"Il y a risque de dépôt de bilan, si rien n'est fait" : grosse colère et fermeture de 4 jours dans les laboratoires d'analyses médicales

Il faudra faire sans les laboratoires d'analyses médicales, du 20 au 23 septembre prochains. Les biologistes se mettent en grève pendant quatre jours. En cause : une baisse imposée par l'Assurance Maladie, sur les tarifs des actes d'examen. Ils craignent pour leur avenir.

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Portes closes pour les laboratoires de biologie médicale, du vendredi 20 au lundi 23 septembre inclus. Les médecins et biologistes protestent contre l'abaissement de leurs tarifs que leur impose l'Assurance Maladie. Ces professionnels de la santé invoquent des risques très forts sur leurs activités. Une action qu'ils qualifient d'inédite, pour ce qui est de sa durée.

En région Centre-Val-de-Loire, certains de ces praticiens ont déjà annoncé qu'ils vont participer à ce mouvement de grève. Une question de survie, selon eux. Nous avons recueilli leurs témoignages. 

Le risque de mettre la clé sous la porte

Géraldine Jacob exerce à son compte, depuis 15 ans. La vice-présidente du Syndicat des biologistes (SDBIO) s’est installée en libéral : elle a un laboratoire privé de biologie médicale. Sa colère est de plus en plus forte, ces dernières semaines.  

Nos exigences, c’est d’être payés, et de ne pas devoir payer pour travailler. On nous présente l’addition de l’augmentation du volume d’activité. Si nous dépassons l’enveloppe définie pour l’Assurance Maladie, nous devons rembourser l’année suivante sous forme d’une baisse de tarifs. Le dialogue est rompu.

Géraldine Jacob, vice-présidente du Syndicat des biologistes (SDBIO)

Cette baisse imposée des tarifs des actes d’examen l’inquiète. La biologiste ne travaille que sur prescription des médecins. Or, des parties de la région Centre-Val-de-Loire sont classées comme "déserts médicaux" : "Dans les zones touchées par les déserts médicaux, il y a peu de prescriptions. Dans les autres régions à forte attractivité médicale, comme la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, au contraire, il y a beaucoup de prescriptions d’analyses biologiques. On pâtit des tarifs qui sont baissés. On ne va pas pouvoir compenser la baisse des tarifs, par une augmentation d’activité dans ces zones."

Elle estime qu’il y a un danger immédiat, dans son secteur. "On s’est adaptés à cette diminution progressive, mais là, nous prenons 10% de baisse des tarifs d’un coup. Les laboratoires ne peuvent pas tolérer des déficits, comme les hôpitaux ou les cliniques. Ce n’est pas possible d’avoir 10% de déficit, pour une entreprise privée. Ceux qui vont être touchés d’abord, ce sont les laboratoires indépendants. Dans le groupement des biologistes indépendants, 50% des laboratoires sont tout juste à l’équilibre. Si rien n’est fait, il y a risque de dépôt de bilan."

Face à ce qu’elle considère comme injuste, elle va se mobiliser. "Nous sommes meurtris, car c’est la première fois qu’on en arrive à ces trois jours de fermeture. C’est pénalisant. Une journée de fermeture n’impacte pas grand monde, et n’a pas de grand retentissement", s’indigne la biologiste.

Un contrat vieux de presque 10 ans

François Blanchecotte compte aussi se faire entendre. À la tête de son laboratoire Laborizon à Joué-les-Tours (Indre-et-Loire), il est en même temps président du Syndicat des Biologistes (SDBIO). "On dit que l’hôpital peut tout faire, qu’il se débrouille donc. Pendant ces quatre jours, ce sont près de 1,2 million de patients qui seront renvoyés vers l’hôpital public. Il n’est pas question de prendre les patients en otage, car tous les relais médicaux ont été prévenus suffisamment à l’avance de notre action. Il faut marquer très fortement la possibilité d’unir tous les laboratoires", se justifie-t-il.

Tout comme sa collègue, il a une revendication : "Il faut rediscuter des conditions de l’accord signé avec le directeur général de la Caisse nationale d’Assurance Maladie, en juillet 2023. On se retrouve à redonner énormément d’argent à l’Assurance Maladie, c’est-à-dire 360 millions d’euros. Depuis 10 ans, le vieillissement de la population s’accélère, et il y a plus de maladies chroniques. Tout cela entraîne 2,5% d’augmentation de prescriptions par an. Ce volume augmente plutôt de 6%, mais on ne nous accorde que 0,4% de hausse du chiffre d’affaires, soit une journée de soins."

Il n’est pas au bout de ses surprises : c'est inconcevable, d'après lui. "Il faut savoir que les comptes de l’Assurance Maladie sont certifiés en différé. En juin 2024, nous avions été surpris de découvrir que nous devions pour décembre 2022, plus de 30 millions d’euros à l’Assurance Maladie. Si nous avions connu ces chiffres, nous n’aurions pas signé cet accord. Cela revient à donner toutes les sommes que l’on perçoit pour les examens supplémentaires. Mais il existe pourtant des charges supplémentaires sur ces examens", déplore le médecin biologiste.

Du côté des autorités de santé, nous avons demandé la réaction de l'Agence régionale de Santé. Pour l'heure, elle n'a pas répondu à nos demandes. S’ils ne sont pas satisfaits, les biologistes mobilisés comptent aller plus loin. Ils n’excluent pas de bloquer les commissions dans lesquelles ces praticiens siègent, ou encore de ne pas transmettre les données de certains examens, comme le Covid. 

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