Hausse des violences conjugales dans le Loiret : la préfète sonne la mobilisation

Plus de 3300 faits de violences, faites aux femmes ou aux enfants, ont été enregistrés dans le Loiret en 2023. C'est 10% de plus qu'en 2022 et l'année 2024 s'annonce toute aussi préoccupante. La préfète du Loiret et de la région Centre-val de Loire, Sophie Brocas, vient de mobiliser tous les acteurs de la lutte contre les violences intrafamiliales.

Depuis plusieurs mois et notamment entre la fin 2023 et le début 2024, les chiffres de la délinquance ont plutôt tendance à baisser dans le département du Loiret. Il est d'autant plus facile et choquant de repérer la hausse des violences intrafamiliales, qui concernent quasi exclusivement des femmes et des enfants.

3300 faits de violence en 2023, 10% de plus qu'en 2022 et depuis le début de l'année ça augmente encore (...) et quand on sait que ce n'est que la partie émergée de l'iceberg et que le nombre de victimes qui ont du mal à avouer qu'elles sont maltraitées est bien plus important, effectivement ça fait peur et il faut une prise de conscience.

Sophie Brocas - Préfète du Loiret et de la région Centre-Val de Loire

À la mi-juillet, la préfète du Loiret et de la région Centre-Val de Loire, Sophie Brocas, est allée visiter les structures d'accueil pour les victimes de ces violences conjugales.

Alors l'État sonne le branle-bas de combat

Les forces de l'ordre sont en première ligne et les préfectures relaient les consignes du ministère de l'Intérieur réclamant une grande vigilance durant cette période estivale.

Police et Gendarmerie sont priées d'être très attentives aux signaux d'alerte, tels les antécédents de violence, les séparations, l'isolement social. Un service d'écoute et d'accueil existe à Orléans, le LAé, avec des permanences dans les villes de Montargis, Gien et Pithiviers. Anonyme, confidentiel et gratuit, le LAé permet d'orienter les victimes vers des services spécialisés ou des professionnels de l'accompagnement social, juridique ou psychologique.

Dans une majorité de cas, le LAé préconise et organise un rendez-vous à la Maison des Femmes du Centre Hospitalier Universitaire d'Orléans.

Il s'agit du lieu ressource départemental pour les femmes victimes de violences, qu'elles soient "physiques, verbales, psychologiques, sexuelles, économiques, administratives ; et qu'elles se produisent dans la sphère intrafamiliale, scolaire, professionnelle, ou dans l'espace public."

Mélanie Aime est médecin et coordinatrice de cette Maison des Femmes où l'on peut rencontrer des professionnels de santé de tous types, mais aussi les trois associations d'aide aux victimes du Loiret, des représentants du commissariat de Police d'Orléans et même des conseillers de France Travail.

On est amenés à traiter des situations d'urgence, mais on peut aussi aider des victimes de violence passées, comme des agressions sexuelles remontant à l'enfance, avec des accompagnements de reconstruction psychologique et sociale. (..) on constate une augmentation d'activité depuis 2021 et une accélération entre 2022 et 2023, 50% de cas supplémentaires, mais sans doute également en raison d'un meilleur dépistage de la violence et une libération progressive de la parole.

Docteur Mélanie Aime, Médecin et coordinatrice de la Maison des Femmes d'Orléans

Au sein du Centre Hospitalier Universitaire d'Orléans existe aussi une unité dédiée aux enfants victimes des violences intrafamiliales.

L’unité pédiatrique Enfance en Danger a été créée il y a plus d'une dizaine d'années, d'abord avec une salle d’auditions filmées où policiers et gendarmes recueillent les témoignages des enfants, puis en y ajoutant un matériel d’enregistrement relié par visioconférence à La Brigade de Protection Familiale de l'Hôtel de Police d’Orléans. Ces enfants y arrivent accompagnés par un membre de la famille, sur ordonnance d'un médecin, ou encore sur réquisition judiciaire.

Les auditions par les services de police et de gendarmerie se font donc dans ce lieu situé au cœur du service pédiatrie et en collaboration avec différents professionnels de santé. La cheffe du service est le docteur Barbara Tisseron.

Elle aussi constate une hausse des accompagnements pour faits de violence, plus de 1100 enfants et adolescents ont été entendus dans son service en 2023.

Depuis quelques semaines on voit des violences extrêmement graves de touts petits et ça c'est nouveau. Parfois on voit plus de violences sexuelles, parfois plus de violences physiques, là ce sont des violences extrêmement graves, touchant de très jeunes enfants, comme je n'avais encore jamais vu de toute ma carrière.

Docteur Brabara Tisseron, Médecin cheffe de l'UAPED du CHU d'Orléans

Après le traitement de l'urgence dans ces différentes structures et pour entamer un suivi efficace et pérenne, des hébergements temporaires ou de long terme sont également disponibles.

Dans le Loiret, pour faire face à la hausse constante des violences conjugales, le parc d’hébergement d’urgence a été porté de 20 à 63 places en quelques années (dont 12 nouvelles places en 2022 et 9 en 2023). 

Et pour reconstruire la vie de ces familles, 59 places sont mobilisées par l’État auprès des bailleurs sociaux, lorsque l'éloignement définitif avec le conjoint violent est décidé. Mais pour éradiquer ces faits-divers récurrents, les préfectures comptent sur un accroissement des efforts de prévention.

En 2023, 12 000 jeunes ont été sensibilisés aux violences intrafamiliales dans les établissements du Loiret. Et ces dernières semaines, la Préfète du Loiret et de la région Centre-val de Loire a chargé la police et la gendarmerie de concevoir un nouveau plan d'action dans les écoles primaires; il sera proposé au rectorat de l'Académie Orléans-Tours à la rentrée prochaine.

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