Trois ans après les inondations de 2016 qui ont touché le Loir-et-Cher, l'Indre-et-Loire et le Loiret, l'ADASI 45, qui assiste les sinistrés de plusieurs départements dans leur démarches, note que 7% des 28 000 dossiers ouverts n'ont toujours pas abouti.
La pluie tombe sur le Loiret en ce mois de juin qui fait penser à janvier. Il y a trois ans, des précipitations bien plus intenses avaient causé des inondations dans toute la vallée de la Loire. Trois ans après le sinistre, la plupart des victimes ont été remboursées au moins partiellement, mais d'autres peinent à reprendre une activité normale.
La lutte pour reprendre une vie normale
"Sur 28 000 dossiers déposés, il en reste 7% qui ne sont pas clôturés", diagnostique Alexandre Thibaudeau, président-adjoint de l'association d'assistance aux sinistrés du Loiret (ADASI 45). Fondée au lendemain des inondations, l'association a également vu passer les dossiers de plusieurs départements avoisinnant et possède une vue d'ensemble de l'état des remboursements.Dans l'urgence du sinistre, 80% des frais, couvrant notamment la "mise en conformité" et le rachat de produits de première nécessités, ont rapidement été pris en charge. Problème : lorsque l'état de catastrophe naturelle est déclaré, c'est l'État qui offre de dédommager les sinistrés, faisant sauter du même coup certaines garanties des contrats d'assurance individuels, notamment au niveau du relogement. A ce moment, l'État laisse au bon vouloir des assureurs la prise en charge de ces sommes.
"Au dernier moment, on nous a dit non"
Et dans la plupart des cas, les assurés ont pu s'en sortir et signer l'acceptation des conditions de leur remboursement. Mais trois ans plus tard, certains foyers sinistrés restent en conflit avec leurs assureurs. Premier écueil : après l'inondation, les fondations de certaines maisons ont été fragilisées par la sécheresse, dont le caractère de catastrophe naturelle n'est pas reconu automatiquement.Par ailleurs, "certains assureurs pinaillent pour ne pas avoir à rembourser", accuse Alexandre Thibaudeau. "On nous avait assuré qu'on serait pris en charge, et au dernier moment, on nous dit non." Les conflits s'étirent au sujet du moindre détail, par exemple un meuble possédé depuis un an et qui devient tout à coup "vétuste".
Et pour ceux dont le remboursement a été versé, tout n'est pas rose non plus. Aux Presses montrichardaises, dans le Loir-et-Cher, Sidonie Potin a été sinistrée par les inondations. "On a eu le remboursement des frais immobiliers, mais mon entreprise a quand même subi une perte d'exploitation, et je me retrouve depuis 2016 avec une machine inutilisable, dont les pièces sont difficiles à trouver", déclare la cheffe d'entreprise. Dans ces conditions, les derniers sinistrés de 2016 ont encore quelques coups de rame à donner avant d'être sortis d'affaire.