pouvoir politique", a dénoncé un autre avocat, Raphaël Kempf. "On vous demande d'envoyer en prison pour satisfaire une opinion publique".
Depuis le début de cette crise sociale sans précédent, le 17 novembre, et jusqu'au 12 décembre, près de 1.550 affaires ont été jugées en comparution immédiate et ont donné lieu à 354 mandats de dépôt, a indiqué la chancellerie. Environ 40 % des condamnations étaient des peines d'emprisonnement ferme.