En désaccord sur les modes de livraison de ses produits, la parapharmacie en ligne Pharmazon a assigné Google en justice. Le tribunal de commerce d'Orléans rendra sa décision le 21 novembre.
On présente souvent cette affaire comme David contre Goliath. La petite entreprise locale orléanaise contre le géant de l’internet américain. Les deux parties ont pu s’exprimer ce jeudi (07 novembre) devant le tribunal de commerce d’Orléans (Loiret), après que Pharmazon a assigné Google en référé. La grossiste de parapharmacie reproche au moteur de recherche de mettre à mal son activité de vente en ligne auprès du grand public.
La PME, qui emploie 22 salariés, proposait depuis 2021 à ses clients de récupérer gratuitement leurs produits en pharmacie dès le premier euro de commande, via la plateforme Google Shopping. Mais le site a été épinglé en août par Google pour ses pratiques en matière de livraison, qui a exigé auprès des vendeurs que la mention "livraison gratuite" disparaisse. L’entreprise américaine tient compte uniquement de deux modes de livraison, payants, sous le seuil de 29 euros en relais colis, et 49 euros pour les livraisons à domicile.
27 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023
En réponse à cette règle, la directrice de Pharmazon, Audrey Lecoq dit avoir réussi à obtenir un compromis en septembre, qui devait lui permettre de respecter les règles imposées par Google, tout en conservant le retrait en pharmacie dès le premier euro. Un acquis essentiel, dit-elle, pour la survie de son site de vente en ligne, Google générant près de 50% de son trafic. Sur le principe, cet accord entre les deux parties prévoirait que Pharmazon puisse afficher sur Google Shopping la mention "retrait en magasin", complétée par l'indication "livraison gratuite à partir de 29 euros" d'achat, pour un retrait en relais colis ou un envoi à domicile. Un accord non respecté d'après la parapharmacie, qui a donc décidé de saisir la justice et d'assigner Google en référé.
Si la situation perdure, je risque de devoir fermer le site qui fait vivre la moitié de mes salariés et représente 10% de mon chiffre d'affaires.
Audrey Lecoq, fondatrice de Pharmazon
Devant le tribunal jeudi, les conseils de Google ont démenti avoir passé tout accord : "Pharmazon ne demande pas tant l'application forcée d'un accord, mais la modification des règles des services Google auxquels elle a souscrit", ont-ils expliqué.
Un point rejeté par Maître Eric Grassin, l’avocat de la PME, qui a demandé, échange de mails à l'appui, au géant de l'internet d'"appliquer ce que vous avez vous-même écrit". "Je ne vois pas comment on peut interdire un retrait gratuit en magasin", a-t-il réagi à la sortie du tribunal. La décision sera rendue le 21 novembre.