Le 26 février le gouvernement a publié un décret mettant fin à l’utilisation de termes liés à la viande pour des produits végétaux. Le numéro 1 de la filière de la viande végétale vient de déposer un référé auprès du Conseil d’Etat pour suspendre cette décision.
Un mois après, la colère est toujours présente chez la première marque indépendante française de viande végétale. Happyvore, dont la première usine est située à Chevilly (Loiret), a décidé de contre-attaquer.
Le 26 février dernier, en pleine colère agricole, le gouvernement a publié un décret demandé de longue date par les professionnels de la filière de la viande. Selon eux, les termes comme jambon végétal, steak végan, ou saucisse végétale, créer la confusion chez les consommateurs. Le texte prévoit une entrée en vigueur au mois de mai.
Les producteurs français désavantagés
Si l’interdiction d’utiliser une appellation viande est un problème pour les premiers concernés, la colère des acteurs du secteur végétal comme Happyvore se situe ailleurs.
Selon le décret, l’interdiction ne peut s’appliquer qu’aux produits fabriqués en France. Contacté, Guillaume Dubois, cofondateur d’Happyvore, évoque une décision ubuesque et une distorsion de marché.
Nos concurrents étrangers, comme Nestlé, qui produit en République Tchèque, pourra utiliser ces appellations. Si vous faites, vos courses en ligne dans les grandes enseignes, et que vous tapez "steak végétal", vous ne verrez que des produits étrangers ! C’est contre l’agriculture française.
Guillaume Dubois, cofondateur de Happyvore
Si le décret est appliqué au premier mai, comme prévu, les entreprises françaises devraient détruire et changer tous les emballages et ne plus évoquer ces mots dans leur campagne de communication. Selon Guillaume Dubois, ce changement coûterait plus d’un million d’euros à sa société entre d’impact sur le chiffre d’affaires et les coûts de modification.
Cette interdiction d’usage concerne aussi les restaurateurs. Dans les restaurants végans et végétariens, depuis longtemps, la carte proposée aux clients évoque des "nuggets de blé" ou un "steak de quinoa". À Tours (Indre-et-Loire), le restaurant végétarien "Tahina" accueille ce décret avec pragmatisme.
C’est regrettable pour notre filière française, que l’on privilégie. Mais on va s’adapter. Je trouverais d’autres appellations similaires. Nos clients savent parfaitement ce qu’il y a dans l’assiette, il n’y a pas de confusion.
Nathalie Suquet, gérante du restaurant Tahina
Le nouveau texte prévoit des amendes maximales de 1500 euros pour une personne physique et de 7500 euros pour une entreprise qui continuerait d’utiliser des termes réservés à la viande animale pour désigner des produits végétaux.
En juin 2022, le Conseil d’État a déjà suspendu un premier décret comparable à celui du 26 février 2024. Est-ce que la décision du Conseil d’Etat sera similaire ? Réponse dans les prochains jours.